Fin de la semaine du génocide des Tutsi au Mont Rebero : Dr Bizimana décrit la valeur des politiciens-héros rwandais

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 14 avril 2019 à 01:16

Ce Samedi 13 avril 2019, comme à la traditionnelle, la 25ème semaine-anniversaire de commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 se conclut au Cimetière des Politiciens rwandais qui ont payé de leurs vies le fait qu’ils étaient opposés à la perpétration du génocide survenu au moment où l’avion du principal orchestrateur de ce génocide, le Président d’alors Juvénal Habyarimana est tombé tiré à bout portant au dessus de sa résidence de Kanombe alors qu’il venait d’Arusha où il avait rencontré les principaux négociateurs des Accords d’Arusha entre le Gouvernement rwanda et les rebelles du FPR (Front Patriotique Rwandais).

La Cérémonie dirigée par le Président du Sénat, M. Bernard Makuza, est l’invité d’honneur. Il loue le courage hors du commun de ces politiciens rwandais dont la Première Ministre Agathe Uwilingiyimana ou Landoald Ndasingwa et surtout Boniface Ngulinzira massacrés dans les premières heures de ce génocide.

Il peut recommander aux politiciens actuels de suivre la bravoure de leurs défunts ainés. Mais c’est au Secrétaire Exécutif de la CNLG, Dr Jean Damascène Bizimana, de décrire les horreurs qui ont happé ces politiciens tout en montrant leur courage et la ferme détermination à se commettre aux valeurs humaines.

Beaucoup de lumières sur la tragédie qui a happé les politiciens opposés au MRND au pouvoir ont été apportées par le Docteur Jean Damascène Bizimana, Secrétaire Exécutif de la CNLG/Commission Nationale de Lutte contre le Génocide.

Le prélude au génocide
Le chercheur Jean Damascène a retracé les grands moments qui ont ébranlé la classe politique rwandaise d’alors. Il a montré comment dans le courant de 1993 au moment où la composition des institutions de transition se pensaient en terme de quota de personnalités issues de différents partis, les dignitaires du parti présidentiel d’alors prenaient le poil de la bête.

En cela, ils faisaient appel aux jeunesses Interahamwe du parti au pouvoir MRND qui avaient été formées à ce propos. Jean Damascène a évoqué des rassemblements dits Meetings convoqués par les Chefs de MRND et d’Interahamwe respectivement Matthieu Ngirumpatse et Robert Kajuga du 7 janvier 1993 où quelques 20.000 jeunes Interahamwe avaient été invités pour "se désolidariser de l’esprit des Accords d’Arusha qui étaient en plan".

Selon le Docteur Bizimana, tous les dignitaires du régime en place répondaient à ces ralliements politiques qui vilipendaient le Ministre des Affaires étrangères d’alors, M. Boniface Ngulinzira (PSD/Parti Socio Démocrate) et principal négociateur des Accords d’Arusha, le reprochant d’accepter le principe de quota éthnique dans la composition du futur gouvernement négocié de 40% de Tutsi et 60% de Hutu dans ce qui allait être une nouvelle armée nationale recomposée incorporant des unités venues de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise) issue de la rébellion du FPR.

"Six ministres du MRND ont écrit le 15 octobre 1992 au Premier Ministre Nsengiyaremye lui disant qu’ils n’accepteront pas les Accords d’Arusha en débat au cas où le principe de repartage du pouvoir allait concéder aux Tutsi de l’APR plus de 30% de place dans l’armée gouvernementale", a dit Bizimana brossant une campagne de sensibilisation de plus en plus grandissante au rejet de ces accords qui, selon les officiels MRND "étaient contraires aux intérêts de ’RUBANDA NYAMWINSHI’ (Majorité populaire)".

Plus loin, comme pour mieux montrer comment l’argumentaire politique des officiels du MRND, en confrontation quasi ouverte avec les partis de l’opposition MDR, PSD et PL, lesquels partis étaient en accord tacite avec le FPR en lutte armée, allait crescendo pour atteindre son paroxysme de violence verbale ponctuée de grenades explosives lancées par les jeunesses Interahamwe et autres Mpuzamigambi de CDR (Coalition pour la Défense de la République) dans les lieux de grande affluence des membres des partis de l’opposition, Bizimana montre et lit des communiqués des responsables du MRND appelant au rejet des Accords dont "Icyababaje MRND mu Mishyikirano ya Arusha" (Ce qui a fait de la peine au MRND dans les négociations d’Arusha). Ici les responsables MRND se disaient désabusés de voir le FPR rejeter l’entrée dans le futur Gouvernement de transition du nouveau petit parti extrêmement extremiste le CDR.

Puis, le Docteur a cité un autre document dit UBULIGANYA ou L’escroquerie du Ministre Boniface Ngulinzira, MDR/ Mouvement Démocratique Républicain, principal Négociateur des Accords d’Arusha pour le Gouvernement rwandais et incorruptible.

Le MRND reprochait au Ministre sa droiture.
"Ministre Ngulinzira va subir un coup de semonce par un communiqué émis par Enoch Ngulinzira, Directeur de Cabinet à la Présidence de la République suggérant qu’il soit remplacé par quelqu’un d’autre comme principal négociateur des Accords d’Arusha", a dit Dr Bizimana montrant une certaine cacophonie au sein du Conseil des Ministres d’alors dans le souci de rendre nuls les Accords d’Arusha.

Le Secrétaire Exécutif de la CNLG, Dr Bizimungu a fait un exposé brillant montrant comment les politiciens criminels de MRND ont exercé une influence négative à la population, son idéologie génocidaire a été reprise par la société civile d’alors.
Pour montrer l’extrême nocivité de cette idéologie ethnocentriste hutue qui s’est irradiée par cercles concentriques sur la société rwandaise par le biais de la société civile y compris les églises rwandaises dont la toute puissante catholique, il parle de la lettre ouverte d,un mathématicien rwandais de renom, Prof Augustin Banyaga de l’Université de Boston, qui écrit au Premier Ministre Nsengiyaremye (MDR) l’interdisant de "Tutsization du Régime rwandais et l’invitant à ne pas accepter d’introduire les Tutsi Inkotanyi (Combattants du FPR) dans l’armée rwandaise".

Bizimana a montré aussi que les gens ne comprennent pas dans quelle mesure ils participent à tourner le couteau dans les plaies des survivants du génocide, ceux-là qui demandent que les détenus vieux et malades reconnus coupables de génocide recovrent leur liberté.

"Ceux-là qui vont dans les 70-80 ans reconnus coupables de crimes de génocide sont ceux-là qui étaient des concepteurs et organisateurs des massacres de Tutsi. Imaginez leur libération et comment les survivants qui les ont vu à l’oeuvre se sentiront", a dit le docteur chercheur Bizimana réagissant à une lettre pastorale de la Conférence Episcopale de l’Eglise catholique rwandaise plaidant pour la libération de ces détenus dont la plupart étaient de grands leaders d’opinion au moment de la perpétration du génocide des Tutsi de 1994.
Images de la cérémonie


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