La RDC et l’AFC/M23 avaient déjà signé le 19 juillet 2025, une déclaration de principes censée servir de base à l’élaboration d’un accord de paix, dans le cadre des négociations en cours à Doha, au Qatar. Les deux camps s’étaient engagés à parvenir à un accord durable dans un délai d’un mois. La signature, prévue au plus tard le 18 août, n’a cependant pas eu lieu.
Des négociations toujours en cours
Le Qatar, en tant que médiateur, a assuré que les discussions se poursuivent et que les deux parties affichent leur volonté de continuer à dialoguer. Le 17 août, Kinshasa et le M23 ont d’ailleurs publié un communiqué conjoint réaffirmant leur engagement à tout mettre en œuvre pour parvenir à une paix durable.
Selon Jeune Afrique, Doha a transmis le 14 août 2025, un projet d’accord à examiner par les deux camps, tout en annonçant de nouveaux séries de négociations auxquels prendront part les représentants du gouvernement congolais et ceux de l’AFC/M23. Initialement prévues pour le 8 août, ces discussions avaient été reportées à la demande du M23, qui conditionnait sa participation à des mesures préalables de confiance, notamment la libération de prisonniers de guerre.
Libération des prisonniers et mécanisme de suivi
La libération des prisonniers constitue l’une des principales revendications de l’AFC/M23, mais Kinshasa la rejette tant que l’accord définitif n’est pas signé. Le projet transmis par le Qatar inclut néanmoins cette disposition, de même que d’autres mécanismes censés renforcer la paix.
Parmi eux figure la création d’un « Mécanisme multilatéral de surveillance », qui serait dirigé conjointement par la RDC et le M23, tandis que le Qatar et l’Union africaine (UA) joueraient le rôle de superviseurs pour veiller à la bonne application de l’accord.
Le texte prévoit un règlement du conflit en trois phases, étalées sur une période de sept mois à compter de la signature.
Une force conjointe et transitoire
La première phase concerne les questions sécuritaires et sociales. Elle prévoit la mise en place d’une unité militaire spéciale provisoire, placée sous la tutelle du ministère congolais de la Sécurité intérieure.
Cette force serait composée à 50 % d’anciens combattants du M23, travaillant en collaboration avec la police nationale. Son mandat serait limité aux zones en conflit des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Après cinq ans, renouvelables, ses membres devraient être intégrés dans l’armée et la police nationales.
Le point sensible du rétablissement de l’autorité de l’État
Au-delà de la question militaire, le projet de Doha inclut un programme de rétablissement de l’autorité de l’État dans les zones actuellement sous contrôle du M23.
C’est l’un des points les plus délicats. Après la signature de la déclaration de principes, la RDC et le M23 en ont donné des lectures opposées. Pour Kinshasa, cela signifie un retrait du M23 des territoires occupés. Mais le mouvement rebelle affirme qu’il n’a aucune intention de quitter les zones qu’il dit avoir « libérées ».
Le texte qatari propose que le gouvernement congolais nomme des autorités de transition dans ces territoires, avec possibilité pour l’AFC/M23 de présenter certains candidats. Ces autorités exerceraient leur mandat jusqu’en 2027, avant la tenue d’élections.
Un dialogue politique national en 2026
Le projet d’accord prévoit également l’organisation, en 2026, d’un dialogue politique national. Une proposition réclamée depuis longtemps par les responsables religieux et l’opposition, qui appellent à réconcilier une population profondément divisée par des années de mauvaise gouvernance.
Cette initiative, soutenue notamment par l’Église catholique et l’Église protestante, n’a toutefois jamais vu le jour. Le gouvernement formé le 8 août 2025, n’incluant qu’un nombre très restreint d’opposants, a d’ailleurs été perçu comme une tentative de torpiller ce projet. Néanmoins, l’appel à un dialogue politique national demeure fort parmi les acteurs réclamant une paix durable.
Les réserves du M23
Si le projet couvre plusieurs volets essentiels, l’AFC/M23 s’est déjà dite insatisfaite de certaines dispositions, en particulier celle relative au rétablissement de l’autorité de l’État. Le mouvement rejette l’idée que cette notion puisse concerner des zones qu’il affirme avoir « libérées ».
Il reproche également au texte de ne pas inclure son projet politique fondé sur le fédéralisme. Kinshasa, pour sa part, examine encore le document. Toutefois, un responsable congolais a précisé que la délégation envoyée à Doha avait pour mission de défendre les intérêts de la République et d’éviter la poursuite du conflit.

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