La récente nomination du gouvernement Suminwa II a agi comme un révélateur brutal : elle a non seulement exacerbé les rancunes anciennes, mais a surtout déchiré le voile d’illusions qui recouvrait cette fragile alliance.
La disgrâce silencieuse de Bahati Lukwebo
La mise à l’écart de Modeste Bahati Lukwebo, autrefois troisième personnage de l’État en sa qualité de président du Sénat, a marqué un premier tournant. Relégué à un rôle secondaire au sein du bureau, il n’a jamais véritablement digéré ce déclassement humiliant.
Sa présence, réduite à une ombre politique, symbolise l’effritement progressif de l’équilibre interne de l’Union sacrée. Aujourd’hui, son boycott de la réunion du présidium convoquée par Tshisekedi apparaît comme l’ultime geste de défiance d’un allié fatigué d’être instrumentalisé.
Kamerhe, l’allié devenu adversaire
Vital Kamerhe, quant à lui, a dû livrer une bataille éreintante pour arracher le perchoir de l’Assemblée nationale. Mais ce succès a eu le goût amer des victoires à la Pyrrhus. Le leader de l’UNC se sait cerné : marginalisé dans la formation du gouvernement, fragilisé par la montée en puissance d’autres barons du régime, il voit son autorité remise en cause. Sa menace de ne pas faire investir le gouvernement Suminwa II au Parlement résonne alors comme un acte de rupture assumé, voire comme un chantage institutionnel. Mais derrière ce coup d’éclat se profile surtout la peur d’une destitution imminente, déjà orchestrée par la présidence elle-même.
Tshisekedi, stratège de l’isolement
Le président Félix Tshisekedi, loin de calmer le jeu, choisit au contraire d’enflammer les hostilités. En donnant son aval aux députés de l’Union sacrée pour préparer la destitution de Kamerhe dès la session de septembre, il franchit un seuil critique : celui du point de non-retour. Car cette décision ne se limite pas à une querelle de leadership ; elle signifie que le camp présidentiel est désormais prêt à sacrifier ses plus proches alliés sur l’autel d’une concentration exclusive du pouvoir.
La coalition sacrifiée sur l’autel des ambitions
Ce qui se joue actuellement n’est rien de moins que la fin d’un pacte. L’Union sacrée, née dans l’enthousiasme d’un rassemblement opportuniste contre le régime Kabila, sombre aujourd’hui dans les logiques centrifuges de la rivalité et de la méfiance. Les ambitions personnelles, jadis contenues dans l’élan commun d’un projet de conquête, explosent désormais au grand jour. La coalition se vide de sa substance et se réduit à une juxtaposition de factions prêtes à s’entre-dévorer.
L’illusion dissipée
En définitive, l’éclatement de l’Union sacrée illustre la fragilité chronique des alliances politiques congolaises, bâties sur le sable mouvant des intérêts immédiats et des calculs électoraux. La rupture entre Tshisekedi, Kamerhe et Bahati Lukwebo n’est pas un simple accident de parcours : elle consacre la dissolution d’un cadre politique qui n’avait jamais été cimenté par une vision commune, mais seulement par l’avidité du pouvoir. Le vernis s’est écaillé, et derrière la façade d’unité ne subsiste plus qu’un champ de ruines.

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