À ce stade, toute décision devient subordonnée à un alibi, toute initiative est submergée par le poids de la condition préalable qu’on s’est soi-même imposée. Dans ce simulacre de politique, la parole officielle se fait instrument de temporisation, et la stratégie se réduit à un cérémonial de prétextes répétitifs qui ne servent qu’à masquer l’incapacité ou le refus d’assumer le réel.
Ainsi, ce qui devrait constituer un engagement tangible envers la justice, la réconciliation ou la paix, se transforme en simple caution rhétorique, un écran de fumée destiné à suspendre indéfiniment le cours des événements.
Tshisekedi en adoptant le prétexte comme règle de gouvernance, se condamne à l’inertie, et révèle, avec une lucidité involontaire, sa propension à fuir les conséquences de ses propres décisions. Sa gouvernance, au lieu de s’inscrire dans la clarté et la responsabilité, se perd dans un labyrinthe de conditions, et la légitimité politique se dissout dans l’artifice même qu’elle prétend instrumentaliser.
En politique, comme en mathématiques, la preuve par neuf ne garantit nullement la justesse d’un calcul ; elle permet seulement de vérifier la cohérence d’une opération. Il en va de même pour le théâtre diplomatique auquel se livre le président Félix Tshisekedi : en transformant le prérequis en conséquence, il révèle, avec une clarté déconcertante, un manque de volonté qui confine à la paralysie morale et stratégique.
Le dossier de la libération des prisonniers de facies, ces Tutsi congolais incarcérés dans des conditions inhumaines pour le seul fait de leur identité ethnique, constitue un préalable non négociable pour l’AFC/M23. Et pourtant, l’exécutif congolais, dans un réflexe de surplace, se refuse à en tirer les conséquences logiques. Le médiateur international, conscient de l’urgence et de la gravité de la situation, pousse Kinshasa vers la libération immédiate, conformément aux engagements humanitaires et à l’esprit même de la négociation.
Mais Tshisekedi, fidèle à ses habitudes, préfère transformer la nécessité en attente : « ils seront libérés après la signature de l’accord de paix », entend-on à Kinshasa.
Cette manœuvre, aussi subtile qu’indécente, vise avant tout à gagner du temps, à faire durer des négociations qu’on sait vouées à l’échec si elles devaient se conclure dans l’immédiat. Derrière ce vernis de diplomatie, se devine une stratégie d’esquive : temporiser, diluer les responsabilités, se réserver le droit de se rebuffer après l’instant décisif. C’est une manière détournée d’afficher une apparente coopération tout en refusant de s’engager dans l’inévitable la justice et la réconciliation qui s’imposent.
La posture de Tshisekedi révèle ainsi un paradoxe fondamental : elle illustre le désir de paix sans volonté réelle d’en assumer les contraintes. Elle traduit un calcul politique cynique où la lenteur devient instrument de maîtrise et où l’attente est érigée en vertu.
Mais l’AFC/M23, avertie et lucide, ne tombera pas dans ce piège. Elle sait lire entre les lignes et comprendre que l’absence de libération des prisonniers ne constitue pas un simple retard administratif, mais un message politique : la paix, dans sa forme authentique, dérange encore à Kinshasa.
Dans ce contexte, le président congolais apparaît moins comme un artisan de la paix que comme un acteur qui s’accommode des contradictions, jonglant avec le temps et les urgences pour maintenir sa posture intacte. L’histoire retiendra que, lorsque le prérequis devient résultat, c’est la paix qui devient prisonnière de l’inaction. Et c’est cette inaction, loin des projecteurs médiatiques et des discours officiels, qui met en lumière, sans fard, le manque criant de volonté d’un dirigeant à accepter que la responsabilité politique engage toujours des conséquences.

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