Tel est, hélas, le sort que semble désormais connaître Félix Tshisekedi, fût-il président de la République démocratique du Congo : ses concitoyens, las de promesses jamais tenues et de formules grandiloquentes, le manifestent de plus en plus ouvertement.
Sa « messe » politique, orchestrée sous l’ombre portée de l’Union sacrée, cette coquille vide qui s’effrite au fil des proclamations, n’a été qu’un rituel convenu : le chef de l’État a parlé, ses laudateurs ont applaudi, la chaîne officielle a relayé l’événement en direct, et les deniers publics ont assumé le coût de cette mise en scène.
Mais que reste-t-il, au-delà de cette démonstration ostentatoire ? Rien, sinon des formules creuses et des contradictions flagrantes.
Ainsi, affirmer que « les Congolais n’ont pas besoin de facilitateur » relève du mensonge manifeste, tant l’histoire récente atteste du contraire. Qu’on se remémore la désignation par l’Union africaine du président angolais João Lourenço comme médiateur ; qu’on évoque la médiation américaine dans le différend opposant Kinshasa à Kigali ; qu’on rappelle, enfin, le rôle du Qatar dans les pourparlers entre le gouvernement congolais et les insurgés de l’AFC/M23. Ces faits, patents et irréfutables, démentent la posture présidentialiste de négation.
Et que dire de cette sentence : « Il y a des Congolais qui retardent le développement du pays et favorisent le pillage de nos ressources naturelles » ? Ici, le grotesque le dispute à l’ironie. Car les plaies qui gangrènent l’État congolais ne sont pas le fait d’ennemis imaginaires, mais bel et bien les stigmates d’une gouvernance rongée par la corruption endémique, les détournements massifs, le népotisme tribal et l’impunité généralisée. C’est dans l’entourage présidentiel et au cœur même de l’appareil étatique que se logent les véritables freins au développement.
Plus encore, la contradiction culmine lorsque le président affirme : « J’ai dit, dialogue oui, mais pas avec les Congolais inféodés au diktat ». Or, n’est-ce pas précisément avec ceux qu’il stigmatise comme « inféodés » que s’ouvrent, à Doha, des négociations laborieuses ?
Dès lors, comment peut-on soutenir que le dialogue est impossible avec ces acteurs, tout en dépêchant des émissaires pour discuter avec eux sous l’égide d’un facilitateur étranger ? Peut-on, en vérité, négocier devant ou autour d’un tiers sans consentir à l’essence même du dialogue ?
La logique commande de répondre par la négative. Car en politique, comme dans la vie, il ne faut jamais dire « jamais » ; les plus intransigeants d’hier deviennent souvent les interlocuteurs obligés de demain. Mais le discours présidentiel, en s’entêtant à nier l’évidence, s’évide lui-même : ce n’est plus qu’un réchauffé de slogans éculés, un repas insipide servi à des convives déjà rassasiés d’illusions.
Ainsi, la parole présidentielle, au lieu d’inspirer confiance et d’ouvrir des perspectives, devient le miroir de ses propres contradictions. Le pouvoir, en cherchant à séduire par des mots, finit par se condamner lui-même à n’être plus qu’un spectacle de décalage et de dissonance.

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