Urgent

Quand le pouvoir de Tshisekedi s’égare dans ses propres chimères

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 octobre 2025 à 10:00

Il est des moments charnières où le voile des stratégies politiciennes se déchire, laissant apparaître l’ossature nue des manœuvres les plus grossières.

Le conclave tenu à Nairobi du 14 au 15 octobre a constitué l’un de ces moments de vérité. En effet, la plateforme politique nouvellement structurée autour de Joseph Kabila a tranché d’un geste net les rumeurs savamment entretenues par le pouvoir en place : aucun lien organique ne rattache l’ancien chef de l’État à Alliance Fleuve Congo, communément associée au mouvement Mouvement du 23 Mars (M23).

Cette clarification a valeur de coup de tonnerre dans un paysage politique miné par la suspicion instrumentalisée. Elle met à nu une rhétorique du soupçon forgée à dessein par le régime de Félix Tshisekedi, qui s’emploie depuis plusieurs mois à amalgamer des trajectoires politiques distinctes pour justifier ses propres errements stratégiques. La thèse d’une collusion supposée entre Kabila et l’AFC/M23 n’a jamais reposé sur des éléments tangibles, mais sur un échafaudage discursif aussi fragile que commode.

En février 2025, convalescent mais déjà prompt à reprendre la parole publique, Tshisekedi avait utilisé les canaux de propagande de Top Congo FM pour insinuer, sans la moindre preuve, que Joseph Kabila serait le maître d’œuvre d’une insurrection déguisée.

Cette stratégie relève d’un réflexe bien connu des régimes en perte de contrôle : fabriquer des ennemis commodes pour détourner l’attention de leurs propres échecs. L’amalgame devient alors un outil de gouvernement, la calomnie un levier politique.

Or, la réalité est autrement plus nuancée. La nouvelle plateforme politique de Kabila, baptisée « Sauvons la RDC », affirme sa singularité et son autonomie. Elle n’est ni le prolongement ni le masque d’une rébellion armée. Elle s’inscrit dans une logique politique propre, à mille lieues des accusations incendiaires distillées par Kinshasa.

En tentant de l’associer artificiellement à l’AFC/M23, le pouvoir actuel cherche moins à éclairer l’opinion qu’à la conditionner à transformer un adversaire politique en bouc émissaire commode.

Parallèlement, il convient de rappeler que l’AFC/M23 revendique une légitimité constitutionnelle puisée dans l’article 64 de la Loi fondamentale congolaise, qui consacre le devoir du peuple de résister à toute oppression et de restaurer l’ordre républicain lorsqu’il est menacé.

Quelle que soit l’opinion que l’on puisse nourrir à l’endroit de ce mouvement, son fondement juridique et politique ne saurait être gommé d’un revers de main par les incantations d’un exécutif en difficulté. Le réduire à une marionnette entre les mains d’un ancien président relève d’une malhonnêteté intellectuelle, sinon d’une panique stratégique.

La question se pose dès lors avec acuité : sur quelles bases le pouvoir de Tshisekedi fonde-t-il ses décisions et ses accusations ? L’observation attentive révèle une gouvernance dominée par la réactivité émotionnelle plutôt que par la rationalité politique ; par la précipitation plutôt que par la délibération ; par le spectacle plutôt que par la profondeur analytique.

Cette posture a conduit le régime à se démentir lui-même à de multiples reprises, exposant son déficit de maîtrise et la pauvreté de ses dispositifs d’anticipation.

À l’heure où la crise sécuritaire s’enracine et où la défiance populaire s’exacerbe, recourir à des boucs émissaires n’est pas une stratégie de gouvernement, mais une fuite en avant. Le pouvoir Tshisekedi devrait comprendre qu’un État ne se dirige pas par insinuations, ni par des narratifs de diversion, mais par la rigueur des choix politiques et la solidité des alliances nationales.

En tentant d’instrumentaliser l’image de Joseph Kabila pour masquer ses impuissances, le régime ne fait que s’enfermer dans une logique d’autodestruction politique.

Il est temps, pour ceux qui gouvernent aujourd’hui la RDC, de sortir de la facilité des accusations sans fondement et de s’attaquer aux défis réels, ceux qui font chanceler la nation de l’intérieur. Car un pouvoir qui s’abrite derrière le brouillard des rumeurs révèle, souvent malgré lui, la vacuité de sa vision. Et c’est là que commence la chute des régimes qui se croient encore solides.

La plateforme politique nouvellement structurée autour de Joseph Kabila a tranché d’un geste net les rumeurs savamment entretenues par le pouvoir en place

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