Les Rwandais qui ont sauvé le Rwanda

Redigé par Tom Ndahiro
Le 29 décembre 2025 à 07:20

Il existe des crimes si énormes qu’ils semblent défier toute falsification. Le génocide contre les Tutsi devrait en faire partie. Et pourtant, la calamité rwandaise, l’un des cas les plus clairs d’extermination planifiée à la fin du XXᵉ siècle, a été l’objet d’une campagne incessante de sabotage historique.

Il ne s’agit pas d’inadvertance ou de simple perception erronée. C’est le doute élevé au rang de doctrine : la détermination calculée à renverser la vérité, à criminaliser ceux qui ont arrêté le crime des crimes, et à blanchir la réputation de ceux qui l’ont facilité.

Cet article d’opinion est un appel à l’honnêteté intellectuelle. Il est écrit contre l’audace croissante de ceux qui réécrivent l’histoire avec la froideur que la distance, le déni et l’indifférence occidentale semblent protéger. Le Rwanda mérite mieux. Les victimes méritent mieux que de disparaître dans des récits vides de sens. De même, nous devons accepter que les vivants doivent aux morts la vérité, et rien de moins.

Un dictionnaire comme arme

La dénégation consistant à altérer l’histoire du Rwanda a atteint un niveau presque onirique en septembre 1994, lorsque le dictionnaire Le Petit Robert publia un résumé de l’histoire rwandaise qui ressemblait à un guide de transposition.

Selon ce texte, dans un dictionnaire respecté du monde francophone, en 1973, lorsque le président Juvénal Habyarimana renversa le président Grégoire Kayibanda, il aurait poursuivi une réconciliation avec les Tutsi, pour être ensuite opposé par des éléments de sa propre armée. En 1990, le dictionnaire affirmait que les réfugiés tutsi avaient « envahi » le Rwanda sous la forme du FPR, forçant des négociations. Puis vint la distorsion la plus obscène de toutes : l’affirmation qu’en avril 1994, le FPR assassina Habyarimana et lança une offensive « marquée par des massacres », provoquant la fuite de millions de personnes vers une « zone de sécurité » établie par la France dans le cadre de l’Opération Turquoise.

Quel fraude historique plutôt qu’une simple erreur. Dans ce récit des événements, ceux qui avaient planifié et exécuté le génocide contre les Tutsi au Rwanda disparaissaient dans l’abstraction. Les victimes se fondaient dans une masse indéterminée de réfugiés. Les coupables étaient rebaptisés « gouvernement en quête de réconciliation ». Et la France, longtemps associée au soutien du système génocidaire, était présentée comme le sauveur.

Le nouveau gouvernement du FPR au Rwanda porta plainte contre le dictionnaire Le Petit Robert et gagna. L’ouvrage fut contraint de réécrire son article. Cette victoire judiciaire comptait, mais révéla aussi, dans une certaine mesure, quelque chose de beaucoup plus troublant : la facilité avec laquelle des institutions occidentales faisant autorité pouvaient traiter le déni comme quelque chose de normal, quand des vies africaines étaient en jeu.

Le niveau de cynisme ici est difficile à mesurer. Lorsque ceux qui ont arrêté le génocide perpétré contre les Tutsi sont accusés de l’avoir commis, la vérité elle-même devient la première victime.

L’Opération Turquoise comme mission

Peu d’épisodes illustrent mieux les contorsions morales liées au négationnisme de ce génocide que les louanges adressées à l’Opération Turquoise. Imaginez que l’Opération Turquoise soit présentée comme un salut. Salut ? Allons donc ! Salut pour qui ?

Présentée comme une intervention humanitaire, elle a souvent été créditée d’avoir « sauvé » le Rwanda. La réalité est non seulement moins réconfortante  ; elle est profondément absurde.

L’Opération Turquoise, lancée à la fin du mois de juin 1994, alors que l’extermination des Tutsi était à son apogée, a en réalité créé un corridor d’évasion pour les génocidaires

L’Opération Turquoise a été lancée à la fin du mois de juin 1994, alors que l’extermination des Tutsi était déjà pleinement en cours, et sa conception géographique était loin d’être neutre, puisqu’elle visait à établir une prétendue “zone humanitaire sûre”.

La clarté est primordiale. Dans le sud-ouest du Rwanda, l’opération a en réalité créé un corridor d’évasion pour les mêmes forces qui avaient planifié, organisé et exécuté le génocide contre les Tutsi. Dirigeants politiques, officiers militaires, commandants des Interahamwe et propagandistes ont franchi la frontière vers le Zaïre sous les yeux d’une force internationale qui ne les a ni désarmés ni arrêtés. Ils n’étaient pas de simples réfugiés confus. Ils étaient les auteurs du génocide en retraite, intacts.

Qualifier cela de salut revient à se demander  : salut pour qui  ? Pour les traqués ou pour les chasseurs  ? Dès ses débuts, l’Opération Turquoise n’avait pas pour but de démanteler les barrages où l’on massacrait les gens. Elle n’avait pas pour objectif de neutraliser la Radio Télévision Libre des Mille Collines, qui continuait d’inciter au meurtre.

L’opération, certainement, n’a arrêté aucun membre du gouvernement intérimaire qui dirigeait le génocide contre les Tutsi. Ce qu’elle a accompli, de manière objective et vérifiable, a été la préservation de la structure de commandement génocidaire, lui permettant de se regrouper en exil, de déstabiliser la région pendant des décennies et de prolonger la souffrance de millions de personnes dans la région des Grands Lacs africains.

Cela était prévisible et non le simple reflet d’un hasard. Les autorités françaises sont venues au Rwanda en 1994 en sachant parfaitement à qui elles avaient affaire. La France avait formé l’armée et la milice Interahamwe, armé et renforcé politiquement le même régime dont les milices procédaient désormais à l’extermination des Tutsi. Présenter plus tard ce déploiement militaire comme purement humanitaire, tout en ignorant ses conséquences stratégiques, n’est pas de la bienveillance, mais un blanchiment narratif.

L’indécence ultime ne réside pas seulement dans le fait que l’Opération Turquoise n’ait pas arrêté le génocide commis contre les Tutsi. Elle réside dans le fait que, dans le récit occidental dominant, on lui attribue parfois ce mérite, tandis que le FPR, qui a réellement vaincu l’armée génocidaire, est diffamé. Dans cet univers moral inversé, ceux qui ont protégé les auteurs sont loués, tandis que ceux qui ont arrêté ce génocide sont traînés devant les tribunaux. Le dictionnaire Petit Robert a contribué à cette dissimulation. C’est l’échec de la communauté internationale et la complicité de la France.

L’alerte de Dallaire et ses implications

Aucune discussion sérieuse sur le Rwanda ne peut ignorer les paroles de Roméo Dallaire, le commandant des forces de l’ONU qui a été témoin direct de l’abandon. Dans son livre Shake Hands with the Devil, le général canadien écrivait :

« Au cœur de l’histoire rwandaise se trouve encore celle de l’échec de l’humanité à répondre à l’appel à l’aide d’un peuple en danger. La communauté internationale, dont l’ONU n’est que le symbole, a échoué à aller au-delà de ses intérêts propres au bénéfice du Rwanda. Alors que la plupart des nations convenaient que quelque chose devait être fait, toutes trouvaient des excuses pour ne pas être celles qui le feraient. En conséquence, à l’ONU fut refusée la volonté politique et les moyens matériels pour prévenir la tragédie. »

Aucune analyse du Rwanda ne peut ignorer les paroles de Roméo Dallaire, témoin direct de l’abandon international en 1994

Ceci constitue un réquisitoire non seulement contre les institutions, mais contre l’imagination morale. Le Rwanda n’a pas manqué d’avertissements. Il a manqué de courage de la part de ceux qui détiennent le pouvoir.

Pourtant, même le récit de Dallaire, aussi puissant soit-il, omet un chapitre crucial : les opérations de sauvetage menées par la RPA à Kigali. Pendant que le Conseil de sécurité des Nations unies s’occupait interminablement de débats sur les mandats et les effectifs des forces, des unités de la RPA sécurisaient des lieux où des milliers de civils sauvés étaient abrités. Elles organisaient des itinéraires sûrs sous les tirs. Elles transportaient les survivants vers des zones sécurisées à Byumba.

Il ne s’agissait pas de gestes symboliques. C’étaient des opérations vitales. Ce faisant, les libérateurs du FPR ont montré ce que les Nations unies auraient pu accomplir, si la volonté politique avait été accompagnée de capacités logistiques. La différence ne résidait pas dans les ressources. Elle résidait dans la détermination.

Un jour que le monde ne devrait jamais oublier

Le 28 décembre 1993, Kigali fut le théâtre d’un moment chargé de promesses, et lourd de pressentiments. Les invités qui pénétrèrent dans la ville ce jour-là ne venaient pas de Nairobi, Londres, Paris, Madrid, Washington ou Bruxelles. Ils venaient de Mulindi, dans la préfecture de Byumba, au nord du Rwanda. Ils n’étaient pas des touristes, mais des politiciens et des cadres du Front patriotique rwandais (FPR), escortés par 600 soldats de l’Armée patriotique rwandaise (RPA), exactement comme stipulé par l’Accord de paix d’Arusha du 4 août 1993. Le trajet dura presque huit heures, avec ces invités escortés par les forces de la Mission d’assistance des Nations unies pour le Rwanda (UNAMIR).

Le 28 décembre 1993, Kigali accueillit des cadres du FPR venus de Mulindi, escortés par 600 soldats de la RPA et les forces de l’UNAMIR, conformément à l’Accord d’Arusha

De Nyacyonga jusqu’à Gatsata et Kinamba, en passant par le bâtiment du Parlement à Kimihurura, des milliers de Rwandais bordaient la route. Ils acclamaient, non pas parce qu’ils étaient naïfs, mais parce qu’ils désespéraient de voir prendre fin une politique d’exclusion qui avait déjà détruit des générations. C’était la disposition humaine de l’espoir. Les Accords d’Arusha promettaient un Gouvernement de transition à large base (BBTG) et un Parlement de transition. Il s’agissait d’un arrangement destiné à mettre fin au monopole du pouvoir, à neutraliser les factions extrémistes et à réintégrer les réfugiés exilés depuis des décennies.

Mais ce gouvernement ne vit jamais le jour. Non pas parce que le FPR l’aurait refusé. Non pas parce que le partage du pouvoir aurait été impossible. Il échoua parce que les idéologues du « Hutu Power » n’avaient jamais eu l’intention de partager le pouvoir avec quiconque, et encore moins avec des réfugiés tutsi qu’ils avaient passé des années à présenter comme des ennemis existentiels. Pour eux, Arusha n’était pas seulement un compromis  ; c’était une menace.

Le bataillon de soldats de la RPA stationné à Kigali n’était pas une force en voyage d’étude. C’était un contingent de libération et de maintien de la paix, convenu par les deux parties et logé dans le bâtiment du Conseil National de Développement (CND). Leur présence devait stabiliser la transition. Au lieu de cela, ils allaient devenir la mince ligne entre la vie et la mort pour des milliers de personnes lorsque l’État lui-même deviendrait génocidaire.

Lorsque le génocide contre les Tutsi fut déclenché en avril 1994, Kigali devint un champ de massacre. Les Forces armées rwandaises (FAR), la Garde présidentielle et la milice Interahamwe n’agissaient pas impulsivement. Elles exécutaient un plan affiné pendant des années, alimenté par la propagande haineuse et l’efficacité administrative.

Dans cet enfer, le bataillon de la RPA à Kigali fit ce que les institutions les plus puissantes du monde, comme l’ONU, refusèrent de faire : il agit. Face à des forces hostiles écrasantes, entourés par des milliers d’ennemis et coupés de tout renfort, ces soldats contenirent l’armée génocidaire dans la capitale. Du 7 avril au moins jusqu’au 11 avril 1994, ils tinrent des positions, sécurisèrent des corridors et menèrent des opérations de sauvetage qui permirent de sauver des milliers de vies.

Ce fait à lui seul dément le mensonge, répété sans cesse dans les cercles négationnistes, selon lequel l’objectif principal du FPR aurait été la conquête plutôt que le sauvetage. Si la conquête avait été l’objectif, le bataillon de la RPA aurait tenté une percée immédiate. Au lieu de cela, il privilégia la protection des civils. Il protégea ceux qui étaient traqués, qu’il s’agisse de Tutsi, de politiciens ou d’autres personnes opposées aux massacres génocidaires. Il créa des îlots de sécurité dans une ville enfoncée dans l’abandon.

Ce que ces soldats firent n’était pas un humanitarisme théorique. C’était une action concrète, pratique, disciplinée et coûteuse. Cette vérité survivra au négationnisme.

Ce sont des Rwandais qui ont sauvé le Rwanda

Le fait demeure, obstiné et inflexible : ce sont les Rwandais qui ont sauvé le Rwanda. Ni les Nations unies. Ni les puissances occidentales. Ni des gestes de dernière minute enveloppés dans un langage humanitaire.

Sous la direction du FPR, des Rwandais ont stoppé un génocide que le monde observait les bras croisés.

Sous la direction du FPR, des Rwandais ont stoppé un génocide que le monde observait les bras croisés

Ce qui a suivi, après avoir vaincu les forces génocidaires, fut tout aussi exceptionnel. Le mouvement qui mit fin au génocide contre les Tutsi forma un Gouvernement d’unité nationale. Il lutta contre l’attrait enivrant de la vengeance collective. Il reconstruisit les institutions nationales dans un pays où ces mêmes institutions avaient été transformées en armes contre les citoyens. C’était un choix délibéré.

Considérons l’analogie historique qui capture le mieux l’ampleur de cette retenue : imaginez une armée dominée par des Juifs vainquant l’Allemagne nazie, libérant les camps de la mort, puis étant accusée, par des commentateurs internationaux, d’avoir orchestré l’Holocauste. L’irrationalité de cette comparaison révèle la faillite morale des détracteurs du Rwanda.

La plupart des commandants de la RPA en 1994 étaient remarquablement jeunes. Beaucoup avaient une vingtaine d’années ou un peu plus ; rares étaient ceux qui dépassaient la trentaine. Il ne s’agissait pas de vétérans aguerris de guerres interminables. C’étaient de jeunes hommes et femmes avançant à travers villes et collines, où ils rencontraient inévitablement les corps de leurs familles et amis, tués pour le simple crime d’être Tutsi.

La tristesse et le chagrin qu’ils portaient sont impossibles à mesurer. Pourtant, la discipline prévaut. Les ordres étaient exécutés. Les civils étaient protégés. La retenue dont ces soldats firent preuve reste l’un des accomplissements moraux les moins reconnus du monde post–Guerre froide.

Il est peut-être plus facile d’inventer des mythes d’une culpabilité équivalente que de confronter la réalité : les victimes peuvent agir avec dignité, et les auteurs de crimes se cachent souvent derrière des récits de complexité pour échapper au jugement.

Refus : contre l’oubli

Cet article se termine là où le confort s’arrête. Il se termine dans le refus : le refus de laisser le génocide contre les Tutsi se dissoudre dans la confusion, l’équivalence morale ou les euphémismes diplomatiques. Il refuse le langage paresseux de la « complexité » alors que ce qui s’est produit était un projet clair, organisé par l’État, une extermination ; un projet auquel des Rwandais ont résisté et vaincu, alors que le monde les avait déjà condamnés comme perdus.

Il y a quelque chose d’extrêmement scandaleux à voir des institutions ayant échoué au Rwanda revendiquer ensuite l’autorité sur sa mémoire. La même communauté internationale qui a retiré les casques bleus, discuté de sémantique tandis que les corps remplissaient églises, rivières et bords de route, et se cachait derrière des excuses procédurales, se sent aujourd’hui habilitée à arbitrer la vérité. Nous entendons souvent des leçons sur la retenue adressées aux survivants, et à ceux qui questionnent les motivations de ceux qui ont sauvé des vies. Nous assistons également à des tentatives de réhabiliter la réputation de gouvernements qui se sont tenus du mauvais côté de l’histoire.

Ce n’est pas de la neutralité mais une continuité de l’indifférence, déguisée en impartialité. La réécriture de l’histoire du Rwanda n’est pas un exercice académique. Elle a des conséquences. Elle encourage les négationnistes. Elle légitime les idéologies génocidaires sous le couvert du dissensus. Elle enseigne aux futurs auteurs de crimes que s’ils perdent militairement mais remportent la guerre du récit, le temps adoucira leurs crimes et embrouillera leurs victimes.

Contre cela, les faits restent immuables. Le génocide contre les Tutsi a été planifié et exécuté par un État « Hutu Power » et ses milices. Les Nations unies savaient, ont été averties, et ont choisi l’inaction. La France a soutenu le régime qui préparait les massacres et a ensuite facilité sa retraite. Et le FPR, diabolisé précisément parce qu’il brisa cette chaîne d’impunité, a stoppé ce génocide et a ensuite accompli quelque chose que l’histoire enregistre rarement : refuser de gouverner par la vengeance.

Ce refus est crucial. Il l’est parce que l’armée qui a mis fin au génocide contre les Tutsi appartenait au même mouvement politique dont les membres avaient été marqués pour l’anéantissement. Il importe parce que la retenue n’était pas l’absence de douleur, mais la maîtrise de celle-ci. De jeunes commandants, avançant à travers des paysages jonchés des restes de leurs propres familles, ont choisi la discipline plutôt que la vengeance. Ils ont choisi de reconstruire un État plutôt que de se venger de sa destruction.

Ceux qui minimisent cet accomplissement en disent plus sur eux-mêmes que sur le Rwanda. Ils ne peuvent concevoir que des victimes agissent avec clarté morale, car cela exposerait la faillite de ceux qui observaient de loin. Cela imposerait un constat inconfortable : le courage existait en 1994, et il ne se trouvait pas dans les salons des pays puissants.

L’histoire ne sera pas clémente avec le cynisme. Les dictionnaires et autres livres peuvent être réécrits, les éditoriaux peuvent tourner autour du pot, et des symétries fabriquées peuvent être enseignées pendant un temps. Mais les faits demeurent. Les fosses communes demeurent. Les survivants restent debout. Et la vérité demeure : le Rwanda a été abandonné, puis sauvé, par ses propres enfants.

L’histoire n’est pas simplement un registre d’événements. C’est un compte moral. Lorsqu’elle est fabriquée, les conséquences se répercutent, sur les politiques, la mémoire et les violences futures.

Réécrire l’histoire du Rwanda, c’est enseigner au monde de mauvaises leçons. La mémoire des victimes, la souffrance profonde des survivants et la retenue de ceux qui mirent fin aux massacres méritent une place centrale dans la manière dont le Rwanda est rappelé. Pas en notes de bas de page. Pas comme des revendications contestées. Mais comme une vérité établie.

Nous devons honorer ceux, Rwandais et non-Rwandais, qui ont sincèrement aidé le gouvernement post-génocide à guérir, reconstruire et renaître de ses cendres. Mais la gratitude ne doit jamais devenir amnésie. L’assistance n’efface pas la complicité passée, et elle n’autorise personne à réécrire le passé.

C’est pourquoi la mémoire doit être défendue sans excuse, comme une obligation. Parce que lorsque le génocide contre les Tutsi est délibérément déformé, les morts sont tués une seconde fois, et les vivants sont avertis que leur souffrance est négociable.

Les Rwandais ne demandent pas au monde l’absolution. Ils exigent l’honnêteté. Et l’honnêteté exige de dire, clairement et sans peur, que lorsque l’humanité a failli, des Rwandais ont agi. Lorsque les excuses se sont multipliées, le FPR a choisi la responsabilité, et lorsque l’histoire fut plus tard prise en otage par le cynisme, la vérité demeura la dernière forme de justice.

La communauté internationale n’a pas sauvé le Rwanda. Elle a échoué au Rwanda. Et l’histoire, aussi cyniquement manipulée soit-elle, se souviendra que lorsque le monde choisissait les prétextes, certains Rwandais déterminés ont choisi l’obligation de sauver l’avenir de leur pays. Ce choix, et ses conséquences, doivent rester à l’abri de toute déformation.

Les libérateurs du FPR ont montré ce que les Nations unies auraient pu accomplir, si la volonté politique avait été accompagnée de capacités logistiques

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