« Premier pas » ou « rencontre historique », les réactions au sommet de Singapour

Redigé par IGIHE
Le 13 juin 2018 à 07:50

La poignée de main historique et l’accord sur une dénucléarisation de la péninsule coréenne conclu entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Singapour a suscité mardi dans le monde des réactions positives mais souvent prudentes.
Séoul : « Un événement historique »
« L’accord de Sentosa du 12 juin restera dans l’Histoire mondiale comme un événement ayant mis fin à la Guerre froide », s’est enthousiasmé le président sud-coréen Moon Jae-in, faisant référence à l’île de (...)

La poignée de main historique et l’accord sur une dénucléarisation de la péninsule coréenne conclu entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Singapour a suscité mardi dans le monde des réactions positives mais souvent prudentes.

Séoul : « Un événement historique »

« L’accord de Sentosa du 12 juin restera dans l’Histoire mondiale comme un événement ayant mis fin à la Guerre froide », s’est enthousiasmé le président sud-coréen Moon Jae-in, faisant référence à l’île de Sentosa à Singapour où les deux dirigeants se sont rencontrés. Il a rendu hommage à Kim Jong-un et à Donald Trump pour leur « courage et leur résolution ».

Pékin : « Le début d’une nouvelle histoire »

« Le fait que les plus hauts dirigeants des deux pays soient assis côte à côte pour des pourparlers d’égal à égal a un sens important et constitue le début d’une nouvelle histoire », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. « La Chine s’en félicite et apporte son soutien », a ajouté le ministre. « Il s’agit d’un objectif que nous avons espéré et pour lequel nous avons travaillé ».

Pour la principale alliée de la Corée du Nord, il faut une « dénucléarisation totale », ainsi que le réclament les Etats-Unis mais « en même temps, il faut qu’il y ait un processus de paix pour la péninsule (coréenne) afin de résoudre les préoccupations raisonnables de la Corée du Nord en matière de sécurité », a souligné le ministre, rappelant le « rôle important et tout à fait unique » de la Chine.

Pékin demande déjà un assouplissement des sanctions onusiennes. « Des sanctions sont un moyen de pression, mais pas une fin en soi », a fait savoir tout à l’heure le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang.

Moscou : « Un pas important »

« Le seul fait que cette rencontre a eu lieu est, bien sûr, positif », a salué le chef de la diplomate russe Sergueï Lavrov. « Nous ne pouvons que saluer le fait qu’un pas en avant important a été fait. Bien sûr, le diable est dans les détails et nous devons regarder concrètement. Mais l’impulsion, pour ce que nous comprenons, a été donnée », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov à l’agence TASS.

Tokyo : « Un premier pas »

L’intention de Kim Jong-un « de voir une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne a été confirmée par écrit. Je soutiens ce premier pas vers une résolution d’ensemble des questions concernant la Corée du Nord », a déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

Paris : « Un pas significatif », mais ne pas oublier l’Iran

Le document signé par Donald Trump et Kim Jong-un est un « pas significatif », a salué la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau, tout en doutant « que tout ait été atteint en quelques heures ». Elle a toutefois regretté le double standard appliqué par Washington, qui a récemment rejeté l’accord sur le nucléaire iranien. L’accord nucléaire conclu avec Téhéran « est respecté par l’Iran », alors que « signer un document avec Kim Jong-un qui est allé jusqu’à obtenir l’arme nucléaire, c’est pratiquement récompenser quelqu’un qui a été à l’encontre de tous les traités internationaux », a-t-elle estimé.

“Je pense que les Iraniens n’ont absolument pas confiance dans l’administration Trump....”
Vincent Eiffling, chercheur au CECRI, le Centre d’études des crises et des conflits internationaux à l’université de Louvain, spécialiste de l’Iran

Union européenne : « Une étape capitale »

Le sommet de Singapour est « une étape capitale et nécessaire » vers une dénucléarisation, pour la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini. « L’objectif ultime (...) demeure la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne », objectif qui « peut être atteint », selon elle. Federica Mogherini a surtout tenu à louer le rôle du président sud-coréen Moon Jae-in, sa sagesse et sa détermination.

Ce n’est en tout cas qu’un premier pas pour les Européens, comme en témoignent les réactions à travers l’UE et dans les pays voisins, souligne notre bureau à Bruxelles. Le Royaume-Uni estime par exemple qu’il reste beaucoup de travail.

Varsovie : attention aux accords avec un « dictateur cruel »

« Il faut être conscient du fait que c’était une rencontre et des tractations avec un dictateur cruel », a observé Jacek Sasin, chef du comité permanent du Conseil des ministres polonais. « Historiquement, de tels accords avec des dictateurs se sont souvent mal terminés. Il s’est avéré que le dictateur poursuivait d’autres objectifs que la partie démocratique recherchant la paix. Ce fut le cas avec Hitler, avec Staline, lors de tentatives de s’entendre avec d’autres dictateurs (...) J’espère que cette fois ce sera différent », a-t-il ajouté.

Oslo : le « travail commence »

« Je trouve positif qu’il y ait eu des discussions qui, visiblement, se sont tenues avec une bonne tonalité. La déclaration qui en est ressortie comporte beaucoup de points communs avec des déclarations similaires qu’on a vues dans le passé. C’est maintenant qu’une très grande partie du travail commence », a estimé la ministre norvégienne des Affaires étrangères Ine Eriksen Søreide, selon qui « beaucoup reste à faire ».

L’AIEA « prête » à mener des « vérifications »

L’Agence internationale de l’énergie atomique se tient « prête à effectuer toute activité de vérification » sur les sites nucléaires nord-coréens si Washington et Pyongyang le demandent, a affirmé son secrétaire général Yukiya Amano, qui « salue » le résultat du sommet.

L’ambassadeur Rafael Grossi, ancien directeur général adjoint de l’AIEA, souligne de que de nombreux détails restent à clarifier. Il faut désormais entrer dans le vif du sujet. « La direction, c’est la dénucléarisation, alors pour le détail, c’est clair qu’il faut entamer un processus beaucoup plus détaillé. (...) Quand on parle de démanetelement complet, irréversible, tout cela c’est lié à des détails techniques qu’il faut négocier. »

Le représentant permanent de l’Argentine à l’AIEA se veut plutôt optimiste, mais prudent. « La prudence s’impose toujours et rien n’est acquis. L’histoire est là pour nous montrer qu’il y a eu des espoirs et des frustrations par le passé, donc il faut qu’on reste attentifs et prudents. Mais en même temps, il y a un processus qui continue et c’est sur cela qu’il faut travailler dès à présent. Et après, dès qu’on verra la portée et les détails techniques, on pourra passer à un jugement plus définitif. »

avec rfi.fr


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