Cette décision, loin de se justifier par des impératifs budgétaires ou une rationalisation des dépenses publiques, relève d’un choix idéologique radical, fondé sur un rejet ouvert de l’action humanitaire globale et de l’idée même de solidarité internationale universelle.

Les conséquences de cette entreprise de démantèlement sont immédiates et terriblement concrètes : des projets cruciaux d’aide humanitaire ont été annulés, le personnel de l’agence licencié, et des millions de vies exposées à des risques graves, voire létaux.

Sous la direction du département d’efficacité gouvernementale, Elon Musk annonça en février la fermeture définitive de l’USAID, qualifiant l’institution « d’organisation criminelle ». Conséquence directe : 80 % des financements internationaux accordés par l’agence furent supprimés en mars, et les programmes subsistants furent transférés sous la tutelle du département d’État, réduisant drastiquement leur portée et leur efficacité.

Les effets en cascade de cette décision idéologique sont désastreux. Amanda Klasing, directrice de plaidoyer pour Amnesty International aux États-Unis, dénonce des conséquences « dévastatrices » : des programmes vitaux, allant de l’aide d’urgence à la vaccination, en passant par la distribution de médicaments contre le VIH, ont été interrompus.

Dans des régions déjà fragiles, Afrique du Sud, Haïti, Yémen, Afghanistan, la vie de millions de personnes se trouve désormais mise en péril. Selon l’ONG, ces mesures traduisent une attaque frontale contre l’idée fondamentale selon laquelle tous les êtres humains sont titulaires de droits universels, et non pas seulement les ressortissants d’un pays ou d’un bloc idéologique particulier.

À Washington, le climat demeure marqué par l’incertitude. Le financement des programmes suspendus ou partiellement relancés reste un terrain de confusion, tandis que la bataille judiciaire se poursuit pour contrecarrer l’arbitraire idéologique de l’administration.

Un juge fédéral a ainsi ordonné l’arrêt de la coupure de 12 milliards de dollars de financement humanitaire, illustrant que la logique derrière ces suppressions ne repose ni sur l’efficacité ni sur la rigueur budgétaire, mais bien sur une vision du monde où l’humanitaire et les droits universels sont perçus comme accessoires, voire indésirables, dans l’agenda politique.

Ainsi, ce démantèlement n’est pas un simple ajustement administratif : il constitue une remise en cause radicale des principes mêmes de l’aide internationale, révélant un projet idéologique visant à restreindre l’engagement moral et politique des États-Unis sur la scène humanitaire mondiale, au détriment des populations les plus vulnérables.

Neuf mois après le décret Trump, le démantèlement de l’USAID frappe durement le secteur humanitaire