Les sanctions belges : Un jeu politique aux conséquences dévastatrices

Redigé par Jean-Pierre Peeters
Le 27 mars 2025 à 05:18

La lutte des pouvoirs et la diplomatie internationale sont souvent teintées d’intérêts personnels et de rivalités héritées du passé colonial. La crise diplomatique qui oppose le Rwanda et la Belgique depuis le 17 mars 2025 en est un exemple frappant. Le nouveau gouvernement belge, installé depuis seulement quelques semaines, s’est engagé dans une offensive inédite contre Kigali alors que la diplomatie rwandaise se positionne également d’égal à égal. Mais loin d’être justifié par des motifs clairs, cet affrontement semble avoir été fabriqué, prétextant une défense de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC) sans aucun fondement.

Lorsque l’on évoque le "Droit International", il devient crucial de examiner le passé. La Belgique, avec son histoire tumultueuse liée au génocide contre les Tutsi en 1994, n’a que peu de légitimité pour actionner des accusations contre le Rwanda, d’autant plus que les événements d’hier révèlent une dynamique biaisée. À l’époque où des milliers de vies étaient en jeu, Bruxelles a choisi de tourner le dos à ses obligations humanitaires, abandonnant des populations à leur sort. Ce silence d’hier ne fait que renforcer la perception que le Droit International est à deux vitesses, favorisant certains mais négligeant d’autres.

La politique belge actuelle, teintée de sanctions contre le Rwanda, soulève des questions éthiques. Qui sont réellement les déstabilisateurs dans cette région ? Les accusations de déstabilisation, portées par Bruxelles, masquent une complexité plus profonde. La Belgique, par ses décisions, semble faire le jeu d’intérêts politiques, ignorant les véritables dynamiques en jeu : les conflits internes, les génocidaires en liberté, et les millions de Congolais réfugiés fuyant les violences incessantes. En sponsorisant des médias qui perpétuent la haine, elle sert les mêmes forces qui à l’époque ont contribué à l’effondrement de la paix dans la région.

Les actions de Kinshasa, qui a armé des groupes ayant un passé tragique, questionnent également la moralité de la position belge. La complicité de la RDC dans le soutien aux éléments extrémistes souligne l’hypocrisie de certains politiciens belges qui se voient comme les arbitres de la paix. Qui est réellement responsable de la déstabilisation ? Est-ce le Rwanda qui cherche simplement à protéger son territoire ou la Belgique cherchant à contrôler une narrative et à maintenir une influence sur des régions qu’elle a longtemps dominées ?

Cette position agressive du gouvernement belge à l’encontre du Rwanda ne peut pas être isolée des craintes qu’elle suscite chez certains politiciens concernant l’émergence d’un Rwanda fort et autonomisé. Après tout, l’histoire coloniale de la Belgique pèse encore lourdement sur ses relations internationales, et un Rwanda prospère remettrait en question l’héritage d’un système qui a constamment cherché à maintenir le sous-développement des nations africaines.

Le comportement des diplomates belges semble symptomatique d’une attitude pétrie d’arrogance et de méfiance. En écartant le Rwanda des discussions et en ne reconnaissant pas les répercussions de leurs sanctions, les autorités belges peuvent être vues comme de simples acteurs de division en Afrique des Grands Lacs.

Le moment est venu de reconsidérer ces approches unilatérales. En lieu et place des sanctions, la Belgique pourrait faire preuve de courage en arguant pour un dialogue sincère, respectant les aspirations des populations africaines. Au lieu de continuer dans une spirale de tensions, les nations doivent trouver un terrain d’entente pour construire un avenir pacifique et prospère pour toutes les parties impliquées.

En fin de compte, il est essentiel de choisir le dialogue sur le conflit, la compréhension sur la suspicion, et l’écoute sur l’accusation. Cette voie est la seule capable d’amorcer une paix durable et de garantir que les erreurs du passé ne se reproduisent plus.

Jean-Pierre Peeters, auteur de l'article

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