Une liturgie politique sans transcendance au 2e congrès de l’UNS

Redigé par Tite Gatabazi
Le 1er septembre 2025 à 09:55

Le 30 août 2025, Kinshasa a de nouveau offert au pays le spectacle convenu de ces rassemblements où l’on confond mobilisation partisane et adoration inconditionnelle.

L’Union sacrée, sous l’autorité morale du président Tshisekedi, a tenu son deuxième congrès extraordinaire, événement qui, loin de susciter le souffle d’une refondation, a révélé la vacuité d’un exercice devenu pure liturgie de conservation du pouvoir.

Les codes symboliques de l’ancien régime mobutiste s’y déployaient avec une désarmante évidence : chemises à l’effigie du chef, foulards bariolés jetés sur les épaules, casquettes enfoncées sur des visages soumis, applaudissements mécaniques scandés comme autant de signaux d’allégeance.
La scène avait des airs de survivance d’un MPR qui, sous d’autres noms et d’autres figures, n’a jamais véritablement disparu. Discipline approximative, improvisations ridicules, chahut de salle : autant de symptômes d’une organisation qui s’agite sans s’élever, qui occupe le terrain mais abdique toute rigueur intellectuelle.

Le secrétaire permanent du mouvement, le très zélé professeur Mbata, transfuge opportuniste de l’UNC de Vital Kamerhe, a résumé avec une franchise déconcertante l’horizon de l’Union sacrée : « conserver le pouvoir dans la durée ». Tout est dit, tout est assumé. Cette confession publique ne laisse plus de doute sur la finalité véritable des entreprises de révision constitutionnelle naguère entamées : abolir le verrou de la limitation des mandats, transformer la règle fondamentale en simple variable de conjoncture, sacrifier l’État de droit sur l’autel d’une présidence perpétuelle. Jusqu’ici, ces manœuvres se sont heurtées à de multiples résistances, mais leur spectre continue de hanter la scène politique congolaise.

Dans son zèle, le professeur Mbata n’a pu s’empêcher d’évoquer Kigali, convoquant ainsi, une fois encore, l’ennemi extérieur supposé, cet épouvantail commode que l’on agite pour détourner l’opinion des véritables faillites internes. Le président Tshisekedi, fidèle à son registre coutumier, a ponctué son intervention d’un « jamais » martelé, devenu fétiche linguistique autant que signe de fermeture intellectuelle. « Il n’y aura jamais de dialogue en dehors de mon initiative », a-t-il proclamé, sans convaincre. Car ce « jamais », répété comme un talisman, ne traduit ni vision ni force, mais seulement l’obsession de verrouiller toute médiation qui échapperait à son contrôle.

Pire encore, Tshisekedi a réactivé la rhétorique binaire du « eux contre nous », matrice dangereuse qui fracture le tissu social déjà si fragile de la République démocratique du Congo. Plutôt que de rassembler, il choisit de stigmatiser ; plutôt que d’élever le débat national, il préfère abaisser l’adversaire par l’anathème. Dans ce refus d’introspection, dans cette incapacité à produire une réflexion de fond, se lit l’impasse d’un régime prisonnier de sa propre rhétorique.

Ainsi va la politique congolaise sous Félix Tshisekedi : un théâtre d’ombres où le pouvoir se célèbre lui-même, où l’analyse s’efface devant la dénégation, où l’utopie républicaine est trahie par le repli identitaire et le calcul de court terme.

Au lieu d’incarner l’horizon de la démocratie congolaise, l’Union sacrée s’expose comme le miroir d’un système qui se survit à lui-même, répétant jusqu’à la nausée les travers d’hier, sans jamais se hisser à la hauteur des défis d’aujourd’hui.

Kinshasa a de nouveau offert au pays le spectacle convenu de ces rassemblements où l’on confond mobilisation partisane et adoration inconditionnelle

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité