C’est une fuite en avant, une obstination tragique qui, à défaut de résoudre les griefs historiques du Kivu, les exacerbe jusqu’au bord du gouffre.
Les cercles militaro-stratégiques du chef de l’État sont à l’œuvre, affairés, fiévreux. Dans un ballet diplomatique à peine voilé, ils s’activent autour d’un contrat onéreux en gestation avec le géant chinois CATIC, visant l’acquisition de trois nouveaux drones supposés doter les FARDC d’une supériorité aérienne dans les cieux orientaux. Le coût, assurément exorbitant, ne semble pas freiner l’ardeur de Kinshasa à parer son armée d’une parure technologique qui s’est, maintes fois déjà, révélée vaine sur le terrain.
Car la mémoire récente demeure cuisante. Malgré un arsenal impressionnant, la cohorte des FARDC épaulée par les milices autochtones Wazalendo, les FDLR, les burundais, les mercenaires au profil trouble, et même le renfort multilatéral de la SADC la machine de guerre congolaise n’a pu déloger les combattants aguerris de l’AFC/M23.
Pis, les armes dernier cri, censées imposer la terreur dans les rangs révolutionnaires, furent abandonnées pêle-mêle sur les champs de bataille, en un spectacle humiliant pour une armée censée incarner la souveraineté nationale.
Mais Tshisekedi, dans une posture qui tient plus de l’orgueil que de la lucidité, persiste. Il ne veut, ne peut, n’ose envisager que la voie militaire. La diplomatie est reléguée aux oubliettes, le dialogue marginalisé, les revendications des populations concernées balayées d’un revers de la main. Le chef de l’État veut la guerre. Rien d’autre.
Or cette posture guerrière, aussi bruyante que stérile, ignore ou feint d’ignorer les racines profondes du conflit. Elle évacue, avec un cynisme glaçant, les revendications fondamentales portées par le général Sultani Makenga et le mouvement qu’il incarne : le droit à la citoyenneté pleine et entière des Tutsis congolais, l’exigence du retour sécurisé des réfugiés dispersés dans les camps d’exil depuis des décennies, et l’aspiration à une cohabitation pacifique fondée sur la justice, l’égalité et la reconnaissance mutuelle.
Ces revendications ne relèvent ni de l’utopie ni de la manipulation : elles s’enracinent dans un passé blessé que l’État congolais n’a jamais véritablement voulu affronter.
Refuser cette vérité, c’est condamner le pays à une guerre perpétuelle. Car Makenga, loin de l’image caricaturale du « chef rebelle » véhiculée à Kinshasa, incarne pour beaucoup une figure de résistance communautaire. Il ne combat pas pour la conquête du pouvoir, mais pour la reconnaissance d’une mémoire niée, d’une dignité bafouée. Et tant que cette reconnaissance sera ajournée, tant que la parole des tutsi congolais sera tenue pour suspecte, le feu ne s’éteindra pas.
Il est temps, pour Tshisekedi et son entourage, de comprendre que la paix ne se gagne pas à coups de missiles ou de contrats d’armement. Elle se bâtit dans la parole, dans l’écoute, dans la réparation. Persister dans cette logique de confrontation militaire, c’est nourrir un cycle de violence sans issue. C’est appauvrir le pays, l’exposer à l’internationalisation du conflit, et briser toute perspective d’unité nationale.
L’heure n’est plus aux tambours de guerre. Elle est à la lucidité. À la grandeur d’âme. À la vision. Et dans cette perspective, le désarmement de l’esprit précède celui des fusils.

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