On en vient à croire que la fabulation est devenue doctrine, et la désinformation, réflexe pavlovien d’un pouvoir à bout d’argument. La dernière sortie du Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, illustre tragiquement cette dérive : affirmant avec aplomb que les ministres congolais et rwandais de l’Intérieur auraient été appelés à Doha pour servir de "caution morale" aux délégations respectives, il se livre à une réécriture des faits aussi grossière que vaine.
Car la vérité, solidement attestée, est tout autre. Le 27 juin 2025, dans la foulée de la signature de l’Accord de paix de Washington, le Ministre d’État qatari aux Affaires étrangères a convié l’ensemble des parties prenantes : RDC, Rwanda, et les garants du processus, États-Unis, Togo, Union africaine, à une réunion de concertation à l’ambassade du Qatar à Washington.
C’est à cette occasion que fut décidé, dans un esprit de continuité diplomatique, que des représentants de chacune de ces entités assisteraient à la phase subséquente des négociations à Doha, en qualité d’observateurs, dans la mesure où les processus de Washington et de Doha étaient conçus comme complémentaires et interdépendants.
En ce sens, la présence du Rwanda à Doha, à l’instar des autres garants, procède non pas d’un quelconque subterfuge bilatéral ou d’une improvisation procédurale, mais d’une logique diplomatique transparente, conforme aux usages internationaux. Quant au Vice-Premier Ministre congolais, sa prétendue « position d’observateur » frise l’absurde, la RDC étant partie intégrante et actrice centrale du processus de Doha.
Ainsi, en prétendant faussement une impartialité qui n’existe pas, Kinshasa insulte à la fois la logique, la diplomatie, et les exigences élémentaires de la rigueur institutionnelle.
Mais l’absurde ne s’arrête pas là. Il prend des allures de grotesque lorsque le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, dans une envolée aussi risible qu’infondée, se félicite au nom de l’État congolais d’avoir provoqué « l’étouffement » de l’économie rwandaise par le biais d’hypothétiques sanctions occidentales.
Face à une telle assertion, l’on ne sait s’il convient de rire ou de pleurer. Les chancelleries internationales n’en ont eu aucun écho, les indices macroéconomiques de Kigali ne l’attestent en rien, et l’assurance feutrée des diplomates rwandais tranche avec l’hystérie médiatique congolaise.
Ce naufrage discursif trahit, en réalité, une détresse politique profonde : celle d’un régime en mal de légitimité, qui compense son absence de résultats par une gesticulation verbale tous azimuts, confondant communication et gouvernement, improvisation et stratégie, mensonge et patriotisme.
Il est douloureux d’observer un État, qui pourrait se relever par le sérieux, s’enfoncer dans le ridicule par le cynisme. Pénible de voir un peuple pris en otage par ses propres dirigeants, qui sacrifient la paix, la vérité et l’intérêt national à l’autel d’une propagande vide. Et tragique, enfin, de constater que cette surcommunication institutionnelle, loin de convaincre, devient le symptôme le plus accablant d’un pouvoir en pleine déliquescence.

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