L’agonie silencieuse du régime Tshisekedi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 4 août 2025 à 05:27

Il est des mandats présidentiels qui marquent une ère de renouveau ; d’autres, hélas, s’enlisent dans les marécages de la discorde, de l’improvisation et du désenchantement collectif.

Six années après son accession à la magistrature suprême, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo offre à la République démocratique du Congo le spectacle accablant d’un pouvoir en pleine décomposition, englué dans ses propres contradictions, miné par les querelles intestines et gangrené par une gouvernance erratique aux relents d’autoritarisme mal assumé.

Le diagnostic est implacable : les institutions républicaines ont sombré dans une dérive cacophonique où s’entremêlent invectives, manipulations grossières et règlements de comptes. L’État de droit, naguère brandi comme promesse fondatrice du nouveau régime, se dissout chaque jour davantage dans l’arbitraire et l’approximation.

A la faveur d’une majorité parlementaire instable et factice cette « Union sacrée » qui, loin d’être un projet de rassemblement, s’est révélée n’être qu’un conglomérat opportuniste d’allégeances volatiles, le chef de l’État gouverne par la ruse, souvent par la menace, toujours dans l’urgence.

Le climat politique s’en ressent : il est devenu délétère, saturé de tensions, d’accusations croisées, de discours populistes et de mises en scène médiatiques grotesques. La parole publique a perdu sa gravité, les débats sont devenus querelles de bas étage, et les insultes remplacent les idées.
Ce sont désormais les cris et les coups de menton qui président aux décisions, tandis que l’esprit de la République, lui, se meurt dans l’indifférence générale.

Il est profondément alarmant que, malgré l’urgence des défis insécurité endémique à l’Est, effondrement du tissu social, corruption systémique, crise du système éducatif et hospitalier le pouvoir en place ait choisi de prioriser la répression politique, la mise au pas des contre-pouvoirs et la gestion clanique des ressources publiques. La machine d’État, au lieu d’être un levier de développement, est devenue le théâtre d’un pillage institutionnalisé où chacun s’accroche à sa parcelle d’influence comme un naufragé à une épave.

Les forces vives de la Nation, elles, retiennent leur souffle. Entre résignation silencieuse et indignation contenue, le peuple congolais observe, jour après jour, le crépuscule d’un espoir pourtant immense, né de l’alternance politique de 2019. Car si l’accession de Tshisekedi au pouvoir fut saluée comme une victoire de la démocratie sur les forces obscures de la dictature, force est de constater que le rêve d’un renouveau s’est mué en cauchemar de stagnation.

Ce bilan sombre, presque funèbre, appelle une introspection nationale et une exigence de rupture. Le moment est venu de sortir du fétichisme des slogans creux pour renouer avec les exigences de la responsabilité, de la compétence et de l’intégrité.

Gouverner, ce n’est pas administrer le chaos en communiquant avec fracas ; c’est porter une vision, la traduire en politiques publiques audacieuses, et rendre des comptes avec humilité.

La République démocratique du Congo mérite mieux que cette tragi-comédie institutionnelle. Elle mérite un État digne, une parole politique responsable, une gouvernance rigoureuse et des institutions respectées. Le peuple congolais, dont la résilience n’a d’égale que la profondeur de ses blessures, ne peut indéfiniment subir l’irresponsabilité de ceux qui prétendent gouverner en son nom.

Il est temps, à défaut d’un sursaut du régime, de songer à la relève. Une relève lucide, intègre et enracinée dans le réel, capable de rebâtir l’édifice républicain sur des fondations saines. Autrement, la RDC poursuivra sa chute libre, avec pour seule boussole la colère des oubliés, et pour seul horizon l’implosion tant redoutée.

Six ans après son arrivée au pouvoir, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo montre une République démocratique du Congo en plein déclin

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