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Rapport Duclert : des insuffisances ou peu mieux faire

Redigé par Tite Gatabazi
Le 12 mai 2021 à 10:34

Dans des entretiens avec différents journaux en France dont La revue des idées du Collège de France et Jeune Afrique, Raphaëlle Maison, Agrégée des facultés de droit, spécialiste de la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux et Professeur de droit international à l’université Paris Saclay s’exprime sur le rapport Duclert.

Dans Jeune Afrique paru le 29 mars 202, elle constate que « le rapport des historiens doit être relativisé ».

Et d’ajouter : « Je n’attends pas de la commission Duclert qu’elle nous dise que la France s’est rendue complice du génocide.

L’important, c’est qu’elle donne accès à toute une série de documents à partir desquels il sera possible de travailler sur cette question juridique »

Dans un long entretien avec Florent Guénard pour le compte de la revue « La vie des idées » du Collège de France, elle revient très largement sur les insuffisances du rapport Duclert, du moins en ce qui concerne la partie juridique de la qualification des faits.

Elle salue la qualité du travail de la commission, « qui a fourni une recherche et une analyse approfondie et courageuse. Je suis donc impressionnée par leur implication et leur acharnement à servir la cause de la vérité historique »

Elle souligne que le rapport Duclert « a produit pour ceux qui examinent cette question depuis longtemps, une forme de soulagement face à l’effondrement du mur de propagande et de manipulation auquel ils étaient confrontés ».

Elle fait bien de rappeler « qu’un génocide n’est pas un déploiement de violence spontanée, il exige organisation et planification », rapport Duclert, page 945.

Ce rapport commandé par le Président Macron vient mettre un terme à la polémique par médias interposés et des croques à jambes diplomatiques contre le Rwanda sur l’implication ou non de la France dans le génocide perpétré contre les tustis.

Il faut saluer le courage politique du Président Macron sur ce coup.

Déjà en 2015, Raphaëlle Maison pointait du doigt les obstacles qui minaient la recherche historique sur le rôle de la France au Rwanda. Elle déplorait les contraintes du champ académique liées à l’indisponibilité des sources authentiques.

Mais elle soulignait également le fait que le rôle de la France ne « paraissait pas prioritaire aux historiens travaillant sur le génocide contre les tutsis ».

Un paradoxe.

Guénard voulait savoir si le rapport Duclert avait levé les obstacles qu’elle évoquait en 2015.

Elle répond sans équivoque : « il est clair que nombre de ces obstacles ont aujourd’hui été levés, en grande partie pour des raisons ayant trait à la décision politique ».

On se doute bien que n’eut été une décision politique, les archives, déjà verrouillées auraient été définitivement inaccessibles.

Elle relève que le rapport a produit « pour ceux qui examinent cette question depuis longtemps, une forme de soulagement face à l’effondrement du mur de propagande et de manipulations auquel ils étaient confrontés »

Et d’ajouter que « l’un des grands mérites de ce rapport est de dépasser certains lieux communs, qui ont longtemps dominé : il ne se base jamais sur la thèse des massacres interethniques, du double génocide, du Front Patriotique Rwandais (FPR) comme mouvement « fasciste ».

Elle saisi l’opportunité de cet entretien pour rendre un hommage appuyé à ceux qui furent les précurseurs de ce questionnement de la responsabilité de la France.

Et elle cite tour à tour, Francois-Xavier Verschave et Sharon Courtoux de l’association Survie, l’historien franco-Rwandais José Kagabo, le chercheur Jacques Morel, le juriste Géraud de la Pradelle, les nombreux journalistes engagés pour la découverte de la vérité dont Laure de Vulpian, Patrick de Saint-Exupéry sur qui ont pesé de nombreuses procédures judiciaires pour son ouvrage « Complices de l’inavouable » et tous ceux, nombreux, qu’elle passe sous silence faute d’espace.

Rafaëlle Maison estime que l’absence de certaines archives interroge

Les zones d’ombres

Raphaëlle Maison qui manifestement a lu le rapport Duclert avec la clairvoyance du juriste, pointe les faiblesses et les insuffisances.

Il est vrai que la commission avait indiqué que certaines archives lui sont restées inaccessibles, dont celles de l’assemblée nationale exploitées par la « mission Quiles ».

On se souvient également que la commission avait fait état de non versement ou de destructions volontaires d’archives.

De surcroit, il est des périodes qui ne sont pas documentées sans que l’on comprenne pourquoi et des thèmes qui ne sont pas traités.

La commission donne l’exemple de l’assistance diplomatique de la France au Rwanda à l’ONU.

Mais Rafaelle Maison n’exclut pas que la commission ait passé sous silence également certaines archives trop compromettantes.

Il faut dire que quelques jours après la sortie du rapport Duclert, un autre rapport « Muse » commandé à un cabinet d’Avocats Américains par le gouvernement Rwandais, traitait du même thème.

Si les deux rapports se rejoignent sur « la lourde responsabilité de la France », le rapport Muse indique que « la France a rendu possible un génocide prévisible ».


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