La réaction des autorités congolaises face à la chute de Bukavu et à la crise persistante à l’Est de la République démocratique du Congo en est une illustration tragique : oscillant entre déclarations enflammées et gesticulations sans portée réelle, elles se contentent d’observer l’effondrement comme de simples spectateurs d’un drame dont elles devraient pourtant être les premiers acteurs.

Ce gouvernement, prompt à l’indignation de façade, confond action et réaction, prenant des décisions impulsives dictées par la pression du moment plutôt que par une analyse froide et stratégique des enjeux. En se réfugiant dans une rhétorique martiale, sans jamais poser les bases d’une riposte structurée, il s’enferme dans une posture où le verbe remplace l’acte, où les discours enflammés tiennent lieu de politique, et où l’absence d’anticipation condamne le pays à subir les événements plutôt qu’à les maîtriser.

Là où l’on attendrait une réponse coordonnée, méthodique et implacable, on ne trouve qu’un enchaînement d’initiatives précipitées, de décisions réversibles et d’alliances aussi volatiles qu’incohérentes.

A force de gouverner dans l’urgence et sous le coup de l’émotion, ce pouvoir se heurte à sa propre inconséquence, incapable de tracer une ligne directrice susceptible d’arracher l’Est du pays au chaos dans lequel il s’enfonce inexorablement.

Ainsi, la RDC se retrouve prise au piège d’un pouvoir qui privilégie la mise en scène à la gouvernance, le fracas des déclarations à la fermeté des actes. Ce théâtre de l’improvisation, où l’émotion supplante la raison, n’est pas seulement le symptôme d’une faiblesse institutionnelle : il est l’expression d’un État qui, faute d’une vision politique à long terme, se condamne à errer sans fin sur le fil du désastre.

Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC.