Cette doctrine d’exclusion, loin de s’éteindre, se voit régulièrement ravivée et amplifiée par des canaux de communication étatiques, tant en République démocratique du Congo qu’au Burundi, où s’installe et prospère un discours de haine savamment distillé.
Par un lexique déshumanisant, « créatures de Satan », « étrangers », « envahisseurs » ces rhétoriques meurtrières préparent le terrain psychologique des crimes de masse, légitimant par avance l’inacceptable.
Les tutsi congolais, en particulier, demeurent l’objet d’une stigmatisation méthodique qui s’accompagne de persécutions systématiques : assassinats ciblés, déplacements forcés, privations de droits fondamentaux et marginalisation institutionnalisée. Ces exactions, souvent commises au vu et au su de tous, bénéficient d’une impunité quasi absolue, renforcée par la complicité passive voire active de certaines autorités locales et nationales. Ainsi, le tissu social se trouve volontairement lacéré, et la peur installée comme mode de gouvernance.
Or, face à de telles tragédies, l’impératif de la mémoire s’impose comme un rempart contre l’oubli, cet allié perfide des bourreaux. Se souvenir, c’est refuser que les victimes soient reléguées au silence des anonymes et que leurs souffrances soient effacées par le cours impassible du temps.
La mémoire, en ancrant les faits dans la conscience collective, confère aux générations futures une vigilance éclairée ; elle transforme la douleur en leçon, l’horreur en avertissement, et oppose à la mécanique de la négation la persistance obstinée de la vérité.
Mais la mémoire seule, aussi noble soit-elle, demeure incomplète sans la justice. Rendre justice, c’est arracher les crimes à l’ombre de l’impunité pour les placer sous la lumière inexorable du droit.
C’est restaurer la dignité des victimes en nommant les coupables, en sanctionnant les actes et en réparant, autant que possible, les plaies infligées. La justice véritable ne se limite pas au châtiment : elle rétablit l’équilibre moral, réaffirme la primauté des droits humains et constitue, pour les sociétés meurtries, le socle indispensable à toute réconciliation authentique.
Et pourtant, face à cette adversité implacable, ces communautés manifestent une résilience admirable, tissant dans l’ombre les fils ténus mais indestructibles de leur dignité. Leur persistance à vivre, à préserver leur identité et à transmettre leur mémoire devient alors un acte de résistance silencieuse, mais ô combien éclatant, contre la mécanique de l’effacement.







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