C’est dans un pays qui se veut la locomotive des transformations digitales sur le continent que s’ouvre le 26e Forum économique mondial sur l’Afrique. Tout un programme.
Généralisation des paiements par téléphones portables, utilisation de drones pour acheminer des vaccins : 1 200 entrepreneurs et décideurs vont se pencher à partir de mercredi à Kigali sur les opportunités de l’économie numérique pour l’Afrique, confrontée à un ralentissement de sa croissance.
Les opportunités du numérique au menu des discussions
Plusieurs pays africains ont compris, il y a quelques années déjà, l’urgence de diversifier leur économie, c’est le cas du Rwanda, du Kenya, du Ghana, ou encore du Maroc. Avec la baisse des cours des matières premières et de l’investissement chinois, d’autres pays veulent saisir les opportunités qu’offre par exemple un domaine comme le numérique. Le rendez-vous de Kigali a pour thème « Connecter les ressources de l’Afrique à travers la transformation numérique ». Il s’inscrit, selon ses organisateurs, dans le prolongement du Forum annuel de Davos en Suisse, lequel s’était penché en janvier sur la « Quatrième révolution industrielle », cette transition numérique de l’économie mondiale qui transforme en profondeur les sociétés. « C’est l’occasion pour nous d’examiner ce que cela signifie dans le contexte de l’Afrique, avec ses opportunités et ses défis », a déclaré Elsie S. Kanza, directrice Afrique du Forum économique mondial, lors d’un point de presse à Nairobi au Kenya. « La question-clé ici est : quelles sont les industries nouvelles qui peuvent être créées par les Africains ? » a-t-elle lancé.
Plus de 1 200 participants, entrepreneurs, décideurs ou représentants de la société civile issus de 70 pays aborderont des thèmes comme l’apport des nouvelles technologies dans l’agriculture ou la santé, ou encore comment lutter contre la cybercriminalité qui n’épargne pas le continent. Dix chefs d’État ou de gouvernement africains sont aussi attendus dans la capitale rwandaise. Ce petit pays d’Afrique centrale est encore à majorité rurale, mais il a mis le développement des nouvelles technologies au coeur de sa stratégie de croissance.
L’économie rwandaise dopée par les nouvelles technologies
Pays d’Afrique centrale, à majorité rurale, le Rwanda affiche une croissance robuste qui devrait se maintenir autour de 6,8 % en 2016, un taux largement au-dessus de la moyenne continentale. Ces dix dernières années, le gouvernement a misé sur les nouvelles technologies pour accélérer et diversifier son économie. Et les résultats sont là. Selon les chiffres officiels, au cours des cinq dernières années, la pénétration de la téléphonie mobile est passée d’à peine 8 % à 60 %, et le réseau de fibre optique dépasse aujourd’hui les 2 503 kilomètres. Les Rwandais jouissent aussi de l’un des meilleurs accès à Internet. Les Rwandais profitent aujourd’hui des avantages des services bancaires par téléphone mobile, qui sont déjà offerts dans plusieurs pays africains. Les agriculteurs peuvent aussi recevoir les dernières informations sur le cours des produits agricoles qu’ils cultivent grâce au programme e-Soko (c’est-à-dire « e-marché ») accessible par SMS, qui élimine les intermédiaires et leur permet donc d’augmenter leur marge. Mais la donne est tout autre pour plusieurs pays africains.
Un contexte économique compliqué
Ce forum de Kigali intervient en effet dans un contexte de ralentissement de la croissance en Afrique subsaharienne, frappée de plein fouet par la chute des cours des matières premières. Selon les prévisions, elle devrait s’établir autour de 3 % en 2016, un chiffre deux fois plus faible que pendant les années 2000. Parmi les pays les plus touchés se trouvent les pays producteurs de pétrole comme le Nigeria et l’Angola, ou de minerais tels que la Zambie et la République démocratique du Congo (RDC). « S’il y a quelque chose que la baisse des cours montre, c’est que l’Afrique a le plus grand besoin de transformer ses 54 marchés en axant sur l’industrialisation », estime Natznet Tesfay, analyste spécialiste de l’Afrique subsaharienne chez IHS Country Risk. « Je crois qu’il y aura une période d’ajustement, beaucoup d’investisseurs venaient en Afrique pour les matières premières. Ce changement de cap aura aussi comme conséquence la nécessité de mettre en place d’autres industries compétitives », ajoute Roger Nord, directeur adjoint du département Afrique du FMI.
Certains ont déjà entamé cette diversification, comme la Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial de cacao qui vient, par exemple, d’inaugurer sa première usine de transformation de « l’or brun ». Mais les défis restent nombreux, reconnaissent les spécialistes, pointant du doigt notamment le déficit en termes d’infrastructures dans le domaine de l’énergie, auquel font face de nombreux pays. « Vous ne pouvez pas devenir un centre névralgique des nouvelles technologies sans fibre optique. Mais vous ne pouvez pas non plus le devenir sans approvisionnement suffisant en électricité », prévient Mme Tesfay.
Avec Le Point.fr
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