Le député Gratien Iracan exige des comptes au sommet de l’Etat

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 août 2025 à 01:09

En Ituri, la tragédie s’épaissit de jour en jour et prend les contours glaçants d’une épuration ethnique méthodique visant principalement les Hema, sous le regard impassible et parfois complice de ceux-là mêmes qui devraient assurer leur protection.

Le député national Gratien de Saint Nicolas Iracan, élu de Bunia, vient de dresser un tableau accablant devant l’assemblée nationale : celui d’une province qui, depuis cinq ans placée sous état de siège, n’a connu ni sécurité ni apaisement, mais au contraire une spirale d’atrocités commises avec une régularité macabre.

Dans son rapport circonstancié, l’élu dénonce une série d’exactions qui relèvent sans conteste du registre des crimes contre l’humanité : massacres de civils, exécutions sommaires, villages incendiés, pillages systématiques, déplacements forcés de populations entières.

Ce qui glace davantage, c’est que ces crimes se commettent à quelques encablures seulement des positions tenues par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Mission des Nations unies au Congo (MONUSCO), sans que ni l’une ni l’autre ne daigne intervenir. Plus troublant encore : des indices concordants évoquent une complicité active entre certains éléments des FARDC et les miliciens de la CODECO, groupe armé notoirement responsable de ces tueries.

Au centre des accusations figure le gouverneur militaire d’Ituri, le général Johnny Luboya Nkashama. Gratien Iracan l’accuse d’avoir failli gravement à son devoir fondamental de protéger les civils et exige son limogeage immédiat, son inculpation et l’arrestation des commandants militaires présents dans les zones de massacres.

Selon les constats du député, huit violations majeures pèsent sur le gouverneur et ses forces : atteintes à l’intégrité physique et à la dignité humaine, usage illégal de la force par l’armée régulière, violations du droit à la sécurité et à la justice, atteintes aux droits économiques et sociaux, exactions ciblant femmes et enfants, sans oublier la négation du droit à la vérité et à la mémoire.

L’ombre qui plane sur cette tragédie est celle du silence officiel. Le gouvernement congolais, malgré la gravité et la répétition des massacres, s’enferme dans une inertie coupable, comme s’il s’était résigné à faire de l’Ituri un « cimetière à ciel ouvert ». Cette abdication de responsabilité révolte l’élu de Bunia, qui appelle à une enquête nationale et internationale indépendante, à la mise en place d’un dispositif sécuritaire crédible et à une restauration indispensable de la confiance entre civils et militaires.

Car ce qui se joue aujourd’hui en Ituri dépasse le simple cadre d’une insécurité chronique : c’est la survie d’une communauté entière qui est en question, menacée par une logique exterminatrice tolérée, sinon encouragée, par ceux qui ont pourtant prêté serment de protéger la nation.

A ce scandale humanitaire s’ajoute donc un scandale politique et moral : l’État congolais, par son silence et ses complicités, se rend coresponsable de l’effacement programmé des Hema.

Le député Gratien de Saint Nicolas Iracan, élu de Bunia, a dénoncé devant l’Assemblée nationale l’inefficacité de l’état de siège

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