Une lecture attentive de ce document laisse transparaître un biais sélectif manifeste, qui tend à édulcorer la responsabilité des groupes armés alliés au gouvernement congolais et à des forces burundaises, alors que les preuves de leur implication dans des exactions contre les civils sont largement documentées par des sources locales fiables et indépendantes.
Le rapport qualifie ainsi la milice CODECO de « groupe armé indépendant », omettant de préciser que cette formation a été intégrée à la Réserve Armée de Défense (RAD) et avait officiellement annoncé mettre à disposition plus de 50 000 combattants au profit des FARDC.
Lors des attaques perpétrées par CODECO en octobre 2025 dans le territoire de Djugu, plusieurs observateurs ont constaté l’usage par ces miliciens d’armes modernes, notamment des mitrailleuses PKM et 12,7 mm, identiques à celles fournies récemment par le gouvernement congolais pour renforcer ses opérations contre la CRP de Thomas Lubanga.
La responsabilité directe du gouvernement congolais dans ces attaques est ainsi engagée, par le biais de la fourniture d’armement et de munitions, pourtant ignorée dans le rapport Ebuteli–KST. L’Église catholique en Ituri a, par ailleurs, dénoncé publiquement cette coopération entre les FARDC et CODECO, un élément central qui demeure absent de l’analyse officielle.
Sur le terrain, CODECO entretient également des liens opérationnels avec plusieurs milices Maï-Maï, notamment UPLC et FPP/Kabido, désormais intégrées dans la coalition Wazalendo en Ituri. Ces groupes se livrent à des violations graves des droits humains contre les populations civiles, allant des assassinats ciblés aux exécutions sommaires, souvent en toute impunité, bénéficiant de leur statut de « Wazalendo » et de la protection implicite de forces alliées. En outre, ces milices participent activement au pillage et au contrôle illégal de ressources naturelles telles que l’or, le bois et le cacao, percevant des taxes abusives aux multiples barrières clandestines établies sur leurs zones d’influence.
L’impunité structurelle et le rôle des forces alliées : Nord et Sud-Kivu sous l’ombre de l’appui étatique
Le constat s’étend au Nord-Kivu, où les milices Wazalendo et les FDLR continuent de perpétrer des exactions, en collaboration avec des autorités étatiques congolaises. En octobre 2025, le groupement de Bishusha a été le théâtre de la mort de plus de dix civils, victimes des opérations combinées du CMC Nyatura et des FDLR, intégrés dans des dispositifs opérationnels soutenus par Kinshasa.
Dans les territoires de Walikale, Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, ces groupes mènent des opérations punitives à l’encontre des populations locales, y compris dans des zones sous contrôle de l’AFC/M23, exécutant des civils et imposant leur loi avec une violence systématique, sans que ces faits ne soient relevés avec rigueur dans le rapport Ebuteli–KST.
Au Sud-Kivu, l’implantation de Wazalendo a entraîné la création de cachots clandestins où des civils sont détenus, torturés et exécutés. L’exécution brutale de Justin Karumba, notable de Katana, illustre la radicalisation de ces groupes bénéficiant de l’appui des FARDC, des forces armées burundaises et des FDLR.
Dans la plaine de la Ruzizi et d’autres localités, les militaires burundais et les Imbonerakure se rendent coupables de tracasseries, de pillages agricoles et de violences sexuelles.
A Mwenga, les Imbonerakure, les milices Maï-Maï affiliées aux Wazalendo et les combattants FDLR imposent des taxes illégales aux populations locales, aggravant la souffrance des civils. Ces pratiques, régulièrement dénoncées par des acteurs de terrain tels que Foka Mike (Kahasha Murhula), restent insuffisamment documentées ou analysées par le rapport officiel, qui semble privilégier la protection des alliés stratégiques du pouvoir congolais au détriment de la vérité des exactions sur le terrain.
Ainsi, le rapport Ebuteli–KST, loin de constituer une évaluation objective, apparaît comme un instrument de blanchiment implicite des forces armées alliées, dissimulant la responsabilité directe de l’État et de ses partenaires dans les graves violations des droits humains à l’Est de la RDC.
Cette approche sélective fragilise non seulement la crédibilité des institutions d’analyse sécuritaire, mais compromet également la réponse internationale et humanitaire face à une situation qui demeure critique et meurtrière pour les populations civiles.














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