Parmi elles, Jennyfer Clain, aujourd’hui âgée de trente-quatre ans, nièce de Jean-Michel et Fabien Clain, figures majeures de la propagande de l’organisation État islamique (EI) et voix macabre de la revendication des attentats du 13 novembre 2015.
A ses côtés se tiennent sa belle-mère, Christine Allain, ancienne éducatrice reconvertie au rigorisme islamiste, et sa belle-sœur par alliance, Mayalen Duhart, toutes deux engagées, elles aussi, dans ce sillage mortifère.
L’itinéraire de ces femmes illustre avec acuité la capacité de l’idéologie salafo-jihadiste à enserrer des familles entières dans ses filets. Jennyfer Clain, mariée religieusement à seize ans à Kevin Gonot, prétendant choisi par son oncle, avait rejoint en 2014 Raqqa, capitale autoproclamée du « califat », pour y vivre aux côtés de son époux devenu combattant de l’EI.
Sa belle-mère, Christine Allain, convertie après une période de fragilité psychologique, trouva dans ce rigorisme une forme d’ascèse qu’elle considérait salvatrice. Quant à Mayalen Duhart, compagne de Thomas Collange, fils de Christine, elle fut happée par le même réseau de conviction, au fil d’un cheminement idéologique amorcé dès le milieu des années 2000.
Toutes trois avaient franchi, avec leurs enfants, les routes périlleuses de la Syrie en guerre, avant d’être arrêtées en 2019 en Turquie puis remises aux autorités françaises. Leur présence prolongée dans les rangs de l’EI, même après la chute de Raqqa et l’éparpillement des forces jihadistes le long de l’Euphrate, atteste, selon les juges d’instruction, d’un engagement « conscient et durable » dans la logique de l’organisation.
En retour, ces familles bénéficiaient de privilèges matériels fournis par le groupe terroriste : salaires, logements, protection, autant d’incitations à persévérer dans cette entreprise criminelle.
Leur procès, qui se déroule sans jurés populaires conformément aux règles de la justice antiterroriste, s’inscrit dans un contexte marqué par les métamorphoses du phénomène jihadiste. Après l’ère des grandes conquêtes territoriales en Syrie et en Irak, l’EI et ses avatars se sont mués en réseaux mouvants, fragmentés, mais non moins dangereux.
La chute du « califat » n’a pas tari la dynamique d’endoctrinement : elle l’a déplacée, disséminée et complexifiée, favorisant l’émergence de cellules résiduelles, la migration de combattants vers d’autres théâtres de conflit et la radicalisation en ligne.
Ainsi, le procès de ces trois femmes dépasse la seule dimension judiciaire : il met en exergue les ramifications d’une nébuleuse islamiste capable de convertir des fractures intimes en adhésion idéologique, d’exploiter les vulnérabilités individuelles pour les transformer en instruments de sa guerre totale.
Il rappelle également la permanence d’un défi sécuritaire majeur pour la France et l’Europe, appelées à affronter, sur le temps long, une menace polymorphe où se conjuguent endoctrinement familial, infiltration communautaire et stratégies de survie d’un terrorisme qui, bien qu’ayant perdu son empire territorial, continue de propager sa violence dans les consciences et les institutions.

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