L’évocation de la dignité n’est pas ici un simple ornement rhétorique ; elle est l’axe autour duquel s’est articulé le redressement d’un pays que l’histoire avait voué aux ténèbres les plus inhumaines. En 1994, au sortir du génocide perpétré contre les Tutsi, le Rwanda n’était plus qu’un champ de ruines : ses institutions anéanties, son tissu social lacéré, son image vouée au mépris international.
Mais là où d’autres auraient accepté la résignation et la dépendance, les Rwandais ont opposé une volonté inflexible : reprendre en main le gouvernail de leur propre histoire, refuser l’assignation à l’assistance et s’approprier sans concession les leviers de leur avenir.
Cette « prise de siège » évoquée par le ministre des affaires étrangères n’est pas seulement une métaphore politique ; elle est l’expression concrète d’une praxis nationale. Dans le domaine de la gouvernance, le Rwanda a su reconstruire des institutions fondées sur la redevabilité et l’exigence de résultats, loin des clientélismes qui gangrènent tant de pays post-conflit.
Dans le champ économique, il a fait le pari de l’autosuffisance progressive, en valorisant l’entrepreneuriat local, l’essor des infrastructures et la diversification des partenariats stratégiques. Dans le registre social, il a entrepris l’immense chantier de la réconciliation, sans céder aux mirages de l’oubli ni aux pesanteurs de la revanche.
C’est ainsi que la dignité s’est incarnée dans une trajectoire nationale qui transcende les slogans pour devenir praxis quotidienne. Le Rwanda ne mendie pas sa place dans le concert des nations ; il l’impose par l’exemplarité, par la constance de ses réformes et par la rigueur de ses choix.
Là où d’autres continuent de se définir dans le miroir déformant de l’assistance internationale, Kigali affirme hautement que l’avenir d’un peuple ne peut être délégué.
À Brisbane, le rappel du ministre prend donc valeur de manifeste. Il s’adresse à la communauté mondiale, pour l’avertir que le Rwanda n’est pas un réceptacle passif de bonnes volontés étrangères, mais un acteur souverain, jaloux de son indépendance et conscient de sa responsabilité devant l’histoire.
Mais il s’adresse aussi, et surtout, aux Rwandais eux-mêmes : il leur intime de ne jamais oublier que la dignité ne se décrète pas, qu’elle se conquiert jour après jour, dans chaque décision, dans chaque acte de reconstruction, dans chaque refus d’abandonner le volant de leur destinée à d’autres.
En vérité, la renaissance rwandaise est l’illustration contemporaine d’une maxime intemporelle : un peuple ne se libère pleinement que lorsqu’il cesse de déléguer à autrui l’architecture de son avenir. Le Rwanda, hier martyrisé, aujourd’hui debout, en est la plus éclatante démonstration.

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