Et cette notion a encore une signification toute particulière pour la société rwandaise dans son cheminement de reconstruction. Le don fut, il est et il sera toujours une des tradition chère au Rwanda où faire un don de la vache est l’un des signes hautement distinctifs et honorifiques liant un pacte de fraternité.

Un exemple évident de ce rôle du don est la famille qui remplit une fonction vitale dans la société. Outre la solidarité et les services mutuels de ses membres, la famille est le lieu de la naissance et de l’éducation des enfants, faisant se développer les hommes et femmes de demain. Nous avons été éduqués et nous éduquons nos enfants à partager, à sortir de l’égo pour pouvoir être dans la solidarité, la générosité et le don. L’égoïsme, c’est mettre l’ego au centre de tout. Un enfant, un homme ou une femme digne et bien éduqué(e), c’est celui ou celle qui sache donner et partager.

Vous aurez remarqué que tout au long de notre rendez-vous quotidien dans ces chroniques, depuis le début de cette 26ème commémoration du génocide des tutsi au Rwanda, il y a eu de ce point de vue, une réalité qui nous ramener toujours à nous-mêmes.En revenant pratiquement à nous-mêmes, ce que ça traduit, c’est revenir à soi, pour mieux être, mais encore plus pour mieux donner. Donner de ce que nous sommes, de ce que nous avons, partager dans l’humanité, la solidarité, dans la générosité et la justice.

Ainsi, comme une équation qui se résout, notre vie se résume, à travers tout ce que nous vivons, à donner.Au bout du compte, nous sommes ce que nous donnons, ce que nous arrivons à distribuer de nous-mêmes, être donné de ce que l’on est, avoir donné de ce que l’on a, savoir donner de ce que l’on sait ; Le don comme étant la traduction ultime de ce que c’est que d’être un être humain, d’avoir compris ce qu’est notre humanité.

Le don est plus largement essentiel à la création et à l’entretien du lien social, car la société est composée de personnes qui cherchent à créer et entretenir des relations, à se plaire en créant des liens entre eux, et ils le font en se faisant mutuellement des dons. Plus que jamais, et mieux que quiconque d’autre, notre société rwandaise a plus besoin de renouer avec cette notion traditionnelle à grande échelle.C’est finalement et toujours ce mouvement qui est essentiel, savoir prendre le temps de revenir à soi pour être respectueux de ce qui nous entourent, de savoir donner et de savoir partager.