Les progrès substantiels enregistrés en matière de sécurité ont permis à cette cité jadis meurtrie de s’ériger, contre toute attente, en l’un des espaces urbains les plus sûrs de la République démocratique du Congo. Ce renversement de tendance, remarquable à plus d’un titre, témoigne d’un apaisement local qui tranche fortement avec les années d’instabilité et d’insécurité.
Pour autant, il serait gravement illusoire et politiquement périlleux de laisser croire que cette embellie équivaut à une normalisation générale de la situation nationale.
A Goma, nul observateur de bonne foi ne saurait identifier aujourd’hui la moindre crise humanitaire susceptible de requérir une mobilisation internationale d’envergure. La ville, longtemps affligée par les convulsions armées, connaît désormais une forme de répit qui, bien que fragile, s’impose comme une accalmie notable dans un paysage sécuritaire souvent tourmenté.
Cette normalisation locale, incontestable dans son expression visible, témoigne d’un apaisement circonstanciel qui mérite d’être relevé, sans pour autant être érigé en paradigme national.
Car cette absence ponctuelle de détresse ne saurait, en aucun cas, occulter les tragédies simultanées qui se jouent dans d’autres régions du pays, dans une quasi-indifférence des chancelleries étrangères et à l’ombre d’un récit officiel soigneusement façonné depuis Kinshasa.
Sous le vernis d’une narration politique autosatisfaite, persistent des drames d’une ampleur alarmante, que l’on relègue aux marges pour ne pas contredire l’illusion d’une maîtrise nationale retrouvée. Ce décalage abyssal entre le discours central et la réalité périphérique révèle l’inquiétante propension du pouvoir à substituer le récit à l’action, et la façade à l’urgence humaine.
En Ituri, les populations Hema continuent de subir, avec une constance tragique, des violences endémiques qui s’inscrivent dans des cycles répétitifs de massacres et de représailles, dont la mécanique infernale échappe à tout contrôle durable.
Ces communautés, prises au piège d’un engrenage meurtrier, voient leur existence quotidienne marquée par la peur et l’incertitude, tandis que l’État, en dépit de ses responsabilités constitutionnelles et de l’étendue de ses prérogatives, se révèle impuissant, ou du moins dramatiquement inapte, à interrompre ces flux de violences.
Cette incapacité structurelle à protéger ses citoyens met en lumière l’ampleur du dysfonctionnement institutionnel et la fragilité d’un appareil sécuritaire qui, loin d’assurer la stabilité et la sécurité, semble parfois cantonné à une posture spectatrice face à la détresse endémique de ses populations.
A Minembwe, les Banyamulenge subissent un blocus d’une cruauté inqualifiable, imposé par certains éléments de l’armée burundaise : un dispositif coercitif si rigoureux qu’il s’apparente, dans sa logique comme dans ses effets, à une forme contemporaine de camp de concentration à ciel ouvert.
Quant aux habitants d’Uvira ou de Kinshasa, ils continuent d’être la cible de forces négatives et de bandes armées qui, jour après jour, endeuillent la nation dans un silence institutionnel aussi incompréhensible qu’inacceptable.
Ainsi, derrière l’image pacifiée que l’on s’efforce de projeter depuis Kinshasa, se profile une diversion politique destinée à détourner l’attention de l’opinion publique et de la communauté internationale des foyers véritables de détresse humanitaire et sécuritaire.
L’embellie observée à Goma, bien réelle, ne saurait faire oublier que d’autres régions vivent, elles, dans une angoisse permanente, livrées à des violences systématiques et souvent invisibilisées.
La responsabilité du pouvoir central est ici pleinement engagée : une nation ne se gouverne pas en célébrant une enclave stabilisée tout en se refusant à affronter les tragédies qui maculent ses marges.
La lucidité impose de reconnaître que les priorités sécuritaires du Congo demeurent ailleurs que dans le récit rassurant que l’on tente de fabriquer. Derrière la façade, les drames persistent et les populations abandonnées attendent, toujours, que cesse la diversion.














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