Le « Boucher de Tumba » de retour devant la justice française

Redigé par IGIHE
Le 14 septembre 2025 à 09:55

La Cour d’assises de Paris débutera le 16 septembre 2025 l’examen en appel de l’affaire Sosthène Munyemana, condamné pour son implication majeure dans le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

Surnommé le « Boucher de Tumba », le Dr Munyemana a été reconnu coupable de participation aux massacres commis dans le secteur de Tumba, alors situé dans l’ancienne préfecture de Butare. En décembre 2023, la Cour d’assises de Paris l’avait condamné à 24 ans de réclusion criminelle.

Les chefs d’accusation retenus contre lui comprenaient génocide, crimes contre l’humanité et complicité dans ces crimes.

Médecin à l’hôpital de Butare et enseignant à la Faculté de médecine de l’Université nationale du Rwanda, le Dr Munyemana avait interjeté appel immédiatement après le verdict. Tout au long de son procès, il a nié les charges portées contre lui, clamant son innocence.

À l’époque, Me Richard Gisagara, avocat des parties civiles, expliquait : « Ce sont les avocats de Munyemana qui ont interjeté appel, car ils n’étaient pas satisfaits du jugement. Cela n’a rien de surprenant puisque toute leur défense reposait sur la négation pure et simple des crimes. Ils n’ont jamais sollicité de clémence, mais au contraire réclamé l’acquittement total. »

Les audiences commenceront le 15 septembre 2025 par la désignation d’un jury indépendant, avant l’ouverture des débats au fond le lendemain. Le procès en appel doit s’achever le 24 octobre 2025.

Parcours du Dr Munyemana

Selon l’ancienne Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG), le Dr Sosthène Munyemana est né le 9 octobre 1955 à Mbare, dans la commune de Musambira, préfecture de Gitarama.

Après avoir achevé ses études de médecine à l’Université nationale du Rwanda, à Butare, il a poursuivi une formation de troisième cycle à l’Université Bordeaux II, en France, se spécialisant en gynécologie-obstétrique.

Au moment du génocide perpétré contre les Tutsi, il résidait dans la cellule de Gitwa, à Tumba, des témoins ayant affirmé que celui-ci avait directement pris part aux massacres commis sur place ainsi que dans d’autres localités, notamment dans la ville de Butare.

Un témoin a rappelé une réunion du 17 avril 1994, présidée par le secrétaire exécutif du secteur, François Bwanakeye, au cours de laquelle le Dr Munyemana aurait déclaré : « L’ennemi est parmi nous. J’héberge 15 Hutus de Kigembe qui ont fui après l’entrée des Inkotanyi par le Burundi. »

Des témoins rapportent également qu’au cours du génocide contre les Tutsi, il portait régulièrement des tenues militaires, était armé de lances puis de fusils, et détenait les clés des bureaux du secteur de Tumba, utilisés pour enfermer des Tutsi avant leur exécution.

Le Dr Munyemana est également présenté comme un proche de Jean Kambanda, l’ancien Premier ministre du gouvernement intérimaire de 1994, qui a lui-même reconnu sa participation au génocide contre les Tutsi et été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

La Cour d’assises de Paris débutera le 16 septembre 2025 l’examen en appel de l’affaire Sosthène Munyemana

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