Tirant les conséquences de cette dérive publique, il a été décidé la suspension du précité de ses fonctions de porte-parole. Or, détail révélateur : toute suspension administrative digne de ce nom précise le délai et le régime de la mesure. Celle-ci, comme par un singulier enchantement, se dispense de cette exigence élémentaire, laissant planer le doute sur sa réalité autant que sur sa portée.
Dans le même mouvement, la direction générale de la RTNC a annoncé la suspension « préventive » du journaliste Oscar Mbal Kahij pour avoir laissé se déployer à l’antenne ces propos stigmatisants. Pourtant, derrière l’apparence de fermeté, ces décisions laissent subsister une béance de taille : aucune d’elles n’évoque d’éventuelles poursuites judiciaires, alors même que les paroles proférées relèvent manifestement du champ pénal.
Il ne s’agit pas, du reste, d’un incident isolé : les mêmes antennes ont déjà servi de tribune à des déclarations d’une gravité telle qu’elles appellent, sans délai, l’intervention de l’autorité judiciaire. Les propos antérieurs du journalisteYves Abdallah appelant à la violence contre les familles des dirigeants de l’AFC/M23 l’illustrent suffisamment.
Dès lors, ces suspensions ressemblent moins à un acte d’autorité qu’à un « service minimum » destiné à apaiser, pour la forme, la vague d’indignation, nationale et internationale, qui s’est abattue sur le gouvernement congolais à la suite de cette émission.
La figure expiatoire du Général Ekenge devient ainsi l’arbre commode qui dissimule la densité d’une forêt : une banalisation progressive du discours stigmatisant, toléré, excusé, parfois même encouragé dans les sphères du pouvoir.
De la responsabilité de l’État : entre sanctions de façade et tolérance en coulisses
La contradiction est criante : tandis que l’on proclame des mesures disciplinaires, les principaux diffuseurs de propos de haine s’affichent ostensiblement en photographie avec le chef de l’État, reçus dans son bureau et reçoivent par ailleurs, des marques d’encouragement du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
Ce double langage interroge. Comment prétendre combattre la stigmatisation lorsque ceux qui l’alimentent semblent bénéficier d’une proximité, sinon d’une bienveillance, des plus hautes autorités ?
Il y a là de quoi douter de la sincérité des sanctions annoncées et de la volonté réelle d’endiguer ces dérives. Car ils sont de plus en plus nombreux, ces acteurs médiatiques et politiques qui, tout en tenant des propos attentatoires à la dignité d’une communauté identifiée, paraissent jouir d’un appui direct ou indirect des plus hauts sommets de l’État.
A cet égard, la ligne rouge n’est pas seulement approchée : elle est franchie lorsque la parole publique se fait vecteur de stigmatisation, et que l’impunité lui sert de complice silencieuse.
Face à cette situation, les réactions de la société civile, des partenaires internationaux et des consciences libres ne sauraient faiblir. Elles doivent, au contraire, s’amplifier pour rappeler au sommet de l’État congolais les exigences élémentaires de l’État de droit : nul n’est au-dessus de la loi, et la dignité humaine ne se discute pas.
Les deux suspensions annoncées, si elles ne s’accompagnent pas d’actions judiciaires crédibles et d’une politique claire de lutte contre la haine, ne resteront que l’arbre qui cache la forêt : celle d’une tolérance dangereuse envers les discours qui fracturent le tissu social et mettent en péril la paix civile.














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