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Le vice et la vertu

Redigé par Tite Gatabazi
Le 27 janvier 2022 à 09:45

Le vice tout comme la vertu hantent les esprits des humains depuis la nuit des temps et les relations humaines n’auraient probablement pas été les mêmes sans ce questionnement permanent.

Dans les « Maximes » La Rochefoucauld est sans illusion sur la nature humaine et sur la société. En effet, il y démasque les faux semblants et les vanités et démystifie la plupart des prétendues vertus.

Ses comparaisons participent d’une esthétique du sublime qui met en pièce le faux de l’honnête homme et du courtisan.

Il dénonce l’orgueil et la vanité des humains. Il réfute le libre arbitre et met à nu la faiblesse de l’être humain, son art de la dissimulation et de la feinte.

Car la vertu vise exclusivement l’humain dans son individualité, son authenticité, sa perfection et la reconnaissance puis la correction des erreurs, des faux pas, des fautes et assurent son équilibre psychologique.

Elle est essentielle à l’intégration et la régulation de l’individu dans la société. A commencer par la famille, la cellule de base dans toutes les cultures et ce qu’elle inculque telle que la bienveillance et l’amour.

De l’éthique à la politique en passant par le droit et la religion, la confrontation avec le réel dispose de ce pouvoir pour survoler les disciplines et déterminer la fabrique des identités et les liens interpersonnels jusqu’aux logiques sociales.

Jean Jacques Rousseau dans « Le Discours sur les sciences et les arts » écrit ceci : « ô vertu ! Science sublime des âmes simples, faut-il donc tant de peines et d’appareil pour te connaitre ? Tes principes ne sont-ils pas gravés dans les cœurs et ne suffit-il pas de comprendre tes lois et rentrer en soi-même et d’écouter la voix de ta conscience dans le silence des passions ? »

En politique, Machiavel fait reposer la vertu du Prince sur la force et la ruse.

Tandis que Spinoza identifie la vertu à la puissance de l’effort pendant que Kant, lui, distingue la vertu qui oblige intérieurement et le droit qui contraint extérieurement.

Si l’idée du vice s’est émoussée, la vertu reste inchangée.

L’un et l’autre sont relatifs à quelque chose qui permet de dire que tel comportement est vertueux ou vicieux.

La vertu rend fort, pousse à aller de l’avant, aide à combattre, à comprendre les autres, a être juste. Le vice est essentiellement parasite.

Ceux qui ont la force d’âme et la bravoure sont traité de vertueux.

Une personne vertueuse n’éprouve nulle contrainte à l’être, elle l’est joyeusement, consciente de réaliser ainsi sa nature.

La vertu assure la rectitude du but que l’on poursuit et la prudence celles des moyens pour y parvenir.

Parce que le comportement et les actes ne sont pas neutres, ils participent à l’épanouissement de la personne ou à sa perte.

Le vice comme la vertu sont des dispositions intérieures. Mais là où la vertu libère, le vice enferme dans la dépendance.

On peut accuser les vicieux de dépravation des mœurs et d’immoralité. Car le vice conduit à la perdition.

Pour Rousseau, la vertu constitue un idéal existentiel. Elle s’est trouvée idéalisée par plusieurs philosophes et sa conceptualisation a été forgée au rythme des ruptures et des logiques propres aux existences des uns et des autres.

Qu’il s’agisse d’Aristote, de Platon, Socrate, Montesquieu, Voltaire et même Confucius. Ces philosophes qui mieux que quiconque ont su dépeindre, par la réflexion, l’injustice tragique de la vie.

Pour eux, la vertu n’est pas seulement un moyen pour dépeindre la perfection humaine, elle compose aussi une manière de penser et d’agir orientée vers le « bien » à la fois morale et politique.

Il est donc des obstacles et non des moindres sur le chemine de la vertu. Au premier rang desquelles la censure, la subtilité de certaines vérités qu’il est souvent difficile d’exprimer, les limites de la connaissance et la relativité des normes des cultures.

Reconnaitre le vice, ce n’est pas uniquement le ramener au miroir des vertus correspondant, c’est également interroger sa cause, ses effets et son fonctionnement sur le caractère, le mode de vie de l’individu et de la société.

Les interactions, le rôle social des représentations et des jugements donnent au vice une explication de cause à effet.

Pour toute démarche qui privilégie la vertu, le vice constitue une menace sérieuse de sa destruction ou de sa corruption. Les turpitudes et les perversions sont le miroir brisé de la vertu.

Même Jésus y va avec les pharisiens que l’évangile dépeint comme perfides.

« Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites. Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui, en dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés » aurait lancé Jésus aux scribes.

Certains vices sont beaucoup plus visibles que d’autres : la cupidité, la lâcheté, l’envie. Pendant que d’autres sont plus subtiles comme la jalousie et même que d’autres encore sont carrément imperceptibles sans pour autant être moins dangereux. Telle la paresse ou la précipitation.

Si la vertu touche d’abord l’individualité, elle affecte la sphère sociale, celle du vivre ensemble et du bien commun et par là, la politique et le droit.

Plus que cet attrait intellectuel et ses multiples perspectives philosophiques qu’elle recèle, la vertu parait constituée un modèle existentiel.

Avec cette capacité de produire du sens pour tout sujet confronté à diverses épreuves de l’existence et emportée par les questionnements intérieurs.

Il suffit pour ce faire de regarder autour de soi, ces milliers de personnes tourmentées par les vicissitudes de la vie et entrecoupées par la brutalité des ruptures pour prendre conscience de cette vérité.


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