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Minembwe : Les Banyamulenge contraints à un blocus humanitaire par des soldats burundais

Redigé par BrenT.
Le 21 octobre 2025 à 11:50

Dans les hauteurs escarpées du Sud-Kivu, les habitants de Minembwe font face à une situation humanitaire de plus en plus critique. Selon plusieurs sources, des militaires burundais déployés à Mikalati ont intercepté des groupes de femmes, d’hommes et de jeunes issus de la communauté Banyamulenge qui tentaient de rejoindre Bijombo pour se procurer des besoins de première nécessité.

Cette interdiction est d’autant plus grave que ce marché sert de point de ravitaillement de repli depuis la fermeture, en février dernier, du marché de Mulima, suspendu après des menaces proférées par la milice Wazalendo contre quiconque ravitaillerait les Banyamulenge. Désormais, même cette dernière porte de survie semble se refermer, faisant craindre un véritable blocus humanitaire pour la communauté.

Une communauté sous menace constante

La communauté Banyamulenge, installée depuis des générations dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, subit depuis plusieurs années un cycle de violences et de discriminations. D’expression kinyarwanda et historiquement pastorale, elle est souvent perçue à tort comme « étrangère » par certains groupes armés et responsables politiques congolais, une perception qui alimente des tensions ethniques, des violences ciblées, voire des exactions.

Selon un rapport publié par Human Rights Watch en septembre 2025, des unités de l’armée congolaise (FARDC) et des milices alliées, dont les Wazalendo, ont publiquement harcelé, menacé et restreint l’accès aux services de base pour les Banyamulenge dans plusieurs localités du Sud-Kivu, notamment à Uvira, sans qu’aucune intervention de la part du gouvernement ne soit constatée.

De son côté, le mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23 accuse régulièrement les forces gouvernementales congolaises, leurs alliés burundais et plusieurs milices locales de mener des « actions de génocide » contre cette communauté.

L’interdiction d’accès au marché de Bijombo ne constitue pas seulement une atteinte aux droits fondamentaux ; elle fragilise aussi l’économie déjà précaire des montagnes du Sud-Kivu, les commerçants, transporteurs et familles rurales dépendant largement de ces échanges hebdomadaires pour survivre.

« Hier, c’était Mulima. Aujourd’hui, c’est Bijombo. Nous n’avons plus où aller », résume un habitant de Minembwe. Dans une région où les routes sont rares et dangereuses, chaque déplacement vers un marché est un acte de survie, rendu aujourd’hui quasi impossible par des contrôles militaires burundais et congolais, en plus des menaces persistantes des milices locales.

Plusieurs organisations, dont l’Institut international pour l’étude des génocides (INOGS), ont déjà alerté sur les risques d’une crise humanitaire majeure dans les hauts plateaux du Sud-Kivu si la situation perdure.

Face à l’escalade, les appels à la mobilisation de la communauté internationale se multiplient. Plusieurs défenseurs des droits humains réclament une condamnation claire des entraves à la liberté de mouvement et du harcèlement dont sont victimes les Banyamulenge.

Les observateurs exhortent également le gouvernement congolais à garantir la sécurité de toutes les communautés, sans distinction, et à mettre fin à la collaboration entre certaines unités des FARDC et les milices locales accusées d’exactions.

Pour Human Rights Watch, « le gouvernement doit agir de toute urgence pour prévenir de nouvelles violences et assurer la protection des civils dans le Sud-Kivu ».

Des militaires burundais à Mikalati ont empêché des Banyamulenge de se rendre à Bijombo pour s’approvisionner

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