Urgent

Le sursaut républicain encore possible

Redigé par Tite Gatabazi
Le 1er novembre 2025 à 07:00

Face aux épreuves que traverse la République démocratique du Congo, il n’est pas trop tard pour espérer, ni trop tard pour reconstruire. Car il demeure, malgré les blessures et les trahisons, un chemin de réconciliation et de renaissance : celui qui passe par la justice pour tous et l’ordre républicain sinon la bonne gouvernance.

Ces deux principes ne sont pas des slogans ; ils sont les fondations mêmes d’un État digne de ce nom, d’une communauté nationale qui refuse de se résigner à la fatalité de la division et de la méfiance.

Encore faut-il, pour emprunter cette voie, que toutes les forces vives, politiques, sociales et humanistes, acceptent de se parler, de se reconnaître et de s’unir autour de ce socle commun qu’est la République. Car le vivre-ensemble, en RDC, n’est pas un acquis, mais une conquête toujours à recommencer. Il faut, plus que jamais, protéger ce bien suprême, cette idée fragile mais essentielle d’une nation plurielle, solidaire et apaisée.

C’est précisément au nom de cette exigence que le Mouvement du 23 mars, l’AFC/M23, a pris les armes, non par goût du conflit, mais pour crier une douleur trop longtemps ignorée : celle d’une exclusion systémique du cadre citoyen, d’un bannissement de fait de la communauté nationale.

Dans cette lutte, qu’on le veuille ou non, se lit le désespoir d’une frange du peuple congolais, refusant d’être condamnée à la marginalisation politique et sociale.

L’accord de Doha aurait pu marquer un tournant, l’aube d’une paix fondée sur la reconnaissance mutuelle et la sincérité des engagements. Hélas, le pouvoir de Kinshasa, prisonnier de sa duplicité et de ses calculs de survie, a choisi la voie de la mauvaise foi.

En foulant aux pieds les principes qu’il prétend défendre, il a offert au monde le spectacle d’un État qui trahit sa parole et méprise ses partenaires.

Aujourd’hui, la communauté internationale n’est plus dupe. Les chancelleries qui ont cru à la bonne volonté de Kinshasa constatent, stupéfaites, l’isolement croissant d’un régime dont les incantations diplomatiques ne convainquent plus personne.

Le verbe présidentiel s’est vidé de sa substance ; la paix qu’il proclame n’est plus qu’un écho creux, étouffé par le vacarme des armes et des promesses non tenues.

Mais il n’est pas trop tard à condition de rompre avec la duplicité, d’admettre les torts, et de rebâtir sur la vérité. Car la justice sociale et l’ordre républicain ne sont pas des concessions : ils sont les seuls remparts contre la dislocation du pays et les seules voies capables de restaurer la dignité d’une nation fatiguée de ses mensonges.

La République démocratique du Congo n’a plus le luxe de différer l’essentiel. Le temps des faux-semblants et des rhétoriques convenues est révolu. Si la paix doit un jour cesser d’être une simple utopie, elle ne pourra naître que d’un dialogue sincère, lucide et inclusif, un dialogue qui transcende les clivages partisans et les haines héritées pour replacer l’humain, la justice et la vérité au cœur de l’action politique.

Ce dialogue, toutefois, ne saurait être un simulacre dicté par des impératifs diplomatiques ou des calculs électoraux : il doit être un acte de refondation nationale, un engagement moral entre des Congolais décidés à se regarder enfin sans hypocrisie. Il ne s’agit plus de réconcilier des factions, mais de réconcilier la nation avec elle-même.

La confiance, désormais, est la matière première de toute reconstruction possible. Sans elle, les accords resteront lettre morte, les engagements s’évanouiront dans les couloirs du pouvoir, et les plaies, loin de se refermer, s’infecteront.

Il faut restaurer la parole donnée, cette promesse qui fonde la République et qui, trahie, précipite la déliquescence morale et politique du pays.

Ainsi seulement, la RDC pourra espérer se relever : non pas sous la férule des uns, ni sous la résignation des autres, mais dans la fraternité retrouvée d’un peuple qui, enfin, choisit la vérité comme socle et la justice comme horizon.

Car la paix véritable n’est pas un don, elle est une conquête et cette conquête commence toujours par la sincérité.

Face aux épreuves que traverse la République démocratique du Congo, il n’est pas trop tard pour espérer, ni trop tard pour reconstruire

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