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Pourquoi l’armée rwandaise joue un rôle crucial en Afrique de l’Ouest

Redigé par Par Sanny Ntayombya
Le 19 avril 2023 à 07:26

Lors de sa visite d’État au Bénin, le président Kagame a signé neuf accords bilatéraux avec son homologue béninois, le président Patrice Talon, allant de l’agriculture au numérique en passant par le développement durable et la coopération militaire.

Interrogé sur les raisons de cette coopération militaire par un journaliste béninois, le président Kagame a parlé non seulement de la menace terroriste à laquelle le Bénin et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest sont confrontés, mais il a également fait allusion à la responsabilité que les pays africains ont les uns envers les autres.

Comme il l’a fait remarquer, les RDF (Rwanda Defense Forces) sont déjà présentes en République centrafricaine, au Mozambique et au Sud-Soudan, où elles s’efforcent de contribuer à la stabilisation de ces pays.

En discutant de ces accords, le Président a posé une question pertinente qui, à mon sens , mérite d’être examinée : « Pourquoi nos concitoyens - nos femmes et nos hommes courageux - choisissent-ils de s’engager dans des missions si loin de chez eux, au péril de leur vie et de leur intégrité physique ? »

Pour répondre à cette question, je pense que nous devons revenir sur un certain nombre de concepts : la nature du terrorisme, le panafricanisme (et l’idée que les pays africains sont sur le même bateau et que leurs destins sont liés), la théorie des dominos développée pendant la guerre froide (et son équivalent moderne), l’émergence du multipolarisme (et ses effets sur l’Afrique) et la manière dont tous ces éléments sont liés à la "sécurité collective et nationale".

Commençons par la nature du terrorisme en Afrique.

Que ce soit au Mozambique, au Sahel, au nord du Nigeria ou à l’est de la RDC, le terrorisme se développe petit à petit, comme un cancer, et finit par atteindre le corps tout entier. Il est impossible de l’isoler dans une région, en protégeant le reste du pays de ses effets, car sa nature même est expansionniste. C’est ce que nous avons vu au Mozambique, à Cabo Delgado, avec les al-Shabaab affiliés à ISIS. Et je suis presque certain que c’est ce que le président Talon craint de voir se produire dans son pays.

Le Comme une tumeur, le terrorisme,ne peut être contenu. Il doit être attaqué de front. La question qui se pose alors est la suivante : avez-vous la capacité de le faire ? Comme l’a dit le président Kagame, "nous avons mis en place des capacités décentes, mais pas excessives, pour faire face à certains problèmes, en particulier lorsque nous coopérons avec d’autres pays".

Sa réponse m’amène à parler du "panafricanisme". Le fait est que de nombreux États africains ont des difficultés à atteindre leur plein potentiel en raison des défis inhérents à leurs situations, telles que l’enclavement, leurs populations, le manque de professionnels qualifiés ou de ressources naturelles ou encore la faiblesse de leurs armées, etc.

Mais , en tant que continent, nous pouvons trouver des solutions communes à ces problèmes structurels, à condition de travailler ensemble. Nous devons devenir les " protecteurs de nos frères ". Comme l’a dit le président Kagame, "il n’est pas indispensable que les compétences dont vous avez besoin viennent de l’extérieur du continent, vous pouvez les trouver en Afrique, dans les pays amis, voisins et à travers tout le continent".

Pendant la guerre froide, les Américains ont élaboré la "théorie des dominos", qui supposait que "les progrès ou les reculs de la démocratie dans un pays tendent à se propager aux pays voisins ". Même si je pense que la manière dont cette théorie a été appliquée a été problématique (en particulier en Afrique et en Asie), je suis convaincu que l’instabilité et la défaillance des États sont contagieuses.

Par exemple, il existe un lien direct entre la chute de la Libye de Kadhafi et les coups d’État au Mali. Par conséquent, pour que les États africains, en tant que collectivité, aient une chance, ceux qui possèdent certaines capacités devraient soutenir ceux qui n’en possèdent pas.

En fin de compte, si nous ne collaborons pas ensemble, nous continuerons à être le terrain de jeu des superpuissances d’aujourd’hui (les États-Unis, la Chine et la Russie), mais aussi des acteurs de demain (le Brésil, l’Iran, le Qatar). En revanche, si nous coopérons sur le plan stratégique, l’Afrique a la possibilité de s’approprier son "pôle" dans un monde multipolaire.

Revenons-en au RDF. S’adressant à ses troupes rebelles en kiswahili pendant la guerre de libération (1990-94), le Président Kagame, alors chef rebelle, a appelé l’armée patriotique rwandaise "Msingi wa chama" (le fondement du parti du Front patriotique rwandais). Aujourd’hui, cette force de combat (aujourd’hui appelée RDF) est toujours considérée comme le fondement de tout ce que le Rwanda et les Rwandais ont construit au cours des 29 dernières années.

Mais avant que le tourisme, les affaires, l’exploitation minière et la transformation structurelle de nos économies puissent avoir lieu, il y a une une condition sine qua none : la sécurité . Cela est vrai au niveau national, régional ou continental.

En résumé, nos troupes s’engagent sur des théâtres étrangers et risquent leur vie parce que ces pays ne nous sont pas aussi "étrangers" que nous aimerions le croire. Il est dans notre intérêt, en tant que nation, de jouer notre rôle dans la stabilisation des régions troublées de notre continent. Nous ne pouvons pas nous contenter d’observer la maison de nos voisins prendre feu et penser que nous resterons sains et saufs chez nous. Nous avons la responsabilité de partager notre équipement de lutte contre les incendies. Au risque que notre maison ne prenne feu à son tour.


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