Depuis la sortie de ce rapport, on est à même d’identifier les auteurs et les commanditaires de l’attentat.
Une équipe de six experts en balistique et acoustique avait permis de démontrer avec certitude le lieu de provenance des tirs et la nature des missiles qui avaient abattu le Falcon 50 qui ramenait les Présidents Habyarimana et Ntaryamira du Burundi à Kigali.
Le camp Kanombe et ses environs était fortement gardé par un bataillon para-commando, les militaires de la garde présidentielle ainsi que deux unités d’élite étroitement liées à l’akazu.
La responsabilité du hutu power est depuis irréfutable.
Pendant près de dix-sept ans, les négationnistes en avaient fait leur cheval de bataille, ils l’avaient usé en le répétant en boucle.
Avec le renfort et la complicité active du juge Bruguière, aux accents triomphants, qui avait accusé nommément neuf officiers supérieurs du FPR, sans aucun élément factuel.
Se contentant, pour les besoins de la cause, du récit évasif d’un dissident du nom d’Abdul Ruzibiza, présenté à l’époque comme témoin clé.
Il y eut de l’empressement à occuper l’espace médiatique en se livrant à des extrapolations partisanes fondées sur un rapport biaisé et politiquement orienté. Érigeant le rapport Bruguière en vérité scientifique.
Ce qui revenait à affirmer que le génocide aurait un caractère spontané, provoqué par la colère née de cet attentat. Balayant ainsi l’élément constitutif du génocide qu’est sa planification, pour conclure qu’en fait il n’y a pas eu de génocide.
C’est grâce au rapport Trévidic qu’on s’aperçoit que des prétendus scientifiques, des journalistes et des experts en tout genre avaient cédé à l’aveuglement, qui est l’apanage des militants et des propagandistes. On a vu et lu des pseudos experts sans distance ni réserve.
Ce déchaînement sans nuance s’accompagne de violentes mises en accusation qui reprennent des amalgames assez déplaisants.
Cet excès de zèle, à grand coût de renfort médiatique, posait des questions essentielles que d’autres, plus mesurés avaient essayé de soulever dans le vacarme de l’époque, sans être entendu.
La présentation du juge Bruguière avait un double objectif politiquement orienté. D’une part, accuse le FPR et d’autre part exonère la France de sa responsabilité.
Le juge Bruguière a agi sans la moindre prudence de bon aloi qui eut été à tout le moins déontologique.
Après le juge Trévidic et Poux qui apportent un faisceau d’indices concordants qui indiquent l’implication de l’akazu, le rapport Duclert établit la responsabilité de la France.
A l’instar de la jurisprudence du tribunal pénal international pour le Rwanda, < TPIR > les juges français dénonçaient sans concession les extrémistes hutu comme planificateurs et responsables de l’attentat et du génocide perpétré contre les tutsi.
Les juges français confortent la ligne présentée et défendue par le FPR, injustement accusé par la propagande négationniste, qui voulait que le FPR ait cyniquement et en connaissance de cause abattu l’avion afin de déclencher l’extermination des tutsi.
Cette thèse de négationnistes voulait faire des tutsi les artisans de leur propre malheur.
On sait pourtant que l’élimination physique de Habyarimana par l’akazu était motivée par la volonté de rendre impossible la mise en application de l’accord de paix d’Arusha.
L’attentat contre Habyarimana devait instaurer le chaos généralisé et permettre à l’akazu d’accomplir son dessein de prendre le contrôle et procéder ainsi aux massacres planifiés de longue date.
Il est établi que le négationnisme fait partie de la planification du génocide. Cela permet aux auteurs d’atténuer ou d’occulter les responsabilités.
Tous ceux qui se sont prêtés à la manipulation du rapport du juge Bruguière auraient dû payer leur militantisme et la falsification des faits historiques.
Le poids judiciaire du rapport des juges Trévidic et Poux va au-delà de la justice. Il embrasse les dimensions politique, historique et éthique, et tant mieux.
Il a rétabli la vérité.
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