La 25ème commémoration du génocide des Tutsi centrée sur l’espoir de la force de la jeunesse

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 7 avril 2019 à 06:41

Kigali, cette 25ème Commémoration du génocide perpétré contre 1.023.000 tutsi du Rwanda en 1994 en 90 jours s’est déroulée ce 7 avril 2019 en présence de plusieurs centaines d’invités de marques, présidents, premiers ministres, parlementaires mais aussi la presse internationale. Encore une fois la présence française aux cérémonies a été jugée disproportionnellement chétive par rapport aux espoirs suscités par un début de dégel des relations France-Rwanda.

Plusieurs dizaines de présidents, premiers ministres et autres envoyés spéciaux ont fait le déplacement de Kigali. La salle de la KCC/Kigali Convention Center de Kimihurura en plein centre-ville de Kigali.

Après avoir allumé la flamme de l’Espoir au Mémorial du Génocide de Gisozi, un quartier du Centre-Nord de Kigali, le temps des discours de soutien est venu. Des discours pathétiques. Des regrets de la part de la Communauté internationale de n’avoir pas apporté son secours à tout un groupe social de Tutsi en danger de génocide.

On ne parlera plus, comme l’ancien Président français Nicolas Sarkozy, "d’erreur d’appréciation", parlant de la capacité qu’avait ce pays mitterrandien à arrêter le génocide qui faisait des ravages. Dans sa rage de défendre le précarré français qu’était le Rwanda d’alors contre "les envahisseurs anglophones" venus d’Uganda, Mitterrand et tout le dispositif militaire en place à Kigali a mis le paquet pour juguler l’entrée des forces rebelles du FPR qui avançaient vers Kigali au lieu de décider de la nécessité d’ordonner au pouvoir génocidaire de cesser les massacres sur des civils Tutsi parfaitement inoffensifs.

"Ce génocide est un échec de la communauté internationale qui n’a pas prévenir, empêcher, stopper. Je me tiens ici … pour présenter mes excuses au nom d’un pays qui n’a pas pu assumer ses responsabilités face à l’histoire", a dit le Premier Ministre belge, Louis Michel devant le parterre de dignitaires et autres participants aux cérémonies se déroulant à la KCC.

"Le courage de la Belgique est extraordinaire. Cela fait la deuxième fois, la première étant en 2001 avec le Premier Ministre libéral Guy Verhofstaadt, que la Belgique présente ses excuses officielles dans de telles occasions", disent beaucoup d’observateurs locaux et internationaux. Beaucoup s’interrogent sur la suite des événements et penchent sur l’idée que la situation rwandaise est tellement sclérosée au point que le Rwanda n’a pas de personnalités chévronnées en matière de droit civil international pour déclencher des procédures juridiques d’indemnisation et compensations des survivants de cet horrible génocide des Tutsi de 1994.

Prenant la parole à ce sujet, le Président Paul Kagame lui a sa façon de comprendre la suite des événements. Son discours est parfaitement politique. Il va dans le raffermissement de la jeunesse, espoir du Rwanda de demain. Quoi de plus normal ? "60% de la population rwandaise est constitué de jeunes gens âgé de moins de 25 ans", a-t-il dit. En stratège politique, il a concentré son discours sur les moyens à mettre en oeuvre pour que cette jeunesse soit l’épine dorsale des projets sociétaux.

"En 1994, il n’y avait pas d’espoir , il y avait juste de l’obscurité…Aujourd’hui la lumière a réapparu. Nos corps et nos esprits ont été amputés, personne n’est resteé indemne. Actuellement nous avons repansé nos plaies. Nous avons pu nous unir.
Dieu est revenu aujourd’hui au Rwanda. Nous avons demandé aux rescapés de pardonner ils l’ont fait", a dit le Président Paul Kagame dans un discours pathétique montrant qu’avec beaucoup de patience et de détermination pour reconstruire le tissu social sérieusement déchiré en 1994, le Rwanda a décidé de chercher des solutions inspirées de la culture ancestrale rwandaise, des HGS/HomeGrown Solutions (Solutions locales culturellement pensées) dont la justice Gacaca ou les Abunzi (les conciliateurs de la société) ou l’entraide sociale UBUDEHE ou les travaux communautaires UMUGANDA.

Pourtant Kagame a donné le leitmotiv qui l’anime partant de la réalité de la pyramide de la population. "Plus de 60% des Rwandais sont jeunes", a-t-il dit avec au passage le fait qu’ils n’ont as connu ce drame historique, que par conséquent il ya moyen de travailler cette masse et d’en faire des Rwandais de type nouveau.

Il l’a dit en ses propres termes profonds et emphatiques.

"Nous souhaitons la paix. Nous avons tourné la page. Aucun ennemi ne doit ignorer notre force. Il ne pourra plus en aucun cas retourner un Rwandais contre l’autre", a dit le Président provoquant un tollé d’applaudissements dans la salle.
A qui faisait-il allusion ? D’aucun ont pensé aux relations difficiles avec son voisin de l’Ouest, l’Ugandais Joël Museveni qui apporte une aide essentielle aux groupes rebelles armés dissidents rwandais des terroristes FDLR Interahamwe et de RNC/Rwanda National Congress du Gén. dissident rwandais Kayumba Nyamwasa.

A ce supposé ennemi, Kagame lui tend la main : "Tous les jours, nous voulons pardonner et non oublier".

Et pour terminer en apothéose, Kagame, plus panafricaniste que jamais,
"Nous formons nos vœux que plus jamais nos frères et sœurs d’Afrique ne vivent ce que nous avons vécu.La dignité de nos peuples ne peut s’éteindre", a-t-il lancé provoquant des ovations de milliers de participant à ces cérémonies auxqelles a assisté comme représentant du Président français Emmanuel Macron, le Député franco-rwandais Bengerville. France 24 ayant emménagé son QG à Kigali pour la couverture des cérémonies, a critiqué cette façon de faire comme une faute du Gouvernement français qui n’a pas fourni "un rang protocolaire" digne de l’événement de Kigali.
Les images des ceremonies


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