Un petit pays, au territoire modeste, mais à l’impact grandissant. Un pays qui fascine autant qu’il dérange, parce qu’il réussit là où d’autres échouent.

Récemment, alors que je quittais un rendez-vous tardif à Kigali, il était 23h30. Une scène m’a frappée : une jeune femme blanche marchait seule dans les rues, en toute tranquillité. Je n’ai pu m’empêcher de dire à mon chau eur : "Ça, c’est seulement au Rwanda qu’on le voit."

Essayez de faire la même chose à Paris ou à Bruxelles...

Rwanda, Une réussite silencieuse, une menace symbolique ?

Le Rwanda, à force de stabilité, de discipline et de vision, est devenu le contre-exemple qui met mal à l’aise. Il ne s’impose pas par la force, mais par les faits : des rues sûres, des institutions fonctionnelles, une population fière.

Mais à quel prix ?

Le prix d’un profond travail collectif, tant sur les infrastructures que sur les mentalités. Pendant ce temps, la RDC – géant aux pieds d’argile – dépense 4 milliards de dollars dans une guerre qu’elle ne gagne pas. Plutôt que de s’interroger sur ses propres failles, elle désigne un coupable pratique : le Rwanda.

Et que dire de la Belgique, ancienne puissance coloniale, qui semble étrangement à l’aise dans ce chaos organisé ? Qu’elle cautionne cette spirale, au lieu d’encourager un chemin de paix et de développement, n’est pas une surprise. Les intérêts priment sur les principes.

Pas étonnant, alors, que Kigali ait choisi de prendre ses distances avec ce partenaire au passé trouble – un passé dont les relents nous ont menés jusqu’au génocide des Tutsi.

Congo, Une nation géante, mais endormie

Congolais, frères, sœurs : à quand le réveil ?

Le M23, que l’on diabolise à l’extrême, ne réclame qu’un lopin de terre hérité de ses ancêtres. Pendant ce temps, le Congo reste vaste, 80 fois la Belgique, 6 fois la France. Pourquoi tant de haine, tant d’aveuglement ? Pourquoi oublier l’histoire ? Pensez-vous sincèrement que la Belgique a changé ? Croyez-vous que ceux qui ont bâti leur empire sur la division et le pillage ont soudainement développé un amour désintéressé pour vous ?

Le Congo stable ne fait pas peur au Rwanda. Il ne fait pas peur à ses neuf voisins. Il fait peur aux puissances occidentales, car un Congo debout, uni, souverain, serait le cœur battant d’une Afrique nouvelle.

Et si copier le Rwanda n’était pas une honte, mais un sursaut de lucidité ?

Il n’est pas interdit de s’inspirer. De copier même. Le Rwanda, à sa manière, a montré la voie : celle de la résilience, de la rigueur, et de la dignité retrouvée.

Mon souhait, et celui de nombreux Africains, est de voir le Congo se réconcilier avec lui- même, se relever, et enfin quitter cette zone de turbulences qui n’a que trop duré.

Dieudonné Nsabimana, auteur de l'article