Quand les élites belges renient la nation qu’elles dirigent

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 juillet 2025 à 02:11

En ce 21 juillet 2025, alors que la Belgique commémorait solennellement sa fête nationale, symbole de son unité politique et de son héritage historique partagé, une dissonance retentissante est venue troubler la gravité de l’instant : le silence ostensible de deux de ses plus hautes autorités, Bart De Wever et Théo Francken, respectivement Premier ministre et ministre de la Défense, tous deux issus des rangs de la N-VA, formation nationaliste flamande.

En refusant de prononcer les mots simples mais fondateurs de toute allégeance républicaine «  Vive la Belgique  » ces responsables politiques n’ont pas seulement exprimé une fidélité partisane à la cause flamande ; ils ont posé un acte de rupture symbolique, un geste de défi à l’égard du cadre étatique qu’ils sont pourtant appelés à incarner et à servir.

Ce repli identitaire, assumé et revendiqué, révèle la fragmentation insidieuse du sentiment d’appartenance nationale dans un pays où la cohabitation des communautés linguistiques, déjà mise à mal par des décennies de tensions institutionnelles, semble vaciller sous le poids des ambitions centrifuges. Il ne s’agit plus seulement d’une crise du fédéralisme, mais d’une érosion du pacte civique lui-même, de cette loyauté commune sans laquelle aucune démocratie ne saurait survivre.

Ainsi se dessine, dans l’ombre des festivités officielles, le spectre d’un patriotisme morcelé, d’un État dont les organes dirigeants semblent ne plus partager la même idée du bien commun ni la même fidélité à l’idéal national.

Il ne s’agit pas là d’un simple incident de protocole ni d’une facétie identitaire, mais bien d’un acte politique lourd de sens, qui interroge profondément le rapport à la nation, le respect des institutions, et la sincérité de l’engagement démocratique.

En s’abstenant de saluer l’unité du pays qu’ils dirigent, ces responsables ne se contentent pas de trahir l’esprit de la fonction qu’ils incarnent ; ils contribuent à délégitimer, aux yeux de leurs concitoyens, l’idée même d’une Belgique une et indivisible.

Un tollé, légitime et nourri, s’est élevé du côté francophone, rappelant que l’adhésion aux symboles d’unité nationale n’est pas une option laissée à l’appréciation des susceptibilités régionales, mais une exigence éthique minimale dans toute démocratie digne de ce nom.

À quoi bon prôner la loyauté républicaine et la cohésion démocratique sur les tribunes internationales si, dans les faits, ceux qui gouvernent donnent le spectacle d’un repli communautariste décomplexé  ?

Cette séquence, aussi brève qu’éloquente, dévoile une vérité dérangeante  : la Belgique, tout en se proclamant État de droit exemplaire, demeure un territoire profondément fracturé, où l’appartenance nationale reste un objet de négociation permanente. Le comportement de ces dirigeants n’est pas seulement une offense aux francophones ; il constitue une entaille grave dans le tissu du vivre-ensemble, cette denrée déjà si rare dans le paysage politique européen.

Le silence marqué du Premier ministre Bart De Wever et du ministre de la Défense Théo Francken, le jour de fête nationale en Belgique a jeté une ombre sur cette célébration de l’unité nationale

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