Un chiffre vertigineux, qui prend des allures d’insulte silencieuse lorsqu’on le confronte à la réalité quotidienne d’un peuple privé de l’essentiel : des territoires entiers sans eau potable, des villages plongés dans une obscurité permanente faute d’électricité, des hameaux dépourvus de centres de santé, et des mères accouchant encore à la lueur vacillante des lampes à pétrole.
L’opération, présentée comme un coup de communication internationale, traduit en vérité une inquiétante absence de réflexion stratégique. Elle révèle un pouvoir obsédé par l’image, prisonnier du paraître, et prompt à mettre la charrue avant les bœufs.
Car promouvoir la République démocratique du Congo à l’étranger suppose d’abord de lui donner, chez elle, les fondements de la dignité. On ne vante pas le cœur de l’Afrique lorsque ce cœur saigne de l’intérieur, étouffé par la pauvreté, la corruption et la défaillance structurelle de l’État.
Cette dépense pharaonique, qui aurait pu irriguer mille projets de développement local, s’apparente moins à un investissement qu’à une fuite en avant. Elle illustre un suivisme communicationnel qui confond la projection d’une image avec la construction d’un avenir.
Qu’entend-on promouvoir, au juste ? La beauté des affiches ou la laideur des réalités ? Les immondices de Kinshasa, les routes en ruine, les écoles sans bancs, les hôpitaux sans médicaments ? La pauvreté, elle, n’a pas besoin d’agence publicitaire : elle s’exhibe déjà chaque jour, sur le visage de millions de Congolais oubliés.
Le véritable rayonnement d’un pays ne s’achète pas : il se mérite. Il naît de l’exemplarité de ses dirigeants, de la solidité de ses institutions, de la décence dans la gestion de ses deniers publics. A Barcelone, on a voulu peindre un mirage, une façade brillante sur un édifice fissuré. Mais aucun écran ne saurait masquer la réalité d’une nation dont les priorités sont inversées et les ambitions mal orientées.
Ainsi, pendant que les dirigeants célèbrent une campagne d’image, les citoyens continuent de mendier ce qui devrait être un droit : l’eau, la lumière, la santé, la dignité. La RDCongo, cœur de l’Afrique ? Oui, peut-être. Mais un cœur épuisé, que l’on expose au monde alors même qu’il bat dans la misère.














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