L’illusion des accords de façade
Depuis les premières tentatives de réconciliation nationale, la tentation fut grande de solder les crises par la distribution des postes ministériels ou la recomposition artificielle d’institutions fragiles. Cette logique du compromis superficiel a souvent relégué au second plan l’essentiel : la citoyenneté niée, les traumatismes collectifs, les injustices récurrentes, et les frustrations historiques qui nourrissent la violence.
Bertrand Bisimwa l’affirme avec force : il ne s’agit plus de se perdre dans les labyrinthes des négociations où le voyage à Doha devient un rituel sans lendemain. Il s’agit, au contraire, de replacer au centre du débat ce qui fait la dignité d’un peuple : le droit à la sécurité, à la reconnaissance, à l’égalité des citoyens devant l’État.
Les véritables priorités : citoyenneté, sécurité, justice
La bataille aujourd’hui ne se mesure pas à l’aune de portefeuilles ministériels ou de privilèges institutionnels. Elle se joue sur un terrain plus fondamental : celui du recouvrement d’une citoyenneté effective pour des communautés trop longtemps marginalisées, victimes d’exclusions et de stigmatisations systématiques.
Dans cet esprit, la délégation qui s’est récemment rendue à Doha doit privilégier deux points cardinaux : un mécanisme crédible de cessez-le-feu, garantissant la cessation immédiate des hostilités, et la libération des prisonniers politiques, symbole de l’apaisement nécessaire pour restaurer la confiance. Loin d’être des revendications secondaires, ces deux exigences traduisent la volonté de bâtir une paix réelle, débarrassée du vernis cosmétique des arrangements de circonstance.
Pour une paix durable et non cosmétique
La véritable urgence réside dans l’instauration d’une paix durable, enracinée dans la justice et la vérité, plutôt que dans la répétition des accords stériles qui se contentent d’acheter un répit provisoire. Il s’agit d’affronter les causes profondes : l’exclusion identitaire, la confiscation des droits, la violence institutionnalisée et la défiance généralisée à l’égard de l’État.
Le message délivré à Goma résonne comme une mise en garde et une exhortation : il n’y aura pas de stabilité authentique sans un traitement courageux des plaies structurelles qui saignent depuis trop longtemps. Les peuples de l’Est du Congo réclament la paix et la sécurité, non les artifices de négociations interminables. Ils attendent des réponses tangibles à leurs souffrances, non des signatures sur des parchemins aussitôt trahis.
L’exigence d’un nouveau paradigme
À travers cette prise de position, Bertrand Bisimwa rappelle une évidence trop souvent éludée par les chancelleries comme par les élites congolaises : la paix ne se décrète pas dans les salons diplomatiques, elle se construit par la reconnaissance des injustices et par la restauration des droits fondamentaux.
L’heure est venue de tourner la page des accords cosmétiques et de s’engager dans un paradigme nouveau, où la citoyenneté, la justice et la sécurité des populations ne sont plus sacrifiées sur l’autel des calculs politiques. Sans ce sursaut, les négociations de demain ne seront que les répétitions tragiques des désillusions d’hier.

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