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L’étain rwandais ou la revanche silencieuse des terres contestées

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 mai 2025 à 11:00

Il est des moments où le pragmatisme des nations s’érige en démenti cinglant aux prêches idéologiques les plus enracinés. La signature en présence de Kim Harrington, secrétaire adjointe par intérim au Département d’État, d’une lettre d’intention entre Trinity Metals et la société Nathan Trotter, en vue de l’établissement d’une chaîne d’approvisionnement en étain entre le Rwanda et les États-Unis, s’inscrit dans cette veine discrète mais éloquente de la diplomatie économique stratégique.

Loin de n’être qu’un simple acte commercial, cet engagement revêt les atours d’un signal fort, adressé à ceux qui, depuis trop longtemps, s’obstinent à nier, contre toute évidence géologique et tout bon sens géoéconomique, la réalité des richesses minérales du sous-sol rwandais.

En effet, il faudra bien que certains finissent par ravaler leurs sempiternels procès d’intention, eux qui, pour des raisons plus idéologiques que factuelles, persistent à peindre le Rwanda comme un simple vecteur de transit ou un acteur secondaire dans l’économie des minerais d’Afrique centrale.

Il n’est que trop aisé, derrière les paravents moralisants, de masquer une méconnaissance crasse des dynamiques locales ou, pire encore, une volonté délibérée d’occulter l’émergence d’un acteur africain qui a su, dans un contexte régional complexe, structurer une politique minière cohérente, contrôlée, et orientée vers la valorisation nationale de ses ressources.

Le choix des États-Unis d’adosser une part de leur chaîne d’approvisionnement en étain, métal stratégique s’il en est dans les industries électroniques, les énergies renouvelables et les technologies de défense, à un partenariat avec le Rwanda, constitue une reconnaissance implicite mais indiscutable de la capacité de ce pays à fournir des minerais en toute traçabilité, selon des standards internationaux en matière d’éthique, de transparence et de développement durable.
Loin des clichés éculés et des discours rétrogrades, le Rwanda s’impose désormais comme un nœud logistique et extractif incontournable, à rebours des analyses condescendantes qui pullulaient encore dans les cénacles occidentaux il y a quelques mois. Que ceux qui continuent de prophétiser la vacuité minérale de ce pays se tiennent prêts à mordre la poussière, ou plutôt, à se mordre les doigts. Le réel, une fois encore, déjoue les postures et les récits figés.

Dans un monde où les chaînes d’approvisionnement sont devenues des instruments de souveraineté, et où les minéraux dits « critiques » font désormais figure d’enjeux géopolitiques de premier ordre, la reconnaissance du rôle du Rwanda s’inscrit dans une reconfiguration plus vaste, celle d’un ordre mondial où les nations jadis périphériques prennent place au centre du jeu.

Ce partenariat entre Trinity Metals, Nathan Trotter et l’État rwandais n’est donc pas une simple opération commerciale : il s’agit d’un acte de lucidité stratégique, et peut-être même, d’un avant-goût de ce que sera demain l’économie des ressources affranchie des dogmes anciens, recentrée sur la compétence, la fiabilité et la souveraineté partagée.

La signature d'une lettre d'intention entre Trinity Metals et Nathan Trotter a pour objectif de créer une chaîne d'approvisionnement en étain entre le Rwanda et les États-Unis

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