L’intervention visait le Comando Vermelho, le principal gang actif dans les favelas du nord de la ville, à quelques jours de l’accueil par Rio d’événements mondiaux liés au sommet climatique des Nations unies, la COP30.

Selon le gouverneur de l’État, Claudio Castro, le bilan inclut quatre policiers tués. L’opération a mobilisé près de 2 500 membres des forces de sécurité, soutenus par des véhicules blindés, des hélicoptères et des drones, dans les favelas d’Alemão et de Penha, situées à proximité de l’aéroport international de Rio.

Une intervention massive dans des quartiers densément peuplés

Les favelas de Rio sont des quartiers pauvres, densément peuplés et construits sur un terrain vallonné en bord de mer. Mardi, des fumées se sont élevées au-dessus de la ville alors que les trafiquants brûlaient des véhicules pour ralentir l’avancée de la police. Des coups de feu ont retenti pendant plusieurs heures et les habitants ont été contraints de se mettre à l’abri, tandis que les commerces fermaient leurs portes.

La police a diffusé des vidéos montrant des suspects utilisant des drones équipés de grenades contre les forces de l’ordre. Des hommes armés ont également été vus fuyant vers des zones forestières à proximité. Dans le quartier de Vila Cruzeiro, des policiers ont rassemblé une vingtaine de jeunes hommes torse nu, tandis que des familles en pleurs se précipitaient vers les hôpitaux pour s’occuper des blessés.

Le plus lourd bilan jamais enregistré

Le gouverneur Castro a qualifié l’opération de « plus grande jamais menée contre le Comando Vermelho ». Le bilan humain est le plus lourd enregistré à Rio dans une opération policière, dépassant largement celui de 2021, qui avait fait 28 morts. La police a saisi au moins 42 fusils et une grande quantité de drogue.

Malgré cette intensité, certaines organisations de la société civile ont critiqué l’approche militaire de la police, qualifiant l’opération de « tragédie » et estimant qu’elle ne cible pas efficacement les maillons clés de la production de drogue.

Les opérations policières dans les favelas sont aussi fréquentes que controversées. L’année dernière, près de 700 personnes sont mortes lors de ces interventions à Rio, soit presque deux par jour. En 2020, la Cour suprême brésilienne avait imposé des restrictions pour limiter l’usage des hélicoptères et encadrer les opérations à proximité des écoles et des centres de santé. Ces restrictions ont été levées cette année, laissant place à des interventions plus musclées.

Le député Henrique Vieira, pasteur évangélique, a dénoncé sur les réseaux sociaux la manière dont les opérations sont menées : « Le gouvernement de l’État considère les favelas comme un territoire ennemi, avec un permis de tirer et de tuer. » La Commission des droits humains de l’Assemblée législative de l’État de Rio a annoncé qu’elle demanderait des « explications sur les circonstances de cette action qui a transformé les favelas en théâtre de guerre ».

L’opération a fortement perturbé la vie quotidienne : de nombreuses écoles et centres médicaux ont été affectés, les itinéraires de bus modifiés et des embouteillages importants signalés dans plusieurs quartiers, tandis que les autorités tentaient d’exécuter 250 mandats d’arrêt et de perquisition visant des barons de la drogue et leurs réseaux de blanchiment d’argent.

Cette intervention policière intervient dans un contexte particulier, à quelques jours de l’ouverture à Rio du sommet mondial des maires C40 sur le climat et du prix Earthshot du prince William, qui réuniront notamment Kylie Minogue et Sebastian Vettel. Ces rendez-vous internationaux précèdent la COP30, prévue du 10 au 21 novembre dans la ville amazonienne de Belém.

Rio de Janeiro a été le théâtre de sa plus vaste opération policière jamais menée contre les trafiquants de drogue, faisant au moins 64 morts et 81 arrestations