Le Président Kagame évoque l’état de la gouvernance en Afrique

Redigé par IGIHE
Le 27 novembre 2025 à 11:34

Le Président Paul Kagame s’est exprimé jeudi 27 novembre 2025, lors d’une table ronde avec la presse, au sujet de la gouvernance en Afrique, dans un contexte marqué par une nouvelle série de coups d’État, notamment en Guinée-Bissau et à Madagascar.

Il a indiqué que ces événements ne sont pas des incidents isolés, mais le symptôme de problèmes beaucoup plus profonds au sein des systèmes de gouvernance du continent.

En Guinée-Bissau, l’armée a renversé le pouvoir le 26 novembre 2025, à la veille de l’annonce des résultats d’une élection présidentielle fortement contestée. Les militaires ont arrêté le président en exercice et annoncé la formation d’un gouvernement de transition d’un an, dirigé par Horta Inta-A Na Man.

Ce coup d’État a plongé le pays dans l’incertitude, soulevant des questions sur les véritables motivations des officiers impliqués.

Interrogé à ce sujet, Kagame a raconté sa première réaction :

« Quand j’en ai entendu parler pour la première fois, j’ai pensé que quelqu’un était en train d’organiser un coup d’État contre lui-même », a-t-il lancé, évoquant la confusion initiale entourant l’événement.

À Madagascar, un coup d’État est survenu en octobre 2025, après plusieurs semaines de manifestations menées par des jeunes, exaspérés par les pénuries d’eau et d’électricité, l’augmentation du coût de la vie et une corruption endémique.

Le mouvement a pris un tournant décisif lorsqu’une unité militaire d’élite, refusant de réprimer les protestations, a renversé le président Andry Rajoelina. L’armée a ensuite dissous plusieurs institutions clés et annoncé la formation d’un gouvernement de transition.

Pour le Président Kagame, ces événements illustrent un schéma déjà observé ailleurs : « Lorsqu’il y a un coup d’État, peut-être dans 90 % des cas, cela signifie qu’il y avait déjà un problème ».

Par ailleurs, le Président a affirmé qu’il existe néanmoins « de bons coups d’État et de mauvais coups d’État ».

Un mauvais coup, a-t-il expliqué, est celui mené par un individu « qui s’est laissé emporter, devenu irresponsable, et qui pense que, parce qu’il a une arme, il peut s’emparer du pouvoir ».

À l’inverse, il reconnaît une certaine légitimité à des soulèvements menés par des citoyens ou des militaires décidés à mettre fin à un système injuste :

« Si un groupe de personnes dit : assez, ces dirigeants nous mentent, s’enrichissent, nous trompent… et qu’ils décident d’agir, alors là, je suis d’accord. Je sais que cela sera mal compris, mais je suis prêt à prendre le risque », affirme-t-il.

Le Président Kagame a également dénoncé l’attitude de certaines puissances étrangères, qui, selon lui, fabriquent parfois des récits artificiels autour de dirigeants africains présentés comme “stables”, les coups d’État qui surviennent ensuite venant révéler la réalité :

« Ces coups arrivent seulement pour dire à ces gens : vous avez raconté des mensonges », a-t-il déclaré.

Le Président a reconnu l’ampleur du mécontentement chez les jeunes Africains, face à l’absence d’opportunités, aux injustices sociales et à la corruption. Toutefois, il a appelé à la responsabilité, autant de la part des jeunes que des dirigeants.

« C’est notre responsabilité d’agir pour qu’ils n’aient pas besoin de faire cela », a-t-il insisté.

Pour lui, l’inclusion des jeunes, l’ouverture au dialogue et la transparence de la part des dirigeants sont essentielles pour prévenir les soulèvements violents.

Il a en outre souligné la nécessité pour les nouveaux dirigeants, issus de coups d’État ou non, d’apporter un véritable changement :

« Si vous arrivez au pouvoir et faites exactement ce pour quoi vous avez renversé les autres, ou pire, alors pourquoi avoir fait un coup d’État ? », une situation qui, selon lui, pourrait même justifier un nouveau soulèvement.

Le Président Kagame s’est exprimé au sujet de la gouvernance en Afrique, dans un contexte marqué par une nouvelle série de coups d’État
Le Président Kagame s’exprimait ce jeudi 27 novembre 2025, lors d’une table ronde avec la presse

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