Le ministre de la Défense congolais admet la responsabilité du gouvernement dans les revers face à l’AFC/M23

Redigé par IGIHE
Le 9 avril 2025 à 06:22

Le ministre de la Défense de la République démocratique du Congo, Guy Kabombo Mudiamvita, a admis que le gouvernement avait sa part de responsabilité dans la défaite de l’armée face à l’alliance AFC/M23.

Ces propos ont été tenus lors d’une visite dans le territoire d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, visant à remonter le moral des troupes et des milices locales engagées dans les combats contre l’alliance AFC/M23.

Les soldats congolais et les miliciens regroupés à Uvira sont, pour la plupart, ceux qui avaient fui après la chute de Bukavu aux mains de l’AFC/M23, le 16 février 2025, soit seulement deux semaines après la prise de Goma, autre ville stratégique de la région.

Depuis que l’AFC/M23 a conquis la ville de Bunagana, dans la province du Nord-Kivu, en juin 2022, l’armée congolaise n’a cessé de présenter ses retraits comme des replis tactiques, destinés à lui permettre de se réorganiser en vue de reconquérir les territoires perdus.

Interrogé sur ces déclarations récurrentes alors même que les pertes territoriales se multiplient, Guy Kabombo Mudiamvita a attribué les revers militaires à la précarité des conditions de vie des soldats.

« Si les soldats ne disposent pas des ressources nécessaires et vivent dans des conditions déplorables, que peut-on réellement attendre d’eux ? Le problème est avant tout politique. C’est pourquoi nous devons impérativement améliorer la situation », a-t-il déclaré.

Face à l’intensification du conflit dans l’est du pays, le gouvernement congolais a décidé de procéder à une augmentation significative du budget dédié à l’armée. L’année dernière, une enveloppe de 19,5 milliards de dollars a été allouée sur une période de cinq ans aux secteurs de la défense et de la sécurité, soit une moyenne annuelle d’environ 3,8 milliards de dollars.

En 2023, le budget militaire a enregistré une augmentation spectaculaire de 300 %, passant de 330 millions à 1 milliard de dollars. Cette enveloppe a été principalement consacrée à l’acquisition d’équipements militaires modernes — notamment des avions de chasse —, à la réhabilitation des infrastructures de défense, ainsi qu’à la formation de nouvelles recrues.

Malgré cet effort budgétaire, les soldats — en particulier ceux déployés en première ligne — continuent de dénoncer des salaires dérisoires et des retards récurrents de paiement. Plusieurs rapports font état d’un détournement systématique des fonds alloués, qui, une fois transférés depuis Kinshasa, n’atteindraient jamais les provinces de l’est. Des officiers supérieurs sont directement mis en cause dans ces pratiques.

Le mois dernier, le gouvernement a annoncé une revalorisation du salaire de base des militaires, désormais fixé à 500 dollars par mois. Toutefois, cette mesure suscite peu d’espoir dans les rangs, tant la crainte est grande de voir les fonds une fois de plus siphonnés par des circuits de corruption bien rodés.

De nombreux responsables congolais sont régulièrement accusés de corruption, exploitant les failles du système dès qu’une opportunité se présente pour en tirer un bénéfice personnel. Le ministre de la Défense, Guy Kabombo Mudiamvita, n’échappe pas à ces soupçons.

Selon plusieurs acteurs du secteur minier dans l’ex-province du Katanga, dès sa nomination à la tête du ministère, Mudiamvita et certains de ses proches auraient rapidement pris le contrôle de plusieurs exploitations minières locales, soulevant de sérieuses interrogations sur l’usage de ses fonctions à des fins personnelles.

« On se demandait où passait l’argent, mais la réponse est claire : tout le monde débarque à Lubumbashi et à Kolwezi pour se débrouiller. Les ministres ne viennent pas pour nous aider, mais pour prendre leurs enveloppes... ils viennent pour se servir », a confié un acteur local du secteur minier.

Bien que Mudiamvita reconnaisse la part de responsabilité des dirigeants politiques dans les revers militaires, ce sont les soldats de rang inférieur qui en paient le prix. Depuis le début de l’année 2022, de nombreux militaires accusés de désertion ont été arrêtés.

Jugés par des tribunaux militaires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, certains d’entre eux ont été condamnés à mort pour avoir abandonné leur poste au front.

Guy Kabombo Mudiamvita a attribué les revers militaires à la précarité des conditions de vie des soldats

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