Terminus de la saga judiciaire de l’attentat du 6 avril 1994

Redigé par Tite Gatabazi
Le 15 février 2022 à 04:15

Lors de la cérémonie de mariage civil, l’officier de l’état civil dit : « Si quelqu’un s’oppose à ce mariage, qu’il parle maintenant ou qu’il se taise à jamais » !

Il en sera du dossier judiciaire de l’attentat du 6 avril 1994.

Taisez-vous et à jamais.

Apres une instruction de plus de vingt ans, ce mardi 15 février 2022, la cour de cassation met un terme définitif à l’enquête française sur l’attentat du 6 avril 1994.

Elle vient de rejeter les pourvois déposés par les familles des victimes de l’attentat contre l’avion u Président Habyarimana.

La cour de cassation valide ainsi le non-lieu ordonné en 2018 par la cour d’appel de Paris.

Que des conjectures sur l’attentat du 6 avril 1994.

Du capitaine Paul Barril et sa fameuse boîte noire jusqu’à l’offensive médiatique en passant par le pompeux rapport du juge Bruguière ; ils avaient tout prévu.

Avec un raisonnement simpliste, toute la nébuleuse s’engouffra dans une campagne médiatique qui consistait à transformer les bourreaux en victimes et vice versa.

Elle va puiser son inspiration directement auprès des génocidaires et leurs soutiens en Flandres et à Paris.

Ella va relayer un argumentaire négationniste parce qu’elle espérait ainsi échapper à la justice.

On va introduire un ancien espion du régime Habyarimana, membre de l’akazu, gendre de Kabuga auprès du juge Bruguière. Le comble !

Lequel juge avait construit sa thèse exclusivement à partir de témoignages fragiles et contestables. Aucun élément matériel n’était venu à l’appui de sa démonstration.

Par dérapages et raccourcis successifs, le juge Bruguière alimenta une relecture négationniste du génocide contre les tutsis.

Mais ça ne prend pas, depuis le début, ça n’a jamais pris et c’est rédhibitoire.

On le sait depuis la nuit des temps, le risque de l’utilisation manipulée ou tendancieuse du « droit » pour appuyer une argumentation de propagande.

Le droit est incompatible avec ces pratiques aux effets perverses qui ont conduit au non-lieu prononcé par la justice française !

Des reprises et des diffusions en boucle d’une certaine « vérité séduisante » considérée à tort comme acquise, confortant des chapelles dans leurs idées reçues.

Ces échecs judiciaires en disent long sur la réalité de l’akazu qui se fracasse de nouveau face au droit avec l’arrêt de la cour de cassation.

D’autant plus que le directeur de la Direction Générale des Services Extérieurs « DGSE » avait affirmé aux députés français en 1998 qu’Agathe Habyarimana et ses proches étaient au cœur de la préparation du génocide contre les tutsis et de l’attentat.

En effet, une note de la DGSE déclassifiée par le Ministère de la défense, le 17 septembre 2015, à la demande des juges d’instruction citait les colonels Bagosora Théoneste et Laurent Serubuga, ancien chef d’état-major des forces armées rwandaises « FAR » comme les principaux comandataires de l’attaque contre le Falcon 50 du Président Habyarimana.

Dans la même note on peut lire : « les deux hommes se sont longtemps considérés comme les héritiers légitimes du régime.

Leur mise à la retraite, prononcée en 1992 par le Président Habyarimana alors qu’ils espéraient obtenir le grade de Général a été à l’origine d’un lourd ressentiment et d’un rapprochement remarqué auprès de Mme Agathe Kanziga considérée souvent comme l’un des principaux cerveaux de la tendance radicale du régime…cette opération (attentat) aurait été préméditée de longue date par les extrémistes hutus…

L’assassinat de ministres de l’opposition modérée et de tutsis, moins d’une demi-heure après l’explosion du Falcon présidentiel, confirmerait le haut degré de préparation de cette opération ».

La cour de cassation française, se fondant uniquement sur la loi et les éléments juridiques, de façon rationnelle et délibérative, confirme à jamais, la conformité à la loi de la décision de non-lieu de la cour d’appel de Paris !

Bien plus, le rapport du juge Trevidic concorde avec les analyses de plusieurs services de renseignements.

Réalisé sur le terrain à Kigali par des experts en balistique, acoustique, explosif et de minutieux relevés cartographiques, le rapport établi, sans l’ombre d’un doute, que les missiles ont été tirés depuis le camp militaire de Kanombe, fief de la garde présidentielle.

La thèse d’une opération menée par les extrémistes hutus entourant Mme Agathe Kanziga a été étudiée, solidement documentée et finalement retenue par les services secrets Belge, Britannique et Américain.

La défense d’Agathe Habyarimana et consort a toujours été flottante et inconsistante. Depuis le début elle sonnait creuse.

Mme Agathe Kanziga, veuve Habyarimana avance désormais en terrain miné.


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