Cette décision survient après une série de défaites sur le terrain pour l’armée congolaise et ses alliés dans cette région en proie à des conflits depuis plusieurs années.

D’après des sources diplomatiques, Ndayishimiye a tenu une réunion de haut niveau à Bujumbura le 27 février dernier, où il a abordé la crise sécuritaire dans l’est de la RDC et réaffirmé son engagement à lutter contre les rebelles du M23. Toutefois, malgré ses appels publics à une résolution diplomatique du conflit, ses actions militaires continuent de soutenir la guerre qu’il prétend vouloir médiatiser.

Depuis août 2023, le Burundi maintient une présence militaire significative dans l’est de la RDC, dans le cadre d’un accord controversé avec le président congolais Félix Tshisekedi. Cet accord, qui stipule que Ndayishimiye perçoit un paiement mensuel de 5 000 $ par soldat, soulève de nombreuses interrogations sur les motivations financières derrière l’implication du Burundi dans ce conflit.

Cependant, les soldats burundais eux-mêmes ne reçoivent qu’une fraction de cette somme, soit 70 $ pour les soldats de rang inférieur et 100 $ pour les officiers, ce qui alimente les doutes sur les véritables bénéficiaires de cet arrangement.

Le 23 février 2025, le Burundi a renforcé ses positions dans la plaine de la Ruzizi en envoyant des unités d’artillerie supplémentaires le long de la frontière de Vugizo. Des informations recueillies par IGIHE indiquent que l’armée burundaise a déployé des drones de surveillance et des pièces d’artillerie lourde, dont des canons de 120 mm et 122 mm, pour consolider ses positions avant les affrontements avec le M23.

La présence militaire burundaise en RDC a cependant rencontré une résistance féroce. Des rapports indiquent que des centaines de soldats burundais ont perdu la vie dans la région du Nord-Kivu au cours de l’année écoulée, tandisque plusieurs autres ont refusé de poursuivre les combats. En janvier 2025, 48 soldats du 20e bataillon ont opposé un refus de déploiement, entraînant leur arrestation sous l’accusation de mutinerie.

Cette situation de plus en plus tendue a généré des divisions au sein du gouvernement et de l’armée burundais. Les critiques affirment que les déploiements de Ndayishimiye sont davantage motivés par des gains financiers personnels que par des considérations de sécurité nationale. Sur le terrain, les soldats se sentent abandonnés et pris dans un conflit de plus en plus brutal et coûteux.

À Uvira, des commandants auraient ordonné que tout soldat tentant de fuir vers le Burundi en traversant le fleuve Rusizi soit consideré comme un ennemi et abattu sur place.

Malgré les pertes croissantes et le mécontentement général, Ndayishimiye semble déterminé à intensifier l’engagement militaire du Burundi. Son dernier ordre vise à accentuer la présence des forces burundaises dans le Sud-Kivu, avec pour objectif, reprendre les zones occupées par les rebelles, telles que Bukavu et l’aéroport de Kavumu. Cependant, des rapports internes suggèrent que les soldats burundais deviennent de plus en plus réticents à affronter le M23, craignant des pertes encore plus lourdes dans ce conflit.

Alors que les dirigeants régionaux, notamment lors du sommet de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) du 8 février 2025, ont renouvelé leurs appels à un cessez-le-feu immédiat et à un dialogue pacifique, l’implication croissante du Burundi dans le conflit complique sérieusement les efforts visant à parvenir à une solution durable. Ainsi, les perspectives de paix demeurent toujours incertaines tant que les forces burundaises poursuivent leurs opérations militaires sur le terrain.

Le président burundais a ordonné à l’armée burundaise de mener une offensive pour déloger les rebelles du M23 du Sud-Kivu