Le vernis de la vertu s’écaille chez le ministre Mutamba

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 mai 2025 à 01:53

Le vernis de la vertu, si habilement étalé par le ministre Constant Mutamba dans ses apparitions publiques, se fissure aujourd’hui sous le poids accablant des révélations. Celui qui se présentait en croisé de la probité républicaine, prompt à exiger des châtiments exemplaires, se voit désormais cerné par les exhalaisons nauséabondes d’une prédation méthodique.

A mesure que se dissipent les fumées de son discours moralisateur, se dévoile une réalité bien plus triviale, marquée par l’appétit du lucre et le mépris des règles les plus élémentaires de la déontologie publique. Ce scandale, loin d’être un simple écart administratif, révèle une disjonction tragique entre les postures affichées et les pratiques réelles comme si l’éthique, brandie à satiété, n’avait jamais été qu’un masque commode pour dissimuler les appétits les plus sordides.

Ainsi s’effondre, dans un fracas retentissant, l’édifice factice d’une vertu proclamée, laissant place au spectacle désolant d’un pouvoir gangrené par ses propres contradictions.

Il est des figures publiques qui, à force de se draper dans les atours d’une probité ostentatoire, finissent par être emportées par le tumulte même qu’elles feignaient de combattre. Tel semble être le sort peu glorieux réservé au ministre Constant Mutamba, naguère pourfendeur inflexible de l’impunité, autoproclamé héraut d’une rigueur implacable, qui réclamait sans frémir la peine de mort pour les adversaires du pouvoir, et mettait à prix la contestation comme on lance un édit de guerre contre le bon sens.

Ceux qui l’avaient vu parader dans les travées médiatiques, le verbe péremptoire, gonflé de certitudes, le regard traversé d’une suffisance quasi messianique, découvrent aujourd’hui un homme englué dans les relents fétides d’un scandale financier aux ramifications douteuses, où se mêlent détournements de fonds publics, favoritisme éhonté et simulacre de procédure.

Les faits, insensibles à la rhétorique et réfractaires à l’enfumage, s’imposent avec une brutalité sans appel. Derrière l’alibi commode du désengorgement de la prison de Makala, l’État a autorisé un marché de gré à gré, dérogeant aux règles les plus élémentaires de la transparence et de la saine gouvernance. Or, chacun sait que la construction d’infrastructures pénitentiaires ne relève pas de l’urgence conjoncturelle, mais s’inscrit dans une planification rationnelle et pérenne, au cœur des politiques publiques sérieuses. Prétendre le contraire, c’est prendre le peuple pour une multitude ignare, incapable de percevoir la supercherie.

Ce simulacre de légitimité cache en réalité une opération de prédation à peine voilée. Le marché, juteux à souhait, fut attribué à Zion Construction, une entité fantomatique, surgie de nulle part, sans antécédents ni compétence vérifiée, au mépris des nombreuses entreprises nationales expérimentées et éligibles. Ce choix, d’une opacité sidérante, interroge non seulement sur la moralité du processus, mais trahit une volonté manifeste de détourner les fonds publics au profit d’un cercle restreint de complices travestis en prestataires.

Le contraste entre les envolées moralisatrices du ministre et la bassesse des actes aujourd’hui révélés est saisissant. Celui qui se targuait de probité, qui tonnait contre les corrompus depuis son piédestal de vertu, se révèle, au fil des jours, n’être qu’un acteur de plus dans cette vaste tragédie de l’hypocrisie politique. L’écart abyssal entre le dire et le faire, entre la posture et l’action, jette une ombre accablante sur sa personne et sur l’ensemble d’un gouvernement qui, trop souvent, confond rigueur avec brutalité, et justice avec opportunisme.

Il ne suffit pas de vitupérer contre l’opposition ou de revêtir l’uniforme du justicier pour être lavé de toute souillure. Il faut encore que les actes s’accordent aux principes, que l’éthique précède le discours. Or, dans cette affaire, tout semble indiquer que la morale fut sacrifiée sur l’autel des intérêts inavouables. L’histoire, elle, saura se souvenir que sous les fanfares de la vertu affichée, se tapissait le bruit étouffé des caisses publiques vidées en silence.

Constant Mutamba, ministre de la justice de la RDC

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