Sa stature dépasse désormais les frontières du Rwanda pour s’ériger en référence continentale. Les sollicitations qui lui parviennent de divers horizons ne sont pas le fruit d’une flatterie conjoncturelle, mais l’expression d’une reconnaissance fondée : celle d’un leadership qui, par la cohérence entre discours et action, inspire la jeunesse africaine et interroge les pesanteurs d’une gouvernance trop souvent prisonnière de l’assistanat.
À l’occasion Forum africain sur les systèmes alimentaires 2025 qui se tient à Dakar, Kagame a rappelé avec une insistance sobre mais ferme : « Nous ne pouvons pas continuer à dépendre du reste du monde alors que nous avons tout, que notre peuple sait ce qu’il faut faire, et qu’il ne nous manque véritablement rien. »
Derrière cette formule, d’une apparente simplicité, se déploie une véritable leçon de philosophie politique. Elle exhorte les Africains à substituer à la posture de la dépendance chronique une volonté lucide d’appropriation de leurs propres destins.
Loin d’être un plaidoyer contre la coopération internationale, ce propos s’inscrit dans une perspective plus exigeante : celle de la responsabilité première. Kagame souligne, en effet, que l’aide, aussi généreuse soit-elle, ne peut devenir structurante que si les bénéficiaires eux-mêmes se mettent debout, conscients de leur dignité et assumant leur capacité à affronter leurs défis. Autrement dit, l’assistance n’a de valeur qu’en tant qu’appui, et non comme béquille permanente.
Cet appel à la prise de conscience doit être entendu pour ce qu’il est : une invitation à rompre avec la mentalité de l’attente passive et de l’excuse systématique. La jeunesse africaine, à qui s’adressait le président Kagame est conviée à incarner cette rupture par l’innovation, le travail, la discipline et le refus de se résigner aux schémas hérités d’un monde où l’Afrique demeure trop souvent en marge. Kagame ne prêche pas l’isolement mais la souveraineté, non l’autarcie mais la maturité.
Dans un contexte mondial où les rapports de force se redessinent et où le continent africain représente, pour beaucoup, un enjeu stratégique, énergétique et démographique majeur, son exhortation résonne avec une acuité particulière. Elle rappelle que la dignité des peuples ne se décrète pas : elle se construit par le courage de se regarder en face, de nommer ses propres manquements et d’assumer la responsabilité de les corriger.
Il appartient désormais aux élites africaines, et plus encore à la jeunesse, de ne pas réduire ces paroles à une simple citation mais de les inscrire dans la praxis quotidienne : créer, entreprendre, gouverner avec probité, refuser la médiocrité et cultiver l’excellence.
L’Afrique ne manque ni de ressources ni de talents. Ce qui lui a trop souvent fait défaut, c’est la volonté collective de se prendre en charge, de se libérer de l’aliénation de la dépendance. Kagame, une fois encore, ne fait que tendre un miroir : à nous de décider d’y lire un futur d’émancipation ou la perpétuation de nos défaillances.

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