Par une pédagogie maîtrisée et un ton constamment empreint de calme, il parvient à rendre intelligibles les questions existentielles de la souveraineté et de la sécurité nationale.
Lors de la conférence de presse tenue hier au village Urugwiro, il n’a nullement dérogé à cette manière. En une seule phrase, il a condensé ce que nombre de gouvernants, ailleurs, semblent incapables de comprendre : « Je ne peux pas demander la paix à qui que ce soit comme une faveur… Me donner ma paix ? Ça, c’est un autre monde dans lequel je ne vis pas. »
Cette formule, d’une densité conceptuelle remarquable, résume en effet la quintessence même de la dignité étatique. Elle condense, en quelques mots d’une sobriété maîtrisée, l’architecture principielle sur laquelle repose toute souveraineté authentique : celle d’un État qui refuse de confondre protection et assistance, paix et faveur, sécurité et bienveillance octroyée par autrui.
En articulant ainsi le refus de quémander ce qui relève intrinsèquement de son propre devoir régalien, elle rappelle que la dignité d’un État se mesure à sa capacité de se tenir debout, de se défendre par ses propres moyens, et de ne jamais monnayer auprès de puissances extérieures ce qui constitue le cœur inviolable de sa souveraineté.
Par cette sentence d’une justesse implacable, c’est toute une philosophie du pouvoir, de la responsabilité et de la maturité politique qui se trouve énoncée, avec la force tranquille de ceux qui savent que la dignité nationale ne se proclame pas : elle s’incarne.
C’est là, précisément, ce que l’on nomme l’honneur d’un État : la certitude que la sécurité ne s’obtient ni en suppliant ni en quémandant, mais qu’elle se fonde sur la capacité souveraine à se protéger soi-même.
C’est cela, également, qu’on peut désigner comme l’expression d’un leadership qui croit en son propre appareil de défense, qui se sait responsable devant l’Histoire et qui refuse de déléguer à d’autres ce qui constitue le cœur de la souveraineté : la maîtrise du monopole de la violence légitime.
Et c’est encore cela que l’on devrait considérer comme le refus absolu de mendier sa sécurité, posture hélas devenue banale dans des pays qui, au lieu d’imposer le respect, s’enlisent dans l’attente plaintive de décisions extérieures.
Car, pendant que certaines nations inspirent la crainte dissuasive et le respect stratégique, d’autres se contentent, sur notre continent, de gémir, d’implorer, de multiplier les conférences de dernière minute, de saisir désespérément l’ONU pour qu’on daigne “leur accorder la paix”.
Une telle attitude, loin d’être un simple signe de faiblesse politique, constitue une véritable humiliation stratégique, une abdication qui finit par se cristalliser en culture institutionnelle. Car un État qui n’a pas confiance dans sa propre armée, dans ses propres forces morales et matérielles, révèle en réalité une défiance profonde envers sa propre Nation.
La paix, en vérité, ne se sollicite point comme une faveur concédée par quelque bienveillance extérieure ; elle ne saurait se mendier telle une aumône offerte par des mains étrangères, ni se quémander dans les antichambres des puissances qui façonnent le destin des autres sans jamais leur en garantir la maîtrise.
La paix digne de ce nom procède d’un patient labeur institutionnel, d’une volonté inébranlable de protection, d’un investissement lucide dans les instruments de défense, et d’une résolution ferme à en assumer le coût moral, politique et matériel. Elle est le fruit d’une construction constante, d’une vigilance opiniâtre et d’un courage souverain. Elle ne se reçoit pas : elle se conquiert, se préserve et s’affirme avec cette gravité qui distingue les nations maîtresses de leur destin de celles qui abdiquent leur propre avenir au seuil des puissances tutélaires.
Une nation qui attend que d’autres lui “offrent” la paix a déjà signé son propre arrêt de mort. Un État qui externalise structurellement sa sécurité s’installe dans une agonie lente, une mort institutionnelle programmée. Car pendant que certains proclament, avec fermeté : « Je revendique ma paix », d’autres continuent, dans une posture de victime impuissante, à supplier : « S’il vous plaît, cessez de nous tuer. »
La fracture est là, béante : entre les nations qui se tiennent debout, maîtresses de leur destin, et celles qui s’érigent en nations suppliante, livrées aux larmes, aux appels à l’aide, aux défaillances répétées.
C’est dans cette différence fondamentale que se joue, silencieusement mais inexorablement, le destin des peuples.














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