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Les clés de la liberté intérieure

Redigé par Tite GATABAZI
Le 21 mars 2022 à 11:29

A l’instar de Martin Gray qui nous a légué un livre déchirant adapté au cinéma : « Au nom de tous les miens » ; tout petit à sept ans, Boris Cyrulnik se savait condamner à mort pour un crime dont il ignorait jusqu’à l’existence.

Ceci n’était en rien une fantaisie d’enfant qui s’amusait à imaginer le monde. C’était bien une réalité vécue.

Il a pourtant échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière : le nazisme.

Les crimes commis par les nazis restent d’une ampleur et d’une violence inouïe.

Ils attestent qu’il y a une limite du jugement pénal, car tout châtiment parait dérisoire à la mesure des torts infligés aux victimes.

Et toute sa vie durant, ce neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon, n’a eu de cesse de s’interroger :

« Pourquoi et comment certains se conforment au discours ambiant, aux pensées reflexes, parfois jusqu’à l’aveuglement, au meurtre voire au génocide ? »

Et à l’inverse, au nom de quoi d’autres parviennent-ils à s’en affranchir et à penser par eux-mêmes ?

Les premiers qui au premier coup de vent retournent leur veste, se présentent toujours sous le beau jour, avec des excuses et des justificatifs comme une parade, oubliant qu’ils sont « factices ».

Ceux-là contre qui Jean d’Ormesson de l’académie française a eu un jugement sans appel : « il y a des gens que je méprise par-dessus tout, c’est ceux-là qui sont indulgents avec eux-mêmes et cruels avec les autres ».

Les seconds, grâce à la foi et la dignité qui ne sont en rien négociables, refusent le confort de l’embrigadement.

Car la dignité ne se laisse pas appréhender aisément ni dans son idée ni dans sa forme. Bien au-delà de tout, elle est et reste cette boussole qui donne un sens à la vie individuelle et lui indique, partout et en tout que « chaque humain a l’humanité en partage ».

La dignité est donc ce qui inspire le respect !

Certains sont dignes tandis que d’autres pas, hélas. Il est des comportements et des actes qui tombent sous le coup de l’indignité.

Car l’idée de la dignité renvoie à celle de la décence et de la bienveillance.

Et ceux qui la portent en eux résistent, parfois au prix fort, à l’hypocrisie, aux mensonges, à la manipulation et à toute forme de propagande et autres bassesses qui sont sources des malheurs des sociétés entières.

Ils ont la conscience, chevillée au corps, que la servitude engourdit la pensée et que « penser par soi-même, c’est souvent s’isoler ».

Seulement, au-delà de l’histoire, c’est de notre présent qu’il est question dans ce qu’il éclaire à travers son nouveau livre : « Le laboureur et les Mangeurs de vent ».

A l’image de Marina Ovsyannikova, journaliste et productrice pour la première chaine de télévision russe Pervi Kanal, détenue majoritairement par l’Etat.

Le 14 mars 2022, elle a fait irruption pendant le journal télévisé le plus regardé du pays pour protester, en direct, contre la guerre.

Elle demandait juste de ne pas se fier à la propagande d’Etat. D’avoir un peu d’esprit critique pour dissocier le bon gré de l’ivraie.

Devant tant de courage et de dignité, comment ne pas se sentir mieux.

Apres avoir traité dans divers livres de la résilience, voilà Boris Cyrulnik qui nous offre les clés qui nous permettent de conquérir la force de penser par nous-même.

Et aussi la volonté de repousser l’emprise et de trouver le chemin de la liberté intérieure.

La liberté intérieure est sans conteste un chantier important de notre existence. Ce n’est peut-être pas une quête évidente, immédiate mais une construction quasi quotidienne.

Le travail personnel sur nos émotions, nos interrogations en miroir avec nos valeurs.

Pour y parvenir, il nous faut nous débarrasser de ce qui nous encombre, nous fait souffrir ainsi que notre entourage.

Cultiver cette liberté par rapport au regard d’autrui, à la peur et l’anxiété. S’éviter le poison social du « qu’en dira-t-on ». Et vivre sans les poses et les artifices. Bref, s’assumer !

La résilience dont il dit lui-même que « c’est la résistance à la destruction et la construction d’une existence » Quelle ode à la vie !

André Malraux disait : « la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie ». Il soulevait alors le paradoxe attaché à la valeur de la vie. Celle-ci étant à la fois le fait de vivre et d’exister.

En effet, certains individus résistent mieux que d’autres aux vicissitudes de l’existence, à l’adversité, à la maladie. Et ce fait pourtant avéré reste largement inexpliqué.

Certains facteurs sont cités, comme l’estime de soi, la sociabilité, le don d’éveiller la sympathie, le sens de l’humour, un projet de vie…

Nous nous inscrivons dans cette filiation des sujets vulnérables mais invincibles.

Effectivement, les accidents de la vie fournissent, hélas, de trop nombreuses occasions de traumatismes graves ; que ce soit physiques, psychologiques ou sociaux.

Mais il y a la part de douleur qu’il nous faut conserver au creux de nos mémoires pour nous préserver de l‘oubli.

Ils sont ainsi des révélateurs de ressources insoupçonnées chez ceux qui s’en sortent là où d’autres perdent pieds et s’enfoncent.

La littérature fourmille d’exemples que les romanciers ont tirés de leurs observations parfois de leur propre vie.

En définitive, être libre et autonome, parvenir à être authentique, c’est maintenir ce dialogue indispensable avec soi-même, sa raison et ses sentiments.

Car la recherche d’une certaine adéquation avec soi-même, d’une forme d’existence en conformité avec son être profond traverse toutes les cultures et tous les âges.


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