La disgrâce de la diplomatie en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 août 2025 à 11:16

L’actualité récente livre un portrait accablant de la représentation extérieure de la République démocratique du Congo, révélant moins les fastes supposés de la diplomatie que ses revers les plus compromettants.

A Madrid, l’ambassade congolaise vient d’être condamnée pour licenciement abusif, salaires impayés et manquements graves aux obligations sociales. Le verdict, relayé par le quotidien El Mundo, met en lumière un enchevêtrement d’irrégularités chroniques, de népotisme flagrant et d’une gestion qui semble davantage guidée par l’arbitraire que par les règles élémentaires de l’administration publique.

Derrière les murs officiels de cette mission diplomatique, deux anciens employés ont enduré des années d’instabilité professionnelle, d’arriérés de rémunérations et de pressions insidieuses, autant de pratiques indignes d’une chancellerie censée incarner l’autorité et l’honneur d’un État souverain.

Mais ce scandale madrilène n’est pas un isolat ; il s’inscrit dans une série noire où l’on voit d’autres diplomates congolais, à travers le monde, sombrer dans des conditions humiliantes : loyers impayés, menaces d’expulsion, détresse matérielle confinant à la misère. Ce dépérissement matériel n’est pas seulement une question budgétaire : il traduit un affaissement moral et institutionnel qui ronge les fondements mêmes du service extérieur.

Plus grave encore, un nouvel épisode, d’une gravité extrême, est venu ternir l’image internationale du Congo. Le procès-verbal consulté par l’AFP est sans équivoque : Jean de Dieu Mutebwa Mulumba, détenteur du statut diplomatique, a été interpellé à la frontière bulgaro-turque, à bord d’un véhicule officiel, transportant pas moins de deux cents kilogrammes de cocaïne.

Selon le parquet, il s’agirait d’un « modus operandi bien établi », chaque voyage augmentant la quantité transportée, exploitant l’immunité et le privilège d’inviolabilité dont jouissent les véhicules diplomatiques, rarement soumis aux contrôles douaniers.

Ce trafic méthodique, orchestré sous couvert des insignes d’un État, constitue une trahison non seulement du mandat diplomatique, mais aussi de la confiance internationale.

Ces faits, juxtaposés, dessinent le tableau d’une diplomatie congolaise en proie à la déliquescence, où les missions censées porter la voix et les intérêts de la nation à l’étranger se transforment, par la faute de certains de leurs agents, en foyers d’abus, de compromissions et, désormais, de criminalité transnationale.

Cette dérive ne saurait être réduite à des fautes individuelles : elle met en lumière l’absence de contrôle, l’impunité systémique et le déficit de redevabilité qui gangrènent l’appareil diplomatique.

Il revient aux autorités congolaises, si elles veulent sauver ce qui peut encore l’être de la crédibilité internationale du pays, de rompre avec la complaisance et d’instaurer un dispositif de supervision rigoureux, allant jusqu’à lever l’immunité en cas de suspicion grave.

Faute de quoi, la diplomatie congolaise continuera de s’enfoncer dans le discrédit, troquant l’honorable rôle de médiatrice et d’ambassadrice des intérêts nationaux pour la sinistre réputation d’une institution en faillite morale, où le passeport diplomatique devient un laissez-passer vers l’illégalité.

À Madrid, l’ambassade congolaise a été condamnée pour licenciement abusif, salaires impayés et népotisme, révèle une gestion arbitraire

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