L’entretien prévu ce vendredi en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, consacré aux pourparlers de paix sur l’Ukraine, soulève dans les capitales européennes la crainte d’un compromis scellé au détriment de Kiev et, par ricochet, de la sécurité continentale.
Depuis l’annonce de cette rencontre bilatérale, les chancelleries de l’UE multiplient les consultations et affichent, non sans peine, la volonté de forger un front commun derrière la cause ukrainienne. Mais cette mobilisation tardive trahit une constante des dernières années : l’Europe, pourtant directement menacée par la déstabilisation de son voisin oriental, s’est trop souvent laissée reléguer à un rôle d’acteur périphérique, spectatrice plus que protagoniste, dans un conflit où les États-Unis occupent la position de chef d’orchestre diplomatique et militaire.
Dans ce contexte, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a rappelé avec insistance que « toute solution négociée entre Washington et Moscou devra inclure l’Ukraine et l’Union européenne », arguant qu’il en va non seulement de l’intégrité territoriale ukrainienne, mais de la sécurité même du continent.
Elle a salué le fait que Donald Trump ait exigé de Moscou la fin des hostilités, tout en avertissant que nul règlement ne saurait être dicté par les seuls impératifs d’équilibre entre grandes puissances, au mépris des intérêts de la partie agressée et de ses soutiens européens.
Pendant ce temps, la réalité militaire demeure implacable : la Russie contrôle aujourd’hui environ un cinquième du territoire ukrainien et exige la cession formelle de quatre régions partiellement occupées : Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson, en sus de la Crimée annexée en 2014. À cela s’ajoutent des conditions qui, pour Kiev, sont rédhibitoires : l’arrêt des livraisons d’armes occidentales et le renoncement définitif à toute perspective d’adhésion à l’OTAN.
De son côté, Donald Trump, dans une posture mêlant fermeté et calcul, entend « mettre la pression sur Poutine » afin de tester, selon les termes du secrétaire général de l’Alliance atlantique, Mark Rutte, « la sincérité de son engagement à mettre un terme à cette guerre atroce ». Mais cette configuration illustre aussi la dépendance persistante de l’Europe à l’égard du leadership stratégique américain : alors que l’UE se réunit pour élaborer une ligne commune, l’agenda diplomatique est déjà rythmé par les initiatives venues de Washington.
Cette asymétrie place l’Europe face à une double urgence : défendre sans ambiguïté l’intégrité territoriale ukrainienne et, dans le même mouvement, retrouver une autonomie diplomatique et stratégique lui permettant de peser, non pas en appoint, mais comme puissance co-décisionnaire dans les affaires vitales de sa sécurité.
Faute de quoi, elle continuera de subir les négociations qui la concernent au premier chef, mais qui se nouent et se tranchent, bien souvent, ailleurs que sur son propre sol diplomatique.

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