Mwenga ou la déroute et dérive d’une stratégie militaire

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 novembre 2025 à 01:24

Depuis plusieurs semaines, la configuration militaire à l’Est de la République démocratique du Congo suscitait de vives inquiétudes parmi les observateurs avertis et les conseillers de l’ombre du président Tshisekedi.

Les évaluations stratégiques convergeaient vers une évidence : le rapport de forces était largement défavorable aux FARDC et à leurs alliés locaux, les miliciens dits Wazalendo et les FDLR. Ces analyses, fondées sur des données de terrain, la cartographie des forces insurgées et l’expérience opérationnelle des dernières campagnes, ont été transmises avec insistance aux plus hautes sphères du pouvoir.

Malgré la clarté de ces avertissements, le Président Tshisekedi a persisté dans une logique d’affrontement direct, préférant la dépense effrénée de ressources publiques pour l’acquisition d’équipements militaires sophistiqués et le recours massif à des mercenaires étrangers.

Parallèlement, des fonds colossaux ont été réservés au président burundais, dans une tentative manifeste de consolider des alliances externes plutôt que de renforcer l’efficacité interne de l’armée. Cette obstination, détachée de toute analyse rationnelle du terrain, révèle une gouvernance stratégique marquée par l’orgueil et l’irresponsabilité.

La débâcle militaire et ses manifestations

La matinée du lundi 24 novembre 2025 restera gravée comme un tournant dramatique : dès 11 heures, les cités de Kitwabaluzi et Kilungutwe, au sein de la chefferie de Burhinyi dans le territoire de Mwenga, sont passées sous le contrôle incontesté du mouvement AFC-M23. Les troupes FARDC et Wazalendo, prises de panique, ont abandonné armes, munitions et matériels sur place, illustrant une désorganisation totale et une incapacité à maintenir toute forme de résistance cohérente.

L’impact sur la population civile est immédiat et dévastateur. Dans le chef-lieu de la chefferie de Luindi, le centre de Cidasa a été le théâtre de pillages systématiques : commerces, motos et bétail ont été dévalisés par les FARDC et les supplétifs, laissant derrière eux un paysage de ruine matérielle et psychologique.

Ces événements ne sont pas de simples incidents isolés, mais le symptôme d’une stratégie militaire défaillante, où le coût humain et matériel dépasse de loin tout objectif tactique ou politique.

Analyse des causes : stratégies inadaptées et erreurs politiques

L’échec militaire récent ne saurait être imputé au hasard. Il découle d’une combinaison de facteurs structurels et décisionnels dont la persistance dans une guerre dont le rapport de forces était manifestement défavorable.

Le choix d’allouer des ressources considérables à des mercenaires et à des alliances externes, plutôt qu’au renforcement opérationnel et logistique des troupes nationales.
L’absence de planification stratégique adéquate, notamment l’échec à sécuriser les axes logistiques et à adopter une posture défensive plus cohérente.

La focalisation sur des objectifs de prestige politique au détriment de la sécurité réelle des populations et des soldats.

En outre, la mise en scène de « succès » ponctuels et l’illusion d’un contrôle territorial, souvent relayée par la communication officielle, n’a pu masquer la réalité du terrain : les forces gouvernementales se désagrègent à la moindre escarmouche, laissant les populations locales exposées à la violence et au pillage.

Conséquences socio-économiques et humanitaires

Au-delà de la défaite militaire, la situation entraîne des conséquences humanitaires dramatiques. La fuite des troupes et le pillage systématique provoquent : un effondrement de l’économie locale ; une insécurité alimentaire accrue ; une exacerbation des tensions intercommunautaires et un traumatisme psychologique durable pour les habitants.

Ces éléments aggravent la fragilité déjà extrême de la région de Mwenga, où la gouvernance de l’État est remise en question non seulement par l’incapacité militaire, mais aussi par l’absence de politiques de protection civile efficaces.

Réflexions sur la responsabilité de l’État et perspectives

Mwenga illustre tragiquement la conséquence d’une obstination politique détachée de toute rationalité stratégique. L’État, censé assurer la sécurité et le bien-être de ses citoyens, apparaît ici en position d’inefficacité manifeste, exposant sa population à la défaite militaire, au pillage et à la terreur.

Les responsabilités sont doubles : sur le plan tactique, l’armée ne peut plus prétendre à un contrôle efficace ; sur le plan politique, l’exécutif s’expose à un discrédit profond, tant national qu’international.

Face à cette situation, deux impératifs s’imposent : reconnaître l’ampleur de la déroute pour en tirer les leçons stratégiques et engager sans délai un processus de dialogue et de paix, afin de restaurer la légitimité de l’État et la sécurité des populations.

Persister dans la voie de la confrontation armée, malgré l’évidence des déséquilibres du terrain, ne conduira qu’à l’extension du chaos et à la prolongation de la souffrance des communautés civiles.

Depuis plusieurs semaines, la situation militaire à l’Est de la RDC inquiète observateurs et conseillers du président Tshisekedi

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