Ridicule, puis pathétique et bientôt dangereux

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 septembre 2025 à 02:14

Dans le théâtre tragique de l’Est congolais, où les populations civiles continuent de payer le tribut de décennies d’instabilité, Kinshasa s’est livrée à une manœuvre aussi maladroite que grossière : plaider devant les instances internationales pour la reconnaissance d’un prétendu « génocost » imputable au Rwanda et à ses alliés supposés.

Cette rhétorique, brandie avec solennité mais sans assise factuelle, a été sèchement qualifiée de « stupide » par le ministre rwandais des Affaires étrangères, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, tant elle procède d’une falsification évidente des réalités.

Comment parler de génocide lorsqu’aucune communauté n’est désignée comme cible d’une entreprise systématique d’extermination, lorsqu’aucun élément ne vient corroborer l’existence d’un projet criminel d’anéantissement ?

A Genève, la question posée par Kigali résonne avec une évidence implacable : « Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsies ? Toutes ? » Interroger le vide conceptuel et juridique d’une telle accusation suffit à mettre en lumière son inanité.

Cette stratégie n’est pas neuve. Elle s’inscrit dans un long continuum de renversement accusatoire par lequel les autorités congolaises cherchent à dissimuler leurs propres responsabilités, tout en détournant l’attention internationale des exactions commises sur leur sol.

Depuis l’effondrement de l’État zaïrois, la RDC est devenue le sanctuaire des FDLR, composées en grande partie de responsables du génocide contre les Tutsi de 1994. Loin d’assumer le fardeau de cette présence toxique, Kinshasa s’est à maintes reprises servie de ces milices hutu comme supplétifs dans ses guerres internes, instrumentalisant le chaos plutôt que d’y mettre fin.

Or, la mémoire du génocide de 1994, qui vit l’extermination de plus d’un million de Tutsi, ne saurait être diluée ni pervertie par des accusations fantaisistes. En cherchant à plaquer ce terme sur des violences certes atroces mais multilatérales, les enquêtes onusiennes ayant établi la commission de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité « par les FDLR » Kinshasa franchit une ligne rouge : celle de la banalisation et de la dénaturation du crime absolu.

Les affrontements récents, qui ont causé des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de civils, ne procèdent pas d’une logique génocidaire, mais d’une guerre régionale complexe où l’armée congolaise, ses supplétifs locaux, et l’AFC/ M23 s’affrontent sans merci.

En somme, la campagne diplomatique engagée par Kinshasa, d’abord risible, ensuite pathétique, devient aujourd’hui dangereuse.

Risible, car elle s’attaque à l’intelligence même du droit international en dénaturant le concept de génocide ; pathétique, car elle trahit l’impuissance d’un État incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens autrement qu’en accusant ses voisins ; dangereuse enfin, car en manipulant les mots, elle alimente la haine et accroît le risque d’une spirale meurtrière dans laquelle les victimes réelles, populations civiles congolaises risquent d’être une fois de plus sacrifiées.

Dans l’Est congolais, Kinshasa a tenté de faire reconnaître un prétendu « génocide » imputable au Rwanda, une manœuvre qualifiée de « stupide » par le ministre Olivier Nduhungirehe

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